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 C'est pas du tourisme [Willie]

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Mona Goðrúnarson


Mona Goðrúnarson

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MessageSujet: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeMer 1 Mar - 22:58

Reykjavik, 6 avril 2017, 16h 43 heure locale.
Elle pianotait fébrilement sur son clavier. Elle était assez contente d’elle. Le travail avait bien avancé ces derniers jours et la compagnie gérait parfaitement les affaires en cours grâce à son travail préliminaire d’investigation. Ce matin elle n’avait pas eu de message, ni de convocation de la part de Ceyda Pehlivan, employeur qu’elle pouvait considérer comme un mécène. Son tuteur social lui avait dégoté un job inespéré dans sa boîte à sa majorité et les conditions de travail de la jeune femme ne pouvaient pas être meilleures. Eu égard à son inadaptation sociale décrite par les rapports des psychiatres de tout poil, elle n’était pas obligée de se présenter au bureau si elle n’avait pas de tâche spécifique à y accomplir, tâche spécifique comme répondre à une convocation de son patron pour un job particulier, justifier de notes de frais auprès de la comptable ou participer à des réunions de planification des actions, réunions pendant lesquelles elle n’ouvrait jamais la bouche. Elle passait donc volontiers sur le placard qui lui faisait office de bureau d’autant qu’elle travaillait souvent à domicile où son matériel restait terré, en tout cas celui dont le boss préférait sans doute ignorer l’existence. Le centre de son attirail était son Mc BookPro bourré de logiciels maisons en particulier en ce qui concernait la sécurité de ses propres données et de son activité connectée. De même la Capace league lui fournissait assez de serveurs pour égarer les recherches ou son traçage. Mais sa plus grande arme restait sa discrétion. Pas question d’ouvrir des portes sans les refermer derrière elle et sans vérifier qu’elle n’avait laissé de petites miettes sur son passage. Sa minutie maladive lui avait permis jusque-là de rester complètement anonyme.

Pour l’heure donc elle travaillait à ses propres recherches. Victime d’expériences inconcevables, elle s’était mise en tête de résoudre l’énigme de son transfert vers une petite ile il avait presqu’un mois de cela. Elle avait suffisamment pesté contre tous les contretemps qui l’avaient empêchée de se pencher plus sérieusement sur le problème. Il était temps de prendre le taureau par les cordes. C’était devenu, avec le dossier Haarde qui piétinait depuis des années maintenant, son dossier prioritaire. Le dossier Haarde gardait le haut de la pile et elle tentait de donner une autre envergure à ses recherches. La voie directe n’avait rien donné alors elle se préparait à tenter une voie par la bande. Le fer à souder et les montages électroniques qui attendaient patiemment d’être terminés pouvaient en attester à ceux qui entraient chez elle. C’est pourquoi personne ces derniers temps ne pénétrait son petit nid que personne ne qualifierait de douillet. De plus, tout ce qui avait trait à ses activités borderline était rempaqueté à la fin de chaque séance et reprenait leur place dans de petites caisses en plastique fermées.

Elle avait essayé de faire le tri entre les sites d’obédience ésotériques et les sites de nature plus scientifique. Elle devait bien l’avouer, du point de vue de la science, le sujet n’en était encore qu’à ses balbutiements et reléguait la possibilité de transférer quasi instantanément des personnes d’un point à un autre aux seules croyances. Elle ne pouvait que soutenir cette position et pourtant. Outre son instruction personnelles sur cet aléa de physique quantique, elle piétinait devait bien se résoudre à consulter le fatras de sites paranoïaques qui proclamaient que jamais les américains n’étaient allés sur la lune, mais que par contre ils avaient eux-mêmes mené l’attaque de Pearl Harbor pour justifier l’entrée en guerre contre les japonais. Grande adepte du rationnel, elle ne pouvait s’empêcher de soupirer et de se demander pourquoi elle en était arrivée à tomber si bas.

En fait il n’y avait que son apparence qui ne suivait pas la méticulosité de Mona. Oh ! On ne pouvait pas la prendre en défaut d’hygiène ! Mais en revanche l’élégance n’était pas sa première qualité. Jean’s usés, c’est comme cela qui sont les plus confortables, et plus que souvent en accordéon autour des jambes. Marinière déformée par les lavages intempestifs et rangers à moitiés lacés qui trainaient pour l’heure dans l’entrée. Le tout surmonté de ses longs cheveux roux démêlés grossièrement tous les matins et qu’elle laissait lâches sur les épaules et le dos ou entortillait au sommet du crâne avec le premier objet qui lui tombait sous la main. Chez elle, se mettait à l’aise pieds nus voire complètement nue, mais les choses avaient un peu changé depuis une quinzaine de jours. Elle avait appris et s’était fait confirmer que sa petite mésaventure pourrait ne pas être un événement isolé et que la foudre pouvait tomber deux fois au même endroit, c’est dire sur elle. Elle avait donc composé un kit de survie pour parer au plus pressé en cas d’urgence. Cela lui avait pris un peu de temps car elle ne voulait pas non plus passer ses jours et ses nuits avec un sac de quinze kilos sur le dos. Elle avait donc fait des choix. Son téléphone dernière génération glissé dans un étui à son bras car joindre les régions civilisées pouvaient être utile, un Leatherman et un briquet dans une poche arrière de son pantalon, pour le feu et ce qui va avec, une couverture de survie repliée une nouvelle fois sur elle-même et maintenue ainsi par un ruban adhésif pour prendre moins de place dans l’autre poche arrière de son jean.  Ceci pour parer à toute éventualité lorsqu’elle était chez elle. Seule ombre au tableau et pas des moindres les chaussures. Elle s’était consolée en se disant qu’une couverture de survie pouvait avoir bien des usages. Elle ne parvenait pas à se résoudre à passer ses nuits avec ses rangers aux pieds ce qui vous l’avouerez est assez compréhensible. De même,  elle avait envisagé de fourrer tout cet attirail dans une petite ceinture porte-outil, qu’elle mettrait dès qu’elle rentrerait chez elle, mais elle n’avait pu supporter bien longtemps cet accoutrement et la ceinture gisait maintenant au fond de son placard à petit matériel. Elle avait doublé  cet équipement dans le petit sac à dos qui l’accompagnait constamment lorsqu’elle sortait de chez elle, avec en plus, une bouteille d’eau un flacon de désinfectant deux compresses, un rouleau de powertape écrasé pour prendre moins de place et deux barres de céréales. Elle n’avait pas résolu le problème du sommeil car dormir sur des objets somme toute dur était trop inconfortable et elle s’était après quelque nuits de mauvais sommeil, persuadée que cela n’arriverait pas durant son sommeil, ce qui était complètement irrationnel dans la mesure où elle n’avait pas encore élucidé le comment et le pourquoi le phénomène se produisait.

Il était temps de s’occuper de M Haarde. Cela faisait trop longtemps qu’il jouissait d’une impunité insupportable pour le jeune femme. Tous les jeudis, elle se rendait à la maison de repos pour aller voir Galadriel qui se fanait lentement, le cerveau irrémédiablement abimé par les sévices que l’homme d’affaire lui avait imposé malgré les protestations de la fillette. Elle jeta donc son sac à dos sur l’épaule avant de refermer soigneusement sa porte pour prendre le bus qui la mènerait sur les hauteurs de la ville où sa mère était hospitalisée. La tempe appuyée contre la fraîcheur de la vitre, elle regardait sans le voir le paysage urbain défiler derrière les zébrures des flocons de neige. Comme une gravure sur un métal brossé. Elle se leva à l’approche de son arrêt et appuya sur le bouton rouge pour alerter le chauffeur sur sa descente. Le bus ralentit et les portes s’écartèrent dans un soupir de dragon. Elle descendit les deux degrés du marchepied et roula dans la pente.

Sans pouvoir réagir elle se sentit basculer dans une moiteur émeraude et rouler dans une végétation luxuriante. Sa tête tournait et elle sentait ses membres vouloir se séparer de son corps comme fatigués de suivre la même trajectoire que lui. Un obstacle barra le chemin à sa cage thoracique et lui vida les poumons en même temps qu’un éclair rouge finissait de lui obscurcir la vue puis tout s’arrêta.

Et puis lentement elle ramena tous les morceaux à elle en grimaçant. Qu’est-ce que ça allait être cette fois. Le dos enfin  appuyé contre le tronc qui avait stoppé ses roulé-boulé, elle écarta tant bien que mal ses cheveux pour constater qu’elle se trouvait dans une forêt plus que dense. Elle eut envie de croire que c’était un cauchemar que le hasard ne voulait pas le choisir deux fois pur ça, mais quelque chose au fond d’elle-même savait qu’elle ne se trouvait pas dans les serres tropicales affectionnées des Islandais et chauffées à la géothermie. Ses yeux émergèrent des broussailles fauves de ses cheveux emmêlés pour tomber sur un énorme coléoptère casqué qui montait sur sa cuisse. Sans réfléchir elle lui asséna une gifle qui fit voler l’insecte jusque dans les hautes fougères qui disputaient aux lianes, la chiche lumière que la canopée voulait bien laisser passer. D’un bond, elle fut sur ses pieds, tremblante. Elle était capable de se mesurer à n’importe qui sans faiblir, mais la bestiole avait eu raison de ses nerfs en une fraction de seconde. Elle s’épousseta de ses deux mains de la tête aux pieds comme pour faire tomber toutes créatures qui pouvaient avoir eu envie de l’escalader elles aussi. Elle respira à fond l’air chargé d’humidité pour se redonner contenance. La lumière verdâtre maintenait le sous-bois dans une demi-pénombre. Son cerveau essayait tant bien que mal de trier quelques priorités et elle se mit à se parler à elle-même pour se rassurer er se donner courage.

« Tu le savais et tu es prêtes donc tout va bien… Maman va t’attendre un peu et…
… et tu vas prévenir que tu auras un léger contre temps…  C’est ça, prévenir, on va prévenir et voilà… »


Elle se saisit de son smartphone, la peur au ventre de constater qu’il se soit cassé durant sa chute. Mais non, l’écran s’illumina et elle put taper son code et constata qu’elle n’avait pas le moindre réseau. Elle se rappuya contre l’arbre qu’elle n’avait toujours pas quitté, les bras ballants le téléphone inutile au bout des doigts. Elle fut saisie de vertige. A quoi bon se préparer si tout ce qu’on met en œuvre est réduit à l’échec ? Un sentiment d’injustice la saisit, incapable de planifier la moindre action supplémentaire, la tête vide. Combien de temps resta-t-elle comme cela, elle aurait été bien incapable de le dire. Un cri guttural qu’elle ne put identifier la fit sursauter.

« Qu’est-ce…
Je ne vais pas rester plantée là… Mais là… C’est où ? »


Elle fit glisser fébrilement les écrans du téléphone pour arriver au GPS.

« Tu vas au moins me dire où je suis… »

Une petite roue  grise s’anima pendant quelques secondes jusqu’à la faire douter d’avoir une réponse mais les coordonnées s’affichèrent enfin : 16°15'49.2"S 67°47'27.8"W. Elle se passa la main sur le visage pour chasser la détresse qui la saisissait aussi sûrement qu’un serpent constrictor étouffe sa proie.

« Amérique du sud ! Bolivie !...
11h heure locale !...»


Une carte du pays s’affichait goguenarde. Incrédule la première fois elle avait réagi de façon assez rationnelle, mais la répétition de l’effet Davis semblait lui ôter ses capacités de réactions.

« Fais quelque chose !... Bouge donc ! »

Elle finit enfin par pivoter sur elle-même  mais ne trouva rien qui pût lui servir de repère hormis la qui l’attirait ver le bas.

« Si je descends je trouverai un cour d’eau et les cours d’eau vont quelque part… »

Elle mit un premier pied devant puis un deuxième. Le pourcentage de la pente était vertigineux. Elle s’assit pour serrer et nouer ses lacets. Petit à petit ses fonctions motrices reprirent le dessus et elle progressa tant bien que mal dans la jungle qui sembla soudain moins dense qu’elle ne l’avait cru. Au bout de quelques minutes cependant, elle était en nage et ôta son bomber qu’elle fit passer tant bien que mal dans le rabat de son sac. Elle trébucha s’étala dans la pente et se relava comme relevée par un ressort à la pensée que d’autres bestioles hantaient  la végétation et l’humus tiède. So genou saignait l’hums n’était décidément uniformément réparti.

« Pas étonnant avec une telle pente. Pas de chemin ici !... Personne ! »

Elle s’arrêta net et zooma sur la carte et la position que lui indiquait les 5.5’’ de son écran maintenant maculé de terre. Elle tenta de l’essuyer sas grand succès y ajoutant du sang de sa jambe, mais trouva ce qu’elle cherchait. Un sourire vainqueur illumina son visage.

« Une route. J’ai trouvé une route ! Là juste en bas. »

C’était la première bonne nouvelle depuis qu’elle était descendue du bus et elle en conçut une nouvelle vigueur. Elle piétina durant encore deux heures, mais elle finit par apercevoir un changement de lumière devant elle puis une trouée dans la végétation  en contre bas. Elle se crut tirée d’affaire, mais la pente semblait vouloir faire obstacle à sa victoire et elle dut chercher un passage moins abrupt. Elle était obligée de se cramponner à la végétation et des coupures laceraient ses paumes et ses doigts. Mais enfin elle parvint à la route. Après ce qu’elle venait d’endurer une sente lui aurait semblé une autoroute. Cette trace coupait la montagne et ne mesurait pas plus de trois mètres de large et beaucoup moins la plupart du temps. Elle serpentait au-dessus d’un précipice et réalisa combien elle avait eu de la chance de pouvoir y parvenir par le haut sans chuter dans un ravin. Maintenant qu’elle pouvait voir le ciel, elle réalisait qu’elle était bel et bien dans la Cordillère des Andes.

« Comme si tu ne le savais pas ! Idiote ! »

Elle sentit soudain tout son corps de rappeler à son bon souvenir. Son côté droit était douloureux son genou chauffait et ses mains saignaient pas trop abondamment heureusement, mais elles lui cuisaient… Elle s’assit sur le bord côté vide, laissant pendre ses jambes contre la paroi. Elle consulta son écran salvateur mais elle ne parvint pas à y trouver trace de civilisation sur la route. Elle se sentait épuisée et incapable de décider dans quelle direction la suivre. Elle sortit lentement une barre de céréale.

« Ne la mange pas en entier !... »

Elle en avala une bouchée et sortie le demi-litre d’eau.

« Économise-la !... »

Elle en but deux gorgées et la referma.


Dernière édition par Mona Goðrúnarson le Jeu 27 Juil - 13:32, édité 1 fois
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Willie Simon


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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeDim 25 Juin - 1:17

Le calme plat s’est fait, dans l’appartement, alors que Willie ouvre péniblement les yeux. L’obscurité apparente n’est percée, ici et là, que par de minuscules rayons de soleils, qui se percent sournoisement dans les minuscules interstices que ne parviennent pas à bloquer les épais rideaux tirés aux fenêtres. Quelque part dans un coin, la veilleuse d’une télévision clignote, et jette ses couleurs rouges sur une autre silhouette endormie.
Willie a du mal à compter les convives, éparpillés dans la pénombre comme les corps d’un massacre particulièrement sanglant, et alors qu’il se redresse, il doit jouer de toute sa maigre concentration pour ne pas leur marcher dessus. Tous endormis du sommeil des fêtards, celui qui vous cueille et vous transforme en sac de ciment, que vous vous endormiez sur un tapis, contre un mur, ou sur une table basse remplie de verres en plastique vides, le reste des invités semble s’être organisé pour lui pourrir la vie. Ils se sont effondrés stratégiquement, entre le pouf du salon, sur lequel Willie avait échoué, et les providentielles toilettes, qu’il cherchait à atteindre pour soulager sa vessie.

« Féchier… »

Sa nuque lui fait un mal de chien, ainsi que ses reins. Alors qu’il slalome entre les corps, plus ou moins habilement – par chance la plupart sont trop anesthésiés par l’alcool pour réagir à son passage – il réalise que la soirée a eu raison de sa veste, de son sous pull, et de ses chaussures. Seul lui restent son caleçon, son binder et son jean, bien que ce dernier, à l’odeur, a du connaître un petit accident de tequila. A y regarder de plus près, d’ailleurs, il lui semble également que quelqu’un a écarté la bretelle de son haut – vu le peu qu’il y avait à écraser, le binder qu’il portait sur lui plus une allure de débardeur noir un peu moulant que d’un véritable vêtement de compression – pour écrire un numéro de téléphone au sharpie violet le long de sa clavicule. Il soupire profondément.

Qu’on se le dise : c’est la dernière fois qu’il se laisse jouer les boy toys dans un enterrement de vie de jeune fille. Peu importe que l’appartement ait l’air confortable, et que l’alcool soit gratuit. Même le petit coup de boost à sa virilité ne valait pas la gueule de bois qu’il était en train de se préparer pour le lendemain matin. Il ne l’avait pas aperçu, dans sa traversée, mais il ne se fait aucun doute sur le fait que Tim serait probablement de son avis. La dernière fois qu’il l’avait aperçu, un trio de blondes se servaient de son ventre pour faire des body shots.

Pour couronner le tout, et alors qu’il parvient enfin au bout du couloir, le jeune Innu réalise avec un grognement de désespoir que les toilettes son fermées de l’intérieur. Il toque à la porte, plusieurs fois, mais n’obtient pour toute réponse, alors qu’il colle son oreille au bois, qu’un ronflement particulièrement sonore.

Tout ça était particulièrement splendide.

Avisant, sur sa droite, la porte du balcon, Willie sent germer, dans son esprit, une idée comme seuls les gens perdus quelque part entre le sommeil et l’ébriété peuvent se permettre d’avoir. Un sourire satisfait au bord des lèvres, il pousse la porte vitrée, prêt à pisser sans vergogne par-dessus la rambarde du septième étage. Il avait vraiment peu de chance de faire du mal à qui que ce soit, pas vrai ? L'immeuble était aimablement dépourvu de vis-à-vis, et personne ne semblait décidé à arroser ses bégonias au balcon aussi tard dans la matinée.

Les bégonias, eux, n’auraient personne à qui se plaindre.

Gratifiant le soleil indigné d’un bâillement particulièrement désinvolte, Willie s’occupe à défaire la fermeture éclair de son jean, et vérifie que tout est bien rester en place à l’intérieur. Perdre ses chaussures était une chose, mais perdre son packer, ça, c’était tout de même un autre problème. C’est que ça coûtait cher, ces choses-là. C’était un peu plus sophistiqué qu’un pisse-debout, et ça n’était pas facile à dénicher, à moins de les commander sur le net. En plus, celui-là, Willie y était tout particulièrement attaché.

Il l’avait appelé Steve.

Un sourire idiot au bord des lèvres, Willie empoigne donc Steve, et se penchant contre les barreaux de la rambarde, tente de repérer un pot de bégonias à viser. Son équilibre n’est pas le plus grandiose, mais en s’appuyant contre la rembarde, en avant, il parvient à stabiliser à peu près ses actions. Ce qui est, disons-le, une très bonne nouvelle.

Se pisser sur les chaussures, quand on n’a pas de chaussures, ça n’a rien de plaisant.


« Mmmmh-hmmm… »

Il ferme les yeux, un court instant, cherchant dans sa poche de jean quoi essuyer le matériel, quand un vertige violent vient le saisir au ventre. Il titube, déséquilibré, et devant lui c’est comme si la rambarde venait de disparaître, le laissant appuyé contre du vide. Comme électrocuté par la soudaine et très irrationnelle panique d’être sur le point de faire une chute potentielle de sept étages, le jeune Innu rouvre brusquement ses paupières, et alors que la vue lui revient comme un torrent d’eau glacé en pleine figure, l’air lui manque.

Parce que devant lui, non seulement la rambarde a bel et bien disparu, mais les quelques étages du building et les rues de Boston en contrebas se sont métamorphosée en immense un plongeon végétal plongeant des centaines de mètres plus bas sur une vallée si profonde qu’on peinerait à la distinguer sous la masse dense de la végétation.

Un vertige violent le terrasse aussitôt, et l’intérieur de ses genoux se change en compote. Il tremble, de tout son long, tétanisé par la panique, et alors que ses jambes et son équilibre se dérobent sous lui, une étincelle d’adrénaline le jette à moitié en arrière, les bras pris de battements frénétiques. Ses pieds dérapent dans les gravats, soulevant d’immenses nuages de poussière, et ses mains ne trouvent derrière lui que de la caillasse et un semblant de bitume très abîmé sur lesquels s’écorcher dans leur quête de prise solide. Il se débat, contre l’étreinte déterminée du vide, comme un oisillon fuyant la gueule béante d’un chat, en battant de ses ailes blessées, et après une interminable minute de bataille à retenir son souffle, il finit par s’arracher à la gravité, et échoue sur le bord de la route.

« Oh shit… »

Sa voix n’est qu’un couinement. Recroquevillé sur lui-même, et tremblant comme une feuille, il lui faut un long moment avant daigner se remettre en mouvement, et même là chaque geste lui coûte si cher en énergie et en détermination, qu’il a l’impression de devoir crier à chacun de ses membres les instructions à exécuter.

Les bras, poussez ! Les jambes, arrêtes de trembloter ! Les yeux, regardez ! Séchez-moi ces larmes de panique ! Allez !

Mêmes ses poumons semblent dissidents. Alors que son regard retourne plonger dans l’absurde paysage, et son relief de montagnes avalées par la jungle, sorti d’il ne sait quel documentaire de National Geographics, sa poitrine se soulève en hoquets hasardeux, tantôt incapable de filtrer le moindre filet d’air, tantôt s’emballant dans une course poursuite à la limite de l’hyperventilation.

« Shit, shit, shiiit… Ha… »

Après plusieurs tentatives infructueuses, qui le renvoient les genoux en avant sur son petit tapis de bitume défoncé, et la fine pellicule de terre humide qui le recouvre, Willie finit par réussir à se remettre sur ses pieds. De ses mains sales et tremblantes, il fait un rapide état des lieux, constatant quelques écorchures, sur ses mains et ses chevilles, la disparition dramatique de Steve, dont il espère, dans un coin de son esprit, qu’il n’est pas tombé dans la bouche béante de la jungle en contrebas, et l’état plutôt déplorable de son jean.

Compte tenu de la situation, et si on occulte le – très absurdement difficile à occulter – changement de décor, les choses…

…pourraient…

…être pire… ?

Genre… Il pourrait être… tombé et mort. Ouais. Ha. Ça c’est… c’est déjà ça de pris. Pas vrai ?

Pas vrai… ?!


Willie déglutit bruyamment, les tempes vrombissant de pensées parasites, de panique et du reste de l’alcool qui, malgré toute l’adrénaline qui fourmille à l’intérieur de ses veines, se refuse à le quitter complètement. Sa tête lui semble au bord de l’implosion, et il la secoue doucement, levant une main pour la passer, tremblante, sur son front et ramener ses cheveux vers l’arrière.

Mais dans quel bordel, quel putain de bad trip de drogue de merde il avait bien pu aller se coller pour avoir… un trou noir pareil ? Une hallu aussi démente et réaliste ? Qu’est-ce que…

Est-ce qu’on l’avait enlevé pour prélever ses organes et abandonné dans la pampa… mexicaine ? Colombienne ?


Il erre, la tête pleine de problématiques toutes aussi absurdes qu’insolubles, pieds nus sur la route dégueulasse, et la tête comme une énorme cloche martelée par un carillonneur dément. Ça carillonne si fort, sous sa grosse caboche embrumée, qu’il manque presque d’entendre les bruits de klaxons que hurle un petit fourgon sale alors qu’il déboule à toute vitesse sur le sentier.
Lorsque le jeune Innu sursaute, dans un cri étranglé, avant de se précipiter sur le côté montagne de la route, c’est presque trop tard. Willie a juste le temps de se faire éblouir par un appel de phare épouvanté avant de s’écraser dans la boue. Il roule, emporté par son élan, avant d'échouer contre la paroi pleine de mousse, et c’est probablement ce qui lui sauve la vie. Ses vertèbres gémissent, sous le choc, ses coudes et son épaule hurlent au scandale, râclés sur le sol dans la misérable tentative de roulade héroïque, mais la camionnette continue son chemin, passant seulement à une cinquantaine de centimètre de sa carcasse.

« FUCKING SHIT ! »

Les larmes sont belles et bien dans ses yeux, à présent, alors qu’il se redresse, les bras enroulés autour de lui. Un genre de cascade, ou d’écoulement naturel d'eaux de pluies, lèche la pierre tout autour de lui, et ruisselle dans ses sillons avant de se rassembler en immense flaques sur le bord de la route. Si les vêtements du pauvre garçon étaient humides jusque-là, ils sont à présent irrémédiablement trempés. Leur propriétaire, lui, semble tenir sur le fil d'un rasoir entre la crise de nerf et la crise de larmes, respirant chaotiquement contre son petit refuge de pierre mouillée. Laissant aller l’arrière de sa tête contre une petite plaque de mousse, il resserre la prise de ses mains autour de ses épaules, remplit ses poumons d’air, et dans une tentative hasardeuse de laisser sortir toute l’émotion qui est en train de s’accumuler en lui, il se met à hurler à plein poumons.

« FUCK ! What the fuck ! » Les vannes ont été ouvertes, et à présent plus rien ne peut arrêter le flot d’insanités vaguement libératrices qui se déversent de ses poumons. Ses lèvres sont pleines de terres, et il crache à moitié, alors qu’il se presse contre la paroi, le jean à présent collé à sa peau par un mélange d’eau et de terre charriée. « Ostie de merde de tabarnak de shit fuck ! Ciboire de crisse ! MERDEUH ! »

Assuré qu’aucun autre véhicule ne va venir débouler dans le virage à la suite du précédent, le pauvre garçon consent lentement à se décoller de la paroi, le dos et les jambes trempées. Il patauge, dans une flaque glissante, à moitié aveuglé par ses propres cheveux, qui collent à ses joues et à son front dans un rideau qu’il peine à ordonner. Ses doigts sont pleins de boue, eux aussi, et chaque tentative qu’il fait pour nettoyer sa joue ou ses vêtements ne fait qu’empirer la situation.
S’il remettait la main sur le foutu propriétaire de ce foutu fourgon, il lui éclaterait les dents une par une.

En plus le connard n’avait même pas daigné ralentir, ou s’arrêter, pour venir vérifier qu’il n’avait pas renversé quelqu’un…

« OSTIE D’MAUDIT CHAR DE MERDE ! »


Dernière édition par Willie Simon le Lun 28 Aoû - 16:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeDim 2 Juil - 14:14

Même si les choses n’étaient pas très festives, elles auraient pu être bien pires. La dernière gorgée d’eau qu’elle avait prise après la chiche bouchée poisseuse de céréale avait eu l’effet réconfortant qu’elle connaissait lorsqu’elle faisait une pause lors de ses entraînements au club de sport. Pourtant Mona ne pouvait complètement retrouver le moral car ses mains étaient trop lacérées par le végétation qui lui avait fait payer chèrement son aide lorsqu’elle s’en était servie pour ne pas basculer dans le pente ou dans les vides traites cachés par le forêt. De plus ses oreilles bourdonnaient en même temps qu’un mal de tête lancinant lui donnait l’impression que quelqu’un y avait posé un étau et se délectait à le serrait régulièrement. Maintenant qu’elle était parvenue à un endroit à peu près sécurisé et qu’elle avait fait le tri de tous ces petits bobos, ces céphalées commençaient à la préoccuper. Elle n’avait pas pris de coup sur la tête alors quoi ? C’est en rangeant sa bouteille en plastique dans son sac qu’elle se souvint de son allure bouffie au moment où elle l’avait ouverte et le soupir de soulagement qu’elle avait produit à ce moment, signe d’un rétablissement de pression.

*Le mal d’altitude ! Ca doit être ça*

Elle retourna vers son appli GPS au risque de de-nouveau maculer son écran. Plus de 4600m d’altitude !

*Super ! En même temps ça veut dire que ça va passer si Mona survis assez longtemps.*

Ces dernières pensées parvinrent à la rendre un peu philosophe en ce qui concernait son sort. Elle avait bon espoir en ce qui concernait ses mains et puis bon les coups dans les cotes que la jungle lui avait prodigués n’étaient pas si terribles. Si seulement elle avait pu passer un coup de fil, elle aurait presque pu se sentir en vacances. En effet faire faux bond était quelque chose qu’elle ne parvenait pas à se pardonner que ce soit pour son « cher éduc » ou son patron et encore moins à sa mère même si l’état intellectuel de Galadriel ne lui permettait plus de mettre les événements bout à bout. Elle ne s’imposait de devoir que vis-à-vis de peu de personne mais sa mère restait le centre du monde ancien auquel elle appartenait. Il fallait donc qu’elle trouve un moyen rapide de rentrer en Islande. Elle essayait de tirer parti de sa première expérience durant laquelle les choses étaient rentrées dans l’ordre de façon aussi spontanée qu’elles avaient déraillé. Dans les leçons qu’elle avait retenues figurait survivre jusqu’à ce moment bénit où elle réintègrerait ses pénates et étant donné l’environnement, rien n’était moins sûr. Une route étroite sinueuse à flanc de montagne, bordée des deux côtés de précipices et de forêt vierge. Si pour l’heure la température était somme toute clémente, elle se demandait si à l’altitude que son GPS lui avait révélée, les nuits restaient aussi clémentes malgré la latitude du lieu. En outre elle avait entendu des cris des plus mystérieux de la faune alentour. Il se pouvait que ce soit des singes, mais elle pouvait aussi envisager que des félins croisent dans les alentours, félins pour qui elle serait une proie somme toute facile.

*Si Mona descend elle pourra gagner quelques degrés pendant le nuit et aura plus de chance de trouver de la civilisation*

Il était temps alors de se mettre en route. Elle réajusta son sac sur ses épaules fit jouer ses orteils dans ces chaussures pour vérifier que des corps autres que ses pieds ne s’y trouvaient pas, les ampoules sont si vite arrivées et elle avait donné question ampoules lors de son parachutage sur une île australe lors de sa première expérience de téléportation. Une rafale agita la canopée autour d’elle et elle jeta un œil inquiet aux profondeurs émeraudes qui la cernait toute seule sur le petit ruban ocre. En contrebas, un vol d’oiseau qu’elle ne reconnut pas s’éleva en s’éloignant dans un concert de cris effarouchés.

Elle prit vivement la direction qu’elle supposait être celle de la vallée et se prit à aimer le vent qui grondant dans des oreilles l’empêchait d’entendre le silence émaillé de cris trop inconnus pour être honnêtes. Au bout de quelques hectomètres elle se rendit compte que les bretelles de son sac étaient trop ajustées, lui coupait la circulation sous les aisselles et faisait gonfler ses mains qui n’avaient pas besoin de ça pour la faire souffrir, elle offrit un peu plus de mou aux maudites sangles quitte à sentir le sac lui battre les reins au rythme de ses pas. La route serpentait obstinément et crissait sous les grosses semelles noires. De temps à autre, la rouquine s’approchait pour estimer le précipice qui s’ouvrait sur sa droite. Sa profondeur ne manquait pas d’accélérer son rythme cardiaque déjà à un tempo plus important que d’ordinaire, toujours sans doute dû à l’altitude. Elle se demandait bien qui pouvait bien emprunter cette route hormis des bêtes de somme. Par endroit elle avait du mal à imaginer que des véhicules à moteur puissent trouver assez de largeur pour se frayer un chemin vers les sommets andins. Pourtant à plusieurs reprises, elle fut persuadée d’identifier des traces de pneumatiques. Certains étaient visiblement ceux de deux roues mais d’autres encore étaient bien trop larges en apparence pour ce genre de véhicule et laissaient songeuse la jeune Islandaise… Certaines, pour autant que son manque d’expérience pouvait lui laisser juger paraissaient assez récentes. Elle avait peut-être raté un moyen de transport…

Alors qu’elle poursuivait son chemin, elle tentait d’économiser son souffle et d’oublier la moiteur de l’atmosphère faisait briller sa peau aussi sûrement que deux heures sur le ring. Elle tentait de suivre des yeux les méandres de la route mais très vite elle disparaissait soit derrière un éperon montagneux soit absorbée par la végétation. Il lui semblait bien en devine un segment de l’autre côté du pli géologique qu’elle se plaisait à appeler vallée, mais rien n’était moins sûr. Cela pouvait très bien être vu de sa position un escarpement qui avait empêché la végétation de s’accrocher à une pente encore plus raide que tout autour. La présence de cette route l’avait dans un premier temps rassurée mais petit à petit elle en venait à douter qu’elle mène quelque part et sa progression se faisait de plus en plus hésitante d’autant que si tout semblait abrupt, la pente de cette chaussée de fortune était tellement faible qu’elle commençait à douter qu’elle ne fasse perdre de l’altitude. Les bruits de la forêt autour ne faisait en outre rien pour la rassurer et elle jetait de temps à autre un regard inquiet à cette jungle qui ne devait pas abriter que de sympathiques ouistitis, si tant est que c’était là le domaine de ses petits singe qu’elle imaginait sympa… Et ce foutu mal de tête qui ne passait pas ! Pourquoi n’avait-elle pas pensé à mettre un antalgique quelconque au fond de son sac de secours ?!

Et puis bordel, à quoi servait une route sur laquelle personne ne passait ? Cela faisait maintenant une petite demi-heure qu’elle la foulait sans qu’aucune trace d’activité humaine ne se manifeste. Les traces avaient beau être tenues, elles étaient bien réelles et des gens l’empruntaient bien, non ? En même temps, elle se demandait comment elle entrerait en communication avec des gens du cru étant donné qu’hormis « buenos dias », « gracias » et « adios amigos » elle ne connaissait rien de l’espagnol réputé en outre pour ses variantes sud-américaines.

Soudain elle stoppa sa marche et tendit l’oreille. Elle n’avait pas rêvé ! Elle avait entendu un cri humain ! Elle regarda autour d’elle. Elle était au fond d’un virage convexe très serré qui limitait son champ de vision à une falaise, couronnée par la forêt à au moins quinze mètre au-dessus d’elle. Devant et derrière la route semblait disparaître derrière des avancées rocheuses et du côté du vide la tête des arbres lui masquait le reste du paysage. Un cri guttural sauvage lui fit douter de ce qu’elle avait entendu quelques secondes auparavant. Pourtant, elle était certaine d’avoir entendu une voix humaine. Mais avec le vent, la forêt et bruits inconnus… Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire et ce cri avait eu l’étrange pouvoir de la pétrifier sur place alors qu’elle aurait dû se ruer vers sa source. L’idée lui vint soudain que des endroits reculés come celui-ci pouvaient ne pas être fréquentés que par des gens bienveillants. Toujours son éternelle méfiance pour le genre humain ! Elle ressentait soudain le besoin d’être armée. Elle repensa à la pierre qu’elle avait fourrée dans le manteau de Nathan, pierre qui avait donné une autre tournure à leur relation déjà mal engagée. Elle risquait, si elle tenait compte de cette expérience, évacuer cette idée de faire fi de la petite voix qui lui disait qu’elle n’était qu’une greluche dans un environnement inconnu où elle imaginait que les forces de l’ordre ne quadrillait pas la cordillère tous les jours. Elle n’était pas tombée en Colombie et c’était heureux malgré les accords de ce désarmement des FARCs qui avait fait tant de bruit quelques semaines auparavant mais elle ne se faisait que peu d’illusion sur la présence de trafic de coca et de ses produits dérivés. Elle jeta un œil nouveau sur son environnement essayant de trouver ce qui pouvait lui servir de défense, rudimentaire certes mais qui aurait le mérite de ne pas lui laisser cette impression de vulnérabilité. Inutile de penser aux lambeaux de bitume qui léprosaient et les pierres qui pointait leur tête à travers le sol… Et puis pourquoi pas ? Elle s’appliqua à finir d’en déterrer une facile à lancer et à assener. Elle la soupesa et la fit rouler dans sa paume pour se convaincre que c’était bien ce dont elle avait besoin, au risque de souiller ses coupures palmaires. Pas moyen de la fourrer dans une poche de son jean, restait son Bomber qu’elle avait confié à son sac… Elle se résolut donc à le réenfiler malgré l’atmosphère des lieux. Et puis son regard tomba sur des branches qui émergeaient des profondeurs du précipice. Son essence lui était inconnue, mais elle pouvait en dégager un tronçon d’un mètre soixante environ (à peu près la taille de la jeune femme) et un diamètre de 3cm qui lui promettait une certaine solidité. Alors qu’elle effeuille et ébranche en poursuivant sa route, un nouveau cri lui parvient qui la cloue une nouvelle fois sur place. Elle n’a plus de raison de douter, ce cri articulé est bien d’origine humaine. En toute hâte elle finit son travail tout en pressant le pas dans la direction du son. Dans cette forêt elle se dit que soit la personne possède un bel organe soit il n’est pas bien loin.

Fait est dit, elle aperçoit bientôt une silhouette imprécise là juste dissimulée par un bouquet de fougère dont seule la jungle à le secret. Si cela se trouve il était tellement proche qu’il a pu la voir bien avant cela. Elle se trouve quelques instant stupide, mais finit pas se diriger vers ce qui lui semble à être un homme au prise avec les forces du destin en tout cas les chausses trappe de la route, son bâton comme pour aider sa marche afin de ne pas laisser penser qu’elle a d’emblée de mauvaise intention envers son prochain. A quoi ne faut-il pas penser pour paraître civilisée ! Premier détail qui la frappe hormis l’allure général un peu dépenaillée est que le type est pieds nus et ce détail a l’effet immédiat de la rassurer. Qu’on ne s’y trompe pas, pas celui de la faire se départir de sa méfiance pathologique, mais de ne plus se sentir autant en danger et lui permettre d’entrer en contact avec ce représentant de l’espèce humaine. Elle tenta donc une approche qui évite les surprises et les réactions agressives et une fois face à l’inconnu, osa un « Hola ! » un peu sec. Elle hésita un instant sur la suite à donner à cette entrée en matière puis articula un :

« Are you okay ? »

Mona demandant des nouvelles de son prochain, prochain inconnu qui plus est ! Où vont donc se nicher les réflexes sociaux ! Bon sa question avait été prononcé plus sur le ton d’un : « Qu’est-ce que tu fous là pieds nus sur une route défoncée au milieu de la cordillère bolivienne ? », et sa posture droite les pieds légèrement écartés et son bâton appuyé sur le sol, dans la main droite était plus celle d’un garde suisse que d’un militant de l’armée du salut, mais il faut un début à tout…
Attendant une hypothétique réponse à laquelle elle risquait de ne rien comprendre si ce mec était un autochtone hispanophone, elle essaya de détailler son allure dépenaillée et pas vraiment clean. Quelque chose lui disait qu’il n’était pas là tout à fait de son plein gré.

*Mona est encore tombé dans un traquenard !*
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeVen 7 Juil - 1:28

« Si je… vais bien.. ? »

Il y a un rire qui raccroche aux parois, dans sa gorge, et qui se débat pour sortir alors que celle-ci se referme à moitié sur lui, nouée par la panique. L’ensemble produit un mélange plutôt cacophonique entre un étranglement et le feulement d’un chat, et il finit par tousser pour de bon, se recroquevillant sur lui-même pendant un instant, son poing cognant contre sa poitrine.

« Ha… Ha ha… » La seconde tentative est un peu plus fructueuse, quoique toujours tordue de panique par les nœuds de ses entrailles. Ça sonne faux, et effrayé, et comme si le propriétaire de ce rire très moche allait se mettre à fondre en larme d’un instant à l’autre. Ou exploser de colère. « Est-ce que j’ai l’air d’aller bien ? HEIN ? »

La colère, donc. Le principal souci du jeune Innu étant qu’il n’a pas grand monde vers qui la diriger, cette colère. Le chauffard est loin, à présent, la montagne et cette stupide stupide végétation omniprésente risquent de se révéler des adversaires plutôt décevants, en matière d’engueulades, quand à la seule autre personne présente ici avec lui…

Et bien, il peut tenter le coup, mais tout de même, elle n’y est pas pour grand-chose, à sa situation. Si encore elle était venu de l’autre direction, il aurait pu trouver en lui de quoi s’imaginer qu’elle avait un lien, plus ou moins tiré par les cheveux, avec le fils de pute qui avait failli le renverser, mais là…
Là il se sent un peu tout seul dans son indignation, sous les yeux mornes, presque indifférents à sa détresse, de la jeune rouquine.

« J’ai la gueule de bois, j’sais même pas où j’suis, et y’a un… PUTAIN de van de merde qui a failli me passer dessus ! Alors… »

Enroulant ses bras autour de lui, les doigts crispés et les muscles tendus gonflant sous sa peau boueuse, il fait quelques pas, allant jusqu’au bord de la route, pour revenir au bas-côté, incapable de savoir vers où diriger l’énergie qui était en train de déborder en lui. C’était comme avoir un millier de petites piqûres de moustiques partout, et pas de mains pour se gratter.

Et comme il était pieds nus, il n’était même pas question de shooter dans un caillou pour l’envoyer dans le vide, de l’autre côté de la route.

« A-alors non ! Non j’vais pas bien du tout, merde ! » Le juron lui fait un peu de bien, alors il le répète, comme un enfant qui expérimenterait avec ses propres émotions. « Merde ! »

Mais tout ce qu’il réussit à faire, en criant, c’est faire sursauter sa voisine, et il n’est pas tout à fait certain qu’elle n’est pas sur le point de ramasser son bâton de marche, et de lui fracasser sur le coin du crâne. Levant ses deux mains pour venir les passer dans ses cheveux sales – mon dieu il allait pleurer toutes les larmes de son corps quand serait venu le temps de laver et démêler tout ça – il ferme les yeux, le front plissé de concentration, et la mâchoire serrée comme un étau autour du nouveau chapelet de jurons qui voudrait bien s’extirper d’entre ses dents.

Il fallait à tout prix qu’il se calme…

« Merde… »

Les doigts toujours emmêlés dans ses cheveux, il ose relever un œil vers son interlocutrice, toujours pas tout à fait convaincu de sa tangibilité. Parce que s’il faisait un tableau pour le moins incongru, tout seul, pieds nu et agité comme un chien bouffé par les puces, et complètement perdu sur cette maudite route de la mort, il fallait bien avouer que sa présence à elle, sur cette même route, n’était pas beaucoup plus explicable. La seule différence notable, finalement, mis à part peut-être le taux général d’humidité de sa personne, c’était le fait que  la rouquine, elle, avait la chance d’avoir apporté des chaussures.

Quelque part, au fin fond de son brouillard de panique et de confusion, Willie est un peu jaloux.


« Vous êtes qui… ? » Sa voix est carrément éraillée, maintenant, entre la fête, l’alcool et tout les cris qu’il avait laissé échapper depuis le début de toute cette histoire. Ça et la possibilité très réelle qu’il se mette à éclater en sanglot, à un moment où à un autre. « Et c’est quoi, cette chaleur, on est où putain ?! »

Il ne reconnait rien de cette végétation. Cela ne ressemble ni aux grandes forêts canadiennes, ni à la végétation de la côte Est des Etats-Unis, et à partir de là, on a grosso modo fait le tour des paysages qu’il a pu apercevoir en vrai, au cours de sa vie. Tout le reste n'a été qu'un gros paquet de théorie, ingurgité dans des bouquins où dans des banques d'images en ligne, pendant ses années à l'université. Et la théorie, quand on se retrouve catapulté en plein délire, c'est souvent d'une aide bien trop maigre...

L'air est trop humide pour que ce soit le Mexique, et le relief trop vaste et montagneux pour provenir d’un archipel quelconque. Le plus proche équivalent que sa mémoire peut lui fournir, en l’état, sont quelques photos tirées d’un énorme et fascinant bouquin sur la biodiversité en Amérique du Sud. Une compilation de reportages photographiques, menées par un spécialiste dont le nom lui échappe aujourd’hui, mais étant donné qu’il n’est pas fichu de remettre à quel chapitre il avait vu ces photos, ni même dans quelle région géographique générale les situer, il n’était pas plus avancé.

Peut-être que s’il retrouvait un peu ses esprits, il pourrait prendre le temps de se poser, de réfléchir, et de parvenir à faire de lui-même les déductions qui s’imposaient pour recouper les indices qui s’offraient à lui – climat/relief/végétation – et quadriller un peu mieux leur situation géographique, mais pour le moment, son cerveau peine à assimiler la moitié des informations qu’on lui donne.

A ce stade, ça serait beaucoup lui demander.

« On… on dirait l’Amérique Latine, mais j’ai pas pu changer d’hémisphère en une seule nuit, je… Est-ce que j’suis en train de faire un mauvais trip ? Non… Ça s’peut pas… Ça… »

D’accord, il avait pas mal bu, la veille – est-ce que c’était même la veille ? Il n’était plus sûr de rien à présent – mais il n’avait pas consommé de drogues. D’ailleurs, même dans ses moments les plus récréatifs, il ne prenait jamais rien susceptible de… le faire se retrouver à l’autre bout de la planète, pour ce qu’il en savait. Même la weed, il la tenait trop mal pour accepter de n’en fumer qu’un tout petit peu, à de très rares occasions, et souvent dans les environnements les plus sécuritaires possibles.
Restait la possibilité qu’on l’ait drogué à son insu, mais là encore, c’était complètement absurde. Pourquoi une bachelorette éméchée déciderait de filer un genre de GHB au gigolo de fortune ramassé dans un bar, pour ensuite l’abandonner au milieu de la pampa ? Est-ce que…

Pris d’un doute terrible, Willie enfouit ses doigts sous la partie ventrale de son binder, à la recherche de cicatrices récentes qui pourraient correspondre à un quelconque prélèvement d’organes – au point où il en est, ça n’est pas une hypothèse plus absurde qu’une autre – mais rien non plus de ce côté-là, à son plus grand soulagement. Les théories à base de cartels de bachelorettes en costumes Disney et leur trafic d’organes à travers les Amériques devraient attendre…

« Ou… ou alors c’est mon cerveau qui déconne… J’ai fait… Un genre de fugue, le truc, là… L’état dissociatif. Ils ont retrouvé un type, dix ans après, il avait refait sa vie en Europe, et… »

C’était tout lui, ça. Partir pour un road trip initiatique façon voyage de l’esprit et quête de la paix intérieure, et finir la cervelle complètement cuite, à moitié à poil, après une dissociation massive, et bon à passer au journal national d’il ne savait quel pays paumé de cette foutue planète.
Si c’est bel et bien ce qui est en train de se passer, alors peu importe quelle entité supérieure responsable de son Destin est à l'origine de ce merdier, mais elle est en train de sérieusement se foutre de sa pomme, là-haut. Tu parles d’une ironie dramatique…

Lorsqu’il reprend la parole, sa gorge s’est de nouveau serrée autour de ses mots, et alors qu’il se retourne vers Mona, les bras enroulés autour de lui-même, sa voix est minuscule et à moitié recroquevillée au fond de sa poitrine.

« Hé, euh… machine. On est en quelle année ? »
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeDim 9 Juil - 10:58

Elle s’appliquait à détailler le type qui avait l’air aussi perdu qu’on pouvait l’être. Il semblait marier dans son physique, autant de force que de douceur ce qui le rendait plutôt agréable à regarder. Il avait le système pileux aussi noir qu’elle était rousse, mais ce n’était pas cela qui lui donner l’air désemparé, non, mais plutôt l’ensemble de sa chorégraphie et de son discours qui avait du mal à s’organiser. Dans un premier temps elle s’était dit que son aspect pouvait refléter des origines hispaniques ou incas enfin bref, lui révéler qu’il était du coin, son état était peut être le résultat d’une bonne blague entre copains éméchés. Après tout si une concentration de population se trouvait non loin de là comme elle l’espérait, c’était plausible… Cependant ce n’était pas ce genre d’accent qu’elle attendait chez un hispanophone.

Répéter les questions n’était pas très productif et il valait mieux s’en abstenir lorsqu’on voulait tenter de répondre à quelqu’un ne serait-ce que pour entrer en communication. De son côté c’est de donner des leçons en la matière dont elle ferait mieux de s’abstenir. Entrer en communication avec autrui n’était pas son fort. Elle le savait mais chacun ses contradictions, en apparence tout du moins car pour l’Islandaise, lorsqu’elle faisait l’effort d’entamer une relation avec un inconnu, il allait de soi que cela ne se faisait pas de la laisser sur sa faim et de se montrer aussi peu rationnel.

Apparemment, il valait mieux qu’elle se fie à ses réactions corporelles pour en savoir plus sur lui et les premiers indices qu’elle releva n’étaient pas très rassurants pour cet individu. A son incapacité d’articuler un langage compréhensible et de tousser comme un tuberculeux, ce gars avait sûrement besoin de se soigner et elle n’était pas médecin… Mais peut-être était-elle allé un peu vite en déduction car c’était plus le désarroi qui semblait posséder la pauvre créature car quelque chose en elle appelait cette compassion qu’elle avait toujours du mal à mettre en œuvre, mais que les derniers événements qui avaient bouleversé sa vie lui avait appris à laisse parler, ou disons murmurer car en de nombreuses occasions, sa petite voix n’arrivait pas à sa conscience si bien que personne de son entourage ne s’en était rendu compte, pas même Mimi qui était du propre aveu de la rouquine celle qui la connaissait le mieux. Cependant, depuis son aventure dans les îles australe de la Nouvelle Zélande de petites graines avaient été semées et elle parvenait à reconnaître chez ce gars recroquevillé sur une route d’Amérique du Sud un mélange de son propre désarroi lorsque Nathan l’avait retrouvé elle-même prostrée sur une pauvre éminence rocheuse à placer des petits cailloux sur un hypothétique cadran solaire et de la sainte colère du même Nathan lorsque la tension en avait débordé.

Naturellement l’hypothèse qu’il se soit trouvé téléporté ici s’alluma immédiatement même si elle la considéra avec circonspection. A sa connaissance, très peu de gens étaient tout de même victime du phénomène et toute personne désorientée qu’elle rencontrait n’était pas forcément téléportée. Cependant à considérer ce gars à moitié habillé, les pieds nus au milieu de nulle part ou presque, cela pouvait la conforter dans cette supposition. En effet, il n’avait pas l’air d’aller bien du tout et il était probable comme il était parti qu’elle devrait user de toute sa patience pour en savoir plus. Elle ne savait pas trop si la question qui lui était retournée sous deux formes différentes demandait une réponse, mais de toute façon, l’autre ne lui laissa guère le temps de répondre ni la sensation qu’il y accordait la moindre importance.

Ce qui semblait lui importer était surtout de passer ses nerfs et elle n’était pas très forte pour se laisser marcher dessus sans raison. Son regard s’écarquille de menace silencieuse jusqu’à ce que les accent désemparés ne parviennent à quelque chose en elle qui essaie de lui faire comprendre que cette colère-là n’est pas dirigée contre elle. Elle se contente alors d’un mouvement de poignet de faire crisser la pointe de son bâton sur la route comme si elle avait l’intention de le forer.

Après tout, l’accent ne veut peut-être rien dire. La gueule de bois confirmerait assez qu’il a était la victime de ses potes et sa bouche s’étire imperceptiblement sur la droite à l’évocation d’un enterrement de vie de célibataire qui tourne en bad trip. Au moins ce gars doit connaître un peu de le coin même s’il dit ne pas savoir où il est, il est sûrement moins dépaysé qu’elle. C’est à peu près la première nouvelle encourageante depuis qu’elle a atterri ici.

Cependant elle a du mal à se convaincre qu’elle ait effectivement raison et que les choses vont bientôt se résoudre pour le meilleur. Il a tout de même l’air vraiment paumé et dans tous ses états ! Elle fait un pas en arrière pour garder cette marge de sécurité que lui confère son bâton et le regarde arpenter la largeur de la route, comme un junky en manque alors qu’il n’a pas du tout la tête de l’emploi.  Sa méfiance naturelle ne peut en outre qu’admettre que ce gonze ne joue pas le comédie pour la berner et tout ce que cela pouvait impliquer lorsqu’on est victime d’un complot téléportatique (ive les néologismes !) En plus il ne semble pas, malgré la prise de conscience de sa gueule de bois, être capable de remettre les choses dans l’ordre. Aucun signe qui laisse à penser qu’il a entamé la phase, « ah oui, ça me revient » favorisé par les petits détails du genre la personne qui ronfle à côté dans le lit, ou le nombre de mégots de bedots dans le cendrier. Pourtant s’il est bien dans un environnement proche de ce qu’il connait cela devrait bien lui revenir.

*Ok ! On a compris ! Il ne va pas bien. C’est bien la veine de Mona !*

Les espoirs de la jeune femme se trouver quelqu’un qui lui viendrait en aide ne serait-ce que pour rejoindre la civilisation s’évanouissent en même temps que le mec enchaine les phases d’une cyclothymie pas très rassurante. Phase d’abattement après la phase de colère et perte de vocabulaire. Il doit bien connaître autre chose que « merde » tout de même ! Elle note la crispation de ses mâchoires qui chez elle signifie attention je vais mordre, mais elle ramène son bâton inutilement devant elle pour le saisir à deux main car sa voix indique qu’il est plus proche d’éclater en sanglot que de se ruer sur elle et ses mains dans ses cheveux ne sont pas la meilleure façon de se préparer à une attaque contre Mona.

Il n’y avait sans doute pas grand-chose à attendre de ce pauvre hère et elle se dit qu’elle ferait mieux de poursuivre son chemin. La seule chose qui la fit hésiter fut le souvenir de Nathan, souvenir qu’elle maudit. Elle sentait qu’elle risquait de se laisser entrainer dans une action humanitaire qui n’était pas du tout son truc.

*De toute façon Mona est aussi perdue que lui. Elle ne peut rien pour lui.*

Il ne fallait pas qu’elle traine ici si elle ne voulait pas être prise en flagrant délit d’altruisme. Elle se prépara donc à reprendre son chemin lorsqu’elle s’entendit directement interpelée et que la tuile à laquelle elle s’attendait lui tomba dessus. Ce mec ne savait vraiment pas où ils se trouvaient tous les deux. Et à écouter la suite de son discours, elle eut la certitude qu’il était dans le même bateau qu’elle comme l’avait été Nathan quelques semaines plus tôt. Cela brisa net son élan de départ. Elle supposa que lui donner les renseignement qu’il voulait ne pouvait pas lui faire de mal, tout en se disant que ça allait lui faire un choc s’il n’était pas du coin de savoir où il se trouvait, mais il n’y avait pas de façon spéciale d’annoncer ce genre de chose, un peu comme les officiers de police venait frapper à votre porte et annonçait d’un timbre monocorde que votre père s’était fait renverser par une voiture et qu’ils étaient désolés et puis laissait Galadriel effondrée derrière sa porte à peine refermée. Ce gars allait tomber se de haut s’il apprenait que toutes les choses qu’il pensait impossibles se révélaient bien réelle. Pour la première fois elle se sentit dans la position de celle qui a une longueur d’avance et cela li donna une petite, minuscule mais combien appréciable sensation de maîtriser un peu les événements. Elle se demanda donc si elle allait répondre à la question du bad trip. Ce qui l’avait un peu rassurée dans la dernière tirade du barbu, c’est qu’il avait une pensée assez logique et que les premières informations qu’elle allait lui donner allait sans doute lui faire faire le reste du chemin.

« Mona. Et on est sur une route dans la cordelière bolivienne ce qui explique le climat. Je te confirme que la Bolivie est en Amérique Latine. »

Elle attendit que l’effet se fasse assez surprise de le voir se regarder l’abdomen plutôt joli au passage, bien plus ferme que celui de Hans et plus viril que celui de Mimi. En fait les choses semblaient aller très vite dans le cerveau du naufragé de la route des Andes. Il n’y aurait sans doute pas grand-chose à lui dire de plus. Après c’est l’acceptation réelle des événements qui poserait peut être un problème. Elle en savait quelque chose, elle qui avait failli ranger son aventure insulaire au rayon des hallucinations ou des rêves un peu trop documentés avant de se lancer dans des recherches aussi frénétiques que décevantes pour le moment. Elle regarda le paysage alentour tandis que le type finissait de raisonner à voix haute. Maintenant qu’elle avait cette impression de maîtrise grâce à la plus grande angoisse d’autrui, elle détaillait un peu plus les reliefs et la végétation, mettant les sons menaçants qui en émanaient.

C’est le caractère pitoyable soudain de la voix du gars aux longs cheveux boueux qui fait revenir son attention vers lui. Elle hésite un instant. Bien que les morceaux du puzzle semble s’agencer parfaitement elle n’a pas top envie de se dévoiler complètement en donnant tout de go toutes les informations qu’elle possède sur ce qui lui est arrivé. Il n’y avait pas d’urgence et il lui suffisait de rester avec lui pour s’assurer qu’il était réglo avant de tout lui déballer, de toute façon, rien que l’évocation de la dissociation montrait qu’il ne serait sans doute pas difficile de lui faire accepter la réalité. Ensuite on verrait bien…

« Je sais pas si t’es dans un état dissociatif ou quoi mais on est le 6 avril 2017 et tu as surtout besoin de te remettre à l’endroit et de décider d’une paire de trucs comme est-ce que tu restes là… »

Ses yeux tombèrent une nouvelle fois sur les pieds nus de… Elle n’avait pas encore manifesté son désir de savoir à qui elle avait affaire et il paraissait que ça se faisait et puis elle devait l’admettre c’était plus pratique pour la communication…

« … Comment déjà ? »

Sans attendre de réponse, elle poursuivit :

« Moi je vais par là. »

Elle tourna le visage dans la direction qu’elle comptait prendre, c’est-à-dire poursuivre sans route interrompue quelques minutes plus tôt par sa rencontre impromptue. Les pieds nus de son interlocuteur l’inquiétaient un peu. Marcher sur une route était moins pénible que dans une végétation hostile, mais elle se savait pas quelle distance ils auraient à parcourir et elle savait trop les affres d’une progression sur des pieds entamés par le sol. Ceci dit elle ne savait pas s’il comptait la suivre ou non. Elle n’allait pas s’inquiéter avant que nécessaire. Elle attendit patiemment d’avoir sa réponse tout en envisageant une manière éventuelle de lui ménager ses pieds. Les lui emballer de feuilles recouvertes du powertape qu’elle avait dans son sac serait sans doute du gâchis de bande adhésive, mais pouvait lui épargner quelques souffrances…
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeDim 23 Juil - 15:13

« De… Quoi ? Moi ? » Il relève vers la rousse un regard particulièrement perdu, alors qu’elle le questionne sur son identité. La plupart de ses neurones disponibles sont déjà monopolisées par la digestion de l’information qu’on vient de lui jeter à la tête comme un gros pavé dans une mare. « Je… haha. Willie. Moi c’est… Qu’est-ce que j’fous là… »

Il recule d’un pas, comme si c’était elle, la source de tout ce foutoir – ça n’est probablement pas le cas, mais dans son incrédulité, il se trouve tout à fait incapable d’y réfléchir. Toute sa tête est remplie de mots, et de questions, des morceaux d’idées, de phrases, de cris internes paniqués et incohérents.
Il y a des « c’est pas poossible », des « Mais pourquoi moi ?! » des « Mais comment je suis arrivé ici » en tout genre et sous toutes leurs formes dérivées. Ça se bataille, ça se bouscule, mais toutes ces interrogations-là ne sont rien, face à l’arrivée de celle qui est plus grande et plus terrifiante encore que toutes celles-là réunis.

« Et… comment j’vais rentrer… ? Comment… J’peux pas… Toutes mes affaires sont à Boston, et… Et Tim aussi ! Et il a Marcellina et… et… J’peux pas rester là, il faut… »

C’est un peu absurde, que sa liste de choses à retrouver soit si courte, et si… bêtement matérielle. Mais Willie avait cette excuse que sa vie, dans l’absolu, pouvait assez facilement être résumée à ces trois éléments. Son univers était petit, malgré le peu d’attaches qu’il semblait posséder, et sa détermination à parcourir le vaste monde. Son camion, son ami, et son bric à brac. Le reste était éphémère. De passage. Ces trois choses-là, jusqu’alors, ne lui avaient jamais fait défaut.

Mais aujourd’hui elles sont à des milliers de kilomètres de lui, et il n’a pas la moindre idée de comment tout ça est arrivé.

« Merde… »

La voix du jeune garçon est minuscule, à présent. Un chuintement de courant d’air, pris dans une porte qui se ferme sur lui. Un couinement de petit animal pris au piège. Willie se recroqueville, réalisant soudain que quelque chose vient de se harponner dans sa poitrine. Un crochet glacé a attrapé la jointure de ses poumons, juste là, au milieu, là où le bon air passe et vient les remplir, et à l’endroit où il s’est refermé un énorme nœud s’est formé. L’air ne passe plus, et Willie suffoque. De grosses larmes pulvérisent les digues fragiles de ses cils trop longs. Ça déborde, ça coule, ça lui obstrue les narines, et la gorge, qui se met à trembloter de sanglots.

Il a peur. Il a mal. Il ne sait plus quoi faire.


Il ne sait pas à quand remonte sa dernière crise d’angoisse, mais alors qu’il se recroqueville doucement sur lui-même, ses pensées voguent vers sa mère, et vers Timothée. L’un et l’autre avaient toujours été là, dans ces moments où la terreur le laissait comme un nouveau-né, vulnérable et perdu dans un brouillard épais de panique. Il veut les bras de sa mère, à cet instant précis, ou bien la poitrine solide et brûlante de son meilleur ami. Un endroit où se laisser échouer pour oublier toute cette histoire absurde, et qu’on le berce doucement pour l’aider à se réveiller.

Tout ça ne pouvait être qu’un terrible cauchemar, pas vrai… ?

Le binder, sur sa poitrine, lui fait l’effet d’un étau brûlant. Il le comprime, écrabouille ses côtes, sa chair, ses poumons. Plus la panique s’empare du pauvre garçon, plus il a l’impression que le vêtement se resserre sur lui avec la cruauté perverse d’un instrument de torture Moyenâgeux.
Il tombe à genoux, sans trop savoir comment, et ses mains retrouvent le chemin des gravillons et de la saleté. Il a l’impression qu’il va vomir, d’un instant à l’autre, et que ce sont ses organes qui dévaleront par sa bouche ouverte, fuyant l’affreuse oppression qu’on leur inflige.

« Non, non, nn… non… »

Son regard se relève vers la fille – Mona, bien que dans son état il ne soit pas tout à capable de s’en rappeler – et il la dévisage avec un mélange de détresse et de stupeur. Il ne comprend pas comment elle peut rester là, sans réaction. Comment elle peut être si peu émue de toute cette histoire. Elle n’était pas du coin non plus, pas vrai ? Elle n’a franchement pas l’air d’une touriste, ni même, et puis d’après ce qu’elle en avait dit……

Ne voyait-elle donc pas à quel point tout ça était…

Impossible ?
Absurde ?
Dément ?


Les mots ne suffisent plus à décrire l’amalgame de confusion et de panique que déclenche en lui cette certitude insensée. D’ailleurs, de mots, il n’en a plus un seul. Il n’a plus que cet air, vicié, sifflant, qui file entre ses lèvres depuis sa gorge nouée. Il n’a plus que ses larmes, que désormais plus rien ne pourra arrêter, et qui dévalent son visage dans un torrent salé. Tout cela n’arrange pas l’état avancé d’humidité de ses vêtements, mais présentement c’est le dernier de ses soucis.

Ses deux mains sont sur sa poitrine, à présent. Agrippées au col de son binder, pour l’écarter malhabilement de cette poitrine et de ce cou qu’il étrangle. Il ferait probablement mieux de l’enlever, ce fichu débardeur de compression, pour se libérer de ce supplice, mais c’est là la seule ligne de défense qui lui reste, contre cet environnement inconnu et terrifiant. S’il le perdait, et qu’il se retrouvait la poitrine à l’air, ou si qui que ce soit faisait le moindre geste pour le lui retirer, il ne répondrait alors plus de ses actes.

Déjà en temps normal, il avait un mal fou à se montrer sans quelque chose pour planquer les deux petits bouts de seins qui s’accrochaient encore à lui malgré toutes les hormones du monde, alors dans ces circonstances… Il préférait encore se péter une côte ou perdre connaissance.

C’est dire s’il est rationnel, à cet instant précis…

Finalement, prenant une grande inspiration oppressée, il parvient à redresser sa tête pour jeter un regard de détresse à la jeune rouquine, et lorsqu'il entrouvre les lèvres, c'est du français, qui sort, mais la signification de sa supplique est plutôt évidente, à l'expression d'enfant paumé qui lui a froissé le visage.

« M’laissez pas là… »
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeJeu 27 Juil - 13:35

Elle a beau ne pas être très douée en ce qui concerne le décryptage des attitudes diverses et variées qui indique à tout un chacun un tant soit peu normal ce que peut bien ressentir autrui, il ne lui est pas très difficile de comprendre l’état de choc dans lequel se trouve le pauvre être perdu sur le bord de cette route improbable, au milieu de nulle part même si on sait à peu près à quel endroit de la planète on a atterri. C’est d’autant plus aisé pour le rouquine que premièrement le garçon qui lui fait face est des plus expressifs et qu’e outre, si elle a bien compris ce qui lui est arrivé enfin ce qui leur est arrivé, elle n’a pas de mal à se souvenir de l’état dans lequel elle se trouvait lors de sa première expérience. Evidemment chacun réagit à sa manière mais il y a certainement des constantes que Mona n’a pas de mal à analyser : l’incrédulité, la peur, le dénie, se raccrocher à sa vie « normale » l’impossibilité de prendre des décisions rationnelles… Pour couronner le tout, le malheureux semblait avoir presque oublié qui il était. Une chose en revanche qu’on pouvait lui accorder c’est qu’il était vraiment communicant comme disent les psys. Si elle avait eu l’intention de s’intéresser à sa petite vie, elle en aurait appris autant qu’elle souhaitait. Pour sa part, savoir comment elle devait l’appeler lui suffisait amplement. Savoir qu’il venait de Boston pouvait être intéressant, mais Tim et Marcellina, honnêtement pour le moment elle n’en n’avait rien à foutre.

Le plus dur était pour elle se se demander quelle attitude adopter à son égard. Elle aurait volontiers passé son chemin et laissé à ses divagations le bare footed guy sur le bord du chemin, mais outre qu’on ne réagit plus de la même façon une fois qu’on a été aux prises avec un événement comme une téléportation et de même nature que ce qui arrivait au jeune homme, elle repensait à Nathan sans qui elle serait sans doute encore en train de se balancer en haut de son monticule et ce dans le meilleur des cas, c’est-à-dire si les albatros et autres volatiles plus ou moins marins, plus ou moins charognards ne se régalaient pas de  ses restes en commençant par ses yeux. Pourquoi ses yeux ? C’est dans son imaginaire ce par quoi ces bestioles attaquaient leur festin…

Dans son délire Willie, puisque c’est ainsi qu’il semblait se faire appeler posait parfois de bonnes questions mais le problème c’est qu’il était un peu trop agité et passait un peu trop d’une préoccupation à une autre pour laisser à quiconque, quiconque se nommant Mona en l’occurrence, la possibilité de répondre. En outre il semblait tellement agité et extérieurement et intérieurement qu’il n’avait sûrement pas envie d’en savoir plus pour le moment. Digérer les premières informations   lui prendrait assez de temps te d’énergie mentale comme cela. Cela en faisait assez à la jeune femme pour garder le silence un peu buté qui la caractérisait. Aborder le « qu’est-ce que je fous là » pouvait bien attendre. Il devait d’abord reprendre ses esprit en tout cas suffisamment pour être supportable et qu’elle se hasarde à lui proposer de l’accompagner.

En attendant, elle attend que son agitation le conduise à tomber du bord de la route dans le ravin qui l’attend à pic en essayant de mettre des mots derrière sa mine effarée et l’affolement de ses yeux et de tous ses muscles faciaux. De toute façon, s’il ne se reprend pas il vaut mieux qu’il saute dans le vide, cela vaudrait mieux que de perdre complètement la raison, car c’est bien ce qui semble guetter le barbu maculé de boue.

Un instant elle pense que les choses vont se mettre doucement en place dans la tête du jeune homme, jeune car il n’a pas l’air d’accuser beaucoup plus d’années qu’elle. Car oui, merde c’est ce qu’il y a de plus rationnel à dire alors qu’on commence à accepter la situation. Cependant elle doit vite déchanter devant la suite que Willie donne à ce « merde », promesse d’une reprise en main des événements.

*Putain ! Il va pas se mettre à chialer !*

Elle ne saurait dire d’où vient sa haine des larmes. Peut-être de ce qu’elles ont pu amener dans sa vie, la faiblesse de sa mère, la fourberie de sa sœur. Ce foutu flot plus à plus ou moins haut débit qui semble vouloir dire : « Regardez ! Je suis une victime ! Tapez-moi dessus ! » Si elle a réussi à survivre en tout cas pour l’instant il peut le faire aussi ! C’est pas comme s’il se retrouvait sur une autre planète ou s’il était en passe de se faire étriper par un bataillon de pseudo-révolutionnaires ! Elle se voit déjà s’encombrer de Willie ! Non mais puis quoi encore ! Ou alors elle ne va pas se priver pour le secouer. Après tout, le pire n’était jamais certain et ils sont sur une route et une route va toujours quelque part !

Elle a juste envie d’insulter Nathan. Ah ! S’il lui tombait sous la main à ce moment ! Elle ne tient pas debout sa belle théorie de la solidarité et de l’entraide ! Elle savait bien qu’elle n’aurait pas dû accorder de crédit à tout ça. Maintenant elle capable de tergiverser avant d’abandonner le naufragé en perdition. Elle va pas jouer au psy, elle sait pas faire. A la grande sœur ? Pour ce qu’elle sait des grandes sœurs. Celle-ci aussi si elle lui tombait sous la main !... Pas pour les mêmes raisons, mais… Chaque fois que l’image de Kritell lui arrivait à l’improviste elle se sentait envahi de rage qui n’allait pas lui faciliter l’indulgence envers Willie. Celebrian a disparu après avoir fait le jeu de ce salopard de Haarde ! Qu’elle pourrisse en enfer ! Et encore ne fait-elle pas suffisamment confiance aux enfers pour leur confier cette tâche !...

Mais cela ne change rien à l’affaire et ne l’aide en aucune manière à se positionner de façon constructive face au débordement émotionnel de ce type qui est en train de lui faire perdre un temps précieux. Le temps est toujours précieux. Et puis il commencerait à la gêner avec ça ! Se mettre à genoux ! Elle a juste envie de lui donner un coup de bâton dans les côtes pour le faire réagir ou pour l’achever. C’est bien ce qu’on fait aux chevaux qui ne peuvent plus avancer ? Et puis eux, ils ne savent pas pourquoi on les a envoyé dans cette direction et menés jusqu’à la limite de leur force. Mais elle se retient et se contente de faire crisser une fois de plus l’extrémité de son arme improvisée sur le sol léprosé et humide tout en détournant le regard vers un hypothétique envol de oiseau autochtones quelque part au-dessus de leur tête.

*Marre ! Je vais pas rester ici à le regarder se lamenter sur sa situation ! Soit il se bouge soit, moi, je me casse !*

Si elle ne pouvait pas lui donner des coups, elle pouvait au moins lui délivrer un électrochoc salutaire en reprenant sa route. Soit il répondait positivement soit ben tant pis pour lui. Elle pourrait toujours, bien bonne fille, lui envoyer des secours lorsqu’elle aurait rejoint la civilisation ! Voilà ! C’est ce qu’elle allait faire et que Nathan aille se faire foutre ! En tout cas il ne pourrait pas lui reprocher de ne rien avoir fait ! Et puis c’est facile pour lui ! Il sait à peu près pourquoi ça lui arrive. Il peut se la jouer zen, à la limite de balader avec une photo de son petit nid douillet pour y retourner ! Elle ne sait pas pourquoi mais tout ça finit de lui faire monter la colère en elle. Elle frappe le sol de son bâton comme pour empaler un serpent invisible ou tous ces gens qui l’exaspèrent chacun pour des raisons différentes mais qui se bousculent au portillon de sa pensée. Plus certainement c’est aussi le moyen de finir prendre sa décision et de reprendre son chemin. Elle n’en peut plus de ces larmes qui n’en finissent pas de couler et de cette respiration d’agonie !

Evidemment c’est le moment qu’il choisit pour l’interpeler et encore, l’interpeler dans une langue inconnue : mlaissépala ? Interdite, et en arrêt dans son départ, elle se demande bien quel est le dialecte dans lequel il s’exprime. En tout cas c’est pas à consonance hispanique mais noyé dans les pleurnicheries ce pourrait être n’importe quoi. Il avait pourtant articulé de l’anglais ou plutôt de l’américain tout à l’heure, enfin les quelques mots qu’il avait prononcés…

*Mona, c’est à toi qu’il parle de toute façon.*

Elle retourne vers lui et poursuit comme elle avait commencé en anglais. Elle aurait pu s’accroupir pour manifester un peu d’empathie, mais d’une, de l’empathie elle n’en a guère et de deux, c’est sûr, ça va encore les retarder.

« Bon, Willie, si tu veux pas rester ici, va d’abord falloir te mettre debout. »

Du regard elle indique ses pieds nus.

« Tu crois que tu peux marcher comme ça ? Sinon va falloir trouver une solution »

Cette solution est déjà en train de germer dans son esprit mais elle espère économiser ses ressources et attend qu’il lui dise qu’il a l’habitude de marcher pied nu n’importe où. Elle ne se fait pourtant pas trop d’illusion. Elle a elle-même expérimenté la chose. On croit que ça va aller en faisant un peu attention et puis non, il suffit de la première blessure par inadvertance, inattention, ou pas de chance pour que les autres suivent et que les pieds ne ressemblent plus à grand-chose et qu’on souffre le martyr. Elle imagine déjà Willie se déliter en flots salés. Mais après tout, elle aura peut-être une bonne surprise…
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeMer 9 Aoû - 2:55

« M-m…marcher… ? »

Est-ce qu’elle est aveugle ? Stupide ? Ne le voit elle voit pas lutter comme un chien à moitié crevé pour mettre une respiration devant l’autre, sans se faire étrangler par ses propres fringues, ou céder au le repli de ses poumons déserteurs ? N’avait-elle jamais assisté à une crise de panique auparavant ? En avait-elle jamais eu une ? Et puis qu’est-ce qu’elle croyait, qu’il suffisait de lui dire de se mettre debout pour qu’il obéisse, alors que lui-même n’avait plus le contrôle ni de ses organes, ni de ses muscles, ni même de ses mots, qui s’arrachent d’entre ses lèvres comme des soldats estropiés fuyant les horreurs du front.

« J’peux… j’… »Bordel de metde ! Il serre les dents, et avale une respiration à moitié avortée, en secouant mollement la tête. Pourquoi est-ce que tout était si dur… ? « J’peux à peine… r-respirer… »

Chaque mot est comme une poignée d’aiguilles, qu’il essaierait d’expulser de sa gorge par le seul crachotement de ce qu’il reste d’air dans ses poumons fatigués. Il ne devrait probablement pas forcer, au risque de tourner de l’œil, mais son indignation, à cet instant, est bien plus forte que son bon sens.

« T’es conne ou tu… »


Son « tu le fais exprès » se perd dans une extraordinaire quinte de toux. Perdant le peu de terrain que la colère lui avait fait gagner sur la panique, il se recroqueville un peu, les deux mains à présent enroulées autour du col de son Binder.
Tout ça n’a été qu’une énorme mauvaise idée, et Willie le réalise avec beaucoup d’amertume. Tout compte fait, il ne veut absolument pas d’elle ici avec lui ! Oh, bien évidemment, il a très peur de se retrouver tout seul face à l’énorme gouffre que la révélation de ses actuelles dispositions a ouvert sous ses pieds, mais la rouquine, et ses yeux froids comme de l’acier, eux, ne font que renforcer la tempête dans sa poitrine, chargeant les vents tourbillonnants de grêle et d’électricité. Il ne veut plus de ce regard là, sur lui. Ou de l’inutilité aberrante de ses commentaires. C’était comme devoir retenir entre ses doigts son propre sang et ses organes, fuyant par une plaie béante, et se voir octroyer comme seul soutien une gourdasse qui vous regarde faire en répétant « Mais guéris, enfin ! ».

En plus de n’aider en rien sa situation actuelle, elle semble le narguer, de là-haut, avec ses stupides commentaires de rangers et ses conseils inapplicables.

La seule chose à faire, Willie en est parfaitement conscient, mais c’est un véritable déchirement de simplement le penser. L’idée lui parait répugnante. Insurmontable. Et pourtant…

Pourtant il va bien falloir qu’il s’y résigne, s’il ne veut pas simplement étouffer comme un con, sur le bord de la route, sous les yeux agacés d’une pauvre cruche infoutue de lui porter la moindre assistance. La mort la plus stupide et inutile de toute l’histoire de l’humanité. Ou presque. L’humanité a de l’imagination.
Ses mains cherchent le bord de son Binder, et le décollent lentement de sa peau mouillée. Le contact est désagréable, mais la perspective d’en être débarrassé, et de se retrouver nu, est pire encore. Il prendrait une inspiration tremblante, s’il pouvait le faire. Mais il ne peut pas. Dans un filet de voix plus proche du sifflement que de l’élocution normale d’un être humain, Willie lance un avertissement en direction de la rouquine, avant de se tourner pour la positionner dans son dos, sans lui laisser de temps pour réagir de quelque manière que ce soit.

« R-regarde pas… »

Il a des airs d’enfant grondé, recroquevillé ainsi sur lui-même, réprimant de temps à autre un hoquet de sanglots. Il a inexplicablement honte, et peur, et maintenant qu’il y réfléchit un peu, de tous les endroits où il a jamais été forcé de se découvrir la poitrine, celui-là est probablement le pire. Il a l’impression d’être à nouveau dans les vestiaires du collège, sous les yeux de veaux de l’équipe de Lacrosse, incapables de tout à fait digérer qu’on puisse avoir tout à la fois des muscles, du poil au menton, et un reste de poitrine accroché au torse. C’est proprement insupportable.

Il décide de faire ça vite. Comme un pansement qu’on arrache. Sans se laisser le temps de regretter plus qu’il ne regrette déjà, et aussi parce que l’air commence sérieusement à lui manquer. Ses joues et sa poitrine sont écarlates, et ses cheveux s’emmêlent dans les coutures du Binder alors qu’il le passe par-dessus sa tête. Il renifle bruyamment, et s’essuie rapidement le visage dans son vêtement, avant de le plaquer sur son torse pour se couvrir un peu.
Déjà, il peut sentir ses organes se déployer, dans la cage ouverte de ses côtes qui s’étirent enfin, aussi loin que le leur permet cette soudaine libération. Son dos se gonfle, son diaphragme s’abaisse, et l’air remplit ses poumons dans un grand hoquet salvateur.
Après quoi, il se laisse aller à une bonne quinte de toux, en guise de célébration, puis il renquille sur une respiration, et encore un peu de toux… Lentement, mais sûrement, sa respiration se remet sur de bons rails.

Lorsqu’enfin un peu de calme se jette sur les épaules du jeune Innu, il daigne risquer un regard par-dessus son épaule. Ses yeux luisent d’une lueur blessée, et vulnérable, mais il soutient courageusement le regard de la rouquine – Mona, bon sang ! – qui, elle, n’a pas l’air non plus particulièrement ravie de sa petite scène. Tant pis pour elle. Il ne compte pas faire semblant que tout va bien pour lui épargner d’avoir à attendre après lui.

Parce que tout ne va pas bien, et qu’il a appris depuis longtemps que réprimer ses émotions, ça ne mène qu’à tout un tas de souffrances additionnelles. A trop vouloir être le mec fort, et invulnérable, on finit par mettre des coups de poings dans les murs, et se péter les phalanges. Ou faire une dépression de huit mois. Ou pire… regarder les gens qui pleurent avec des yeux froids et supérieurs, comme si on valait mieux qu’eux.

Willie n’est pas ce genre de mec.

Pinçant les lèvres, il finit par se retourner, son binder toujours plaqué contre sa poitrine à l’aide de ses bras aux muscles bandés, et il plante ses yeux noirs dans ceux de la jeune femme.

« J'suis désolé d'imposer ma détresse dans ton quotidien d'aventurière, hein, Bear Grylls...?! » Une nouvelle quinte de toux lui secoue les épaules, mais il ne démord pas, déterminé à aller jusqu’au bout de sa pensée. « Mais j'suis un être humain, moi pas... pas un p-putain d'robot. Alors si ça te dépasse que j’aie besoin d’aide… c’était pas la peine de revenir pour faire comme si tu voulais m’en donner... »

Le jeune Innu mord violemment sa lèvre, barrant le passage à un trop plein de venin qui voudrait bien profiter, à son tour, de ce nouvel arrivage d’oxygène pour sortir et exploser hors de sa bouche. Mais il le retient. D’une part parce que son exclamation était suffisamment claire en l’état, et qu’y accrocher des insultes gratuites, dans le seul but de relâcher un peu de pression, ne ferait que desservir son propos, et ensuite parce que du souffle, il n’en a pas récupérer tant que ça, et qu’il lui parait bien plus utile, à cet instant précis, d’utiliser son temps pour remplir à nouveau sa poitrine d’un air précieux.

A sa plus grande frustration, lorsque sa voix revient, elle a un peu perdu en énergie. Sa colère, comme une baudruche en train de se dégonfler, fuit avec les restes de panique qu’il tente d’expulser, à chaque respiration, de son ventre noué. Restent la frustration, l’incompréhension et la honte, qui se distillent plus malicieusement dans le timbre de sa voix.

« Genre, vraiment… Ugh. Pardon mais… »

Après tout, il ne sait rien de la fille en face de lui. Il a envie de croire que cette incompétence prend racine dans des intentions mauvaises – croyance que le sentiment d’humiliation crasseux qui le submerge à cet instant ne fait que renforcer – pourtant il est tout à fait possible, voire même très probable, qu’il ne s’agisse là que d’extrême maladresse. Ou d’une inaptitude profonde, pratiquement pathologique, à gérer les situations d’urgence, ou décoder la détresse d’autrui. On peut être handicapé d’à peu près tout, pas vrai ? Alors pourquoi pas de l’empathie…

Il secoue doucement la tête.

« Vraiment, il faut travailler ta communication… »

Ses mains se crispent, ses ongles raccrochant dans les mailles de son Binder. Les yeux de Mona, sur lui, lui font l’effet de deux lasers brûlant chaque centimètre cube de sa peau. Même avec toute la bonne volonté du monde, il n’est pas question qu’il se lève dans cet état. Et remettre son Binder, pour le moment… ça paraissait compromis. Si elle voulait qu’il se lève, et lui emboîte le pas, il faudrait régler ce problème là avant toute chose. Pour Willie, c’était la priorité numéro un.

« Si tu veux vraiment m’aider, trouve-moi quelque chose d’ample pour me couvrir. Mes pieds, j’m’en fiche. Mais il est pas question que j’me promène à moitié à poil sous un soleil pareil, et ça c’est trop serré pourque je le remette tout de suite… » Il essuie les dernières traces de larmes, qui mouillent encore ses joues, en les frottant avec son épaule, un peu maladroitement, puis il renifle un bon coup. « Et… ensuite, peu importe, ouais. J’vais venir avec toi… Si t’arrives attendre deux secondes. T’façon la civilisation elle va pas se sauver, et on finira bien par trouver quelqu’un sur cette route qui nous prendra en stop au lieu d’essayer de nous rouler dessus… »

C'est vrai, ils étaient sur une route dangereuse, certes, mais très fréquentée. Entre les touristes, les locaux, et les transports en communs ordinaires, ils finiraient bien par trouver quelqu'un susceptible de les prendre à bord de leur véhicule. Il suffirait... de négocier un peu.

Un doute l'assaille aussitôt.

« Tu… tu parles bien espagnol, toi ? »

On peut toujours espérer, parce qu'en ce qui le concerne, tout ça est très lointain pour le pauvre Willie. Il avait pris le Français et l'Anglais, au lycée, lui. L'espagnol, ça n'était qu'une seconde langue, et un semestre au début de son court passage à l'université, mais s'il lui restait quelques bribes de vocabulaire, tout ça était très rouillé et poussiéreux. Rien qui ne lui serait très utile au fin fond de la Bolivie, à moins qu'ils ne tombent sur des gens particulièrement habitués à écouter bredouiller les touristes.
Peut-être que Mona, elle, aurait plus de ressources. Après tout, elle a une dégaine de vacancière de l’extrême, carrément étrange – il fallait être au moins ça, de toute façon, pour se balader toute seule à pied sur la route des Yungas – et on ne s’embarque pas dans ce genre d’aventures touristiques sans au moins se débrouiller la langue locale… Pas vrai ?

Willie soupire profondément, oubliant un moment l’absurdité parfaite de sa propre présence ici, pour se concentrer sur celle de Mona. Sur le coup, ça lui semble être une bonne idée. Ça lui évitera de trop penser à tout ce bordel, et au bordel plus gros, encore, qui l’attendra quand il trouvera le moyen de rentrer à Boston. S’il rentrait… Non. Il se secoue. S’il recommence à tourner ses pensées dans cette direction-là, il est bon pour retourner au pays des gens qui respirent dans les sacs en papier. Il faut qu’il se concentre.

Et malgré la rudesse de son accueil, son manque total d’empathie, et la drôle de tronche qu’elle tire, elle reste la seule distraction à sa portée, d’une part, et d’autre part… un sacré nouveau mystère à éclaircir, mine de rien. Autant essayer de la garder à portée de main.


Dernière édition par Willie Simon le Dim 13 Aoû - 15:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeSam 12 Aoû - 19:32

*Ok !... Mona, ma vieille tu as le choix entre te casser et secourir ce type. Putain de merde ! *

Elle avait le choix oui et non. Ça ne l’enchantait pas de s’encombrer d’un type qui n’arrivait même pas à tenir debout alors qu’il se trouvait sur une route. Merde quoi ! Une route complètement défoncée qui aurait sans doute fait mourir de rire les architecte Incas mais une route tout de même et une route ça va quelque part quelle que soit la panade inattendue dans laquelle on se trouve. Ça ne l’enchantait pas mais au fond d’elle, elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Peut-être à cause de ce qu’était l’être humain, un individu social qui fait que dans l’adversité il se serre les coudes quoi qu’il arrive ? Ou bien parce qu’elle n’a rien contre ce type à priori et qu’elle a tout de même besoin d’une raison pour diriger sa colère contre quelque chose. Elle ne pouvait tout de même pas penser de but en blanc que la pauvre âme en perdition se décomposait juste pour l’emmerder et lui faire perdre un temps précieux.

Elle exhala un petit soupir par le nez et leva les yeux vers les cimes des arbres les plus proches pour essayer d’adopter l’attitude la plus propice à mettre le gonze en mouvement. Ca n’allait pas être une partie de plaisir mais si elle ne croyait sa précédentes expérience, la téléportation ne débouchait pas vraiment sur un farniente aux Caraïbes. Il ne pouvait pas respirer c’était une chose, évidemment, si elle en croyait le GPS de son smartphone, ils étaient en altitude et elle avait dû hyperventiler dans les premiers temps avant de prendre un rythme qui lui permette de progresser raisonnablement, mais de là à rester planter sur un bas-côté de route… Il n’y avait sans doute pas que l’altitude qui mettait ce mec dans cet état, à moins qu’il ne soit asthmatique ? Et puis, il n’allait pas commencer à l’insulter ! Ça allait comme ça ! Elle avait passé l’âge des quolibets qu’on lui balançait à la tronche à l’école et à l’internat. A l’époque, elle avait fait évoluer sa réplique d’une réaction violente allant du plateau du réfectoire en pleine gueule au bourre-pif, elle avait réussi à classer les arrogants en deux catégories, ceux qui nécessitaient ces mêmes réactions sinon ils pensaient que la maigrichonne en face d’eux était à leur main et ceux qui se le tenaient pour dit après avoir croisé le regard de tueuse qu’elle décocha au poitrinaire, les mots fusèrent glaciaux.

« MADAME Conne !... »

Elle aurait bien poursuivi, mais elle décida in extremis de ne pas tirer sur l’ambulance. Ce mec allait crever si elle le laissait sur le bord du chemin et entre êtres humains, perdus qui plus était, il fallait se serrer les coudes en tout cas temps que cela pouvait permettre leur survie à tous les deux et que le barbu en larmes voulait bien de sa présence à ses côtés ce qui ne semblait plus être tout à fait le cas contrairement à quelques secondes auparavant. Et puis, une fois qu’il aura cessé de tripoter son binder peut être qu’il pourra investir son énergie à quelque chose de plus constructif. Ca lui donnerait des allures de mannequins sur les calendrier pour midinettes s’il n’avait pas cet air complètement désespéré. Elle avait du mal à faire la synthèse de tout ce qu’elle connaissait de lui et de ce qu’elle avait appris sur la gent humaine.

Son regard resterait de marbre s’il n’y avait pas eu se papillonnement bref. Regarde-pas ! Monsieur était pudique avec ça. Comme si la rouquine n’avait jamais de mec à poil et pas que des apollons. Les premières expériences sexuelles de l’Islandaise n’avaient pas toute été glorieuses et elle avait mis un certain temps à concevoir que son désir et son plaisir devait aussi avoir une place dans les activités charnelles, croyant que ses dégouts et ses réticences étaient dus à l’étrangeté dont on l’accusait depuis sa naissance et jusqu’à ce jour encore. Bref elle s’était faite sauter sans transport par toute sorte de gros dégueulasses de l’ados déglingué par le porno en solitaire au quinqua sur le retour en quête de chair fraiche, jusqu’à… Mais elle n’avait pas le temps de se remémorer son histoire sexuelle.  A ce qu’elle pouvait en juger pour le moment, celui-ci avait plutôt l’air bien gaulé. Elle resta un instant, interdite, mais prit le parti d’accéder à la requête du pudique.

Elle haussa les épaules et se détourna vers le précipice d’où émergeaient les têtes des grands arbres. Cà et là des voiles de brumes générés par la teneur en humidité de l’air en même temps que les contrastes de température lui laissaient penser qu’à une telle altitude, ils allaient se les peler sévère cette nuit et que descendre vers la civilisation restait une urgence bien plus cruciale que la pudeur puérile dont faisait preuve cette rencontre pour le moins étrange. On la qualifiait à volonté de bizarre mais elle rencontrait des gens qui la surprenaient bien plus qu’elle ne se trouvait déphasée comme disaient certains. De quoi relativiser bien des critères de l’ordinaire. De son côté, elle se trouvait plutôt ouverte et la faune qu’elle côtoyait l’attestait. Le rejet qu’elle convenait pour son prochain se bâtissait autour de l’agression qu’elle pressentait chez lui. Le plus gros obstacle résidait la plupart du temps qu’autrui ne partait pas avec un a priori positif, dans la mesure qu’une méfiance devenue au fil des ans, instinctive habitait la rouquine à l’égard du genre humain. Dans le cas présent, elle ne sentait pas de volonté de lui nuire de la part de ce garçon, mais juste la possibilité qu’il l’entraîne dans son désarroi et son incapacité à réagir sur la mauvaise pente des événements. Sa sauvegarde personnelle passait avant tout. C’était ce qui l’avait guidée jusque-là. Autant dire qu’elle marchait sur une ligne de crête en ce moment prête à tomber soit du côté de la solidarité humaine, mais plus certainement du côté de sa propre survie s’il ne se décidait pas à prendre le taureau par les cornes. Ce n’est pas vraiment ce que lui indique les reniflements dans son dos. A croire que même pour se dépoiler il a besoin d’une poignée d’élan.

*Bon ! Il va pas me gonfler avec son morceau de tissu. *


Elle se retourne en espérant qu’il ait fini ses petites affaires. Ouf ! C’est bien le cas. En plus il a l’air bien mieux même s’il continue à se cacher derrière le tissu. A croire qu’il ne sait pas ce qu’il veut. Sa respiration semble plus libre. Si c’est son top qui l’empêchait de respirer c’est le genre de chose qu’il est ridicule de posséder. Elle pense aux corsets des femmes d’antan, voici que c’était mes mecs qui se compressaient dans le même genre d’instrument de torture. En tout cas ça allait peut-être leur permettre de progresser un peu et ce n’était pas dommage. Pour l’heure, c’est le regard du revenant qui semble vouloir reprendre lui aussi du tonus, voire ne pas lui vouloir que du bien.

*Si tu crois m’impressionner mon gars ! *

Clairement, après ce à quoi elle venait d’assister son regard plein de reproches, la laissait parfaitement froide. En outre ce qu’elle interprète comme une tirade pleine d’ironie et d’amertume n’est pas très bien joué pour quelqu’un qui attend de l’aide de la part de l’Islandaise qui sans être hostile est tout de même revêche de nature. Il a vraiment besoin de cours de communication, au moins autant qu’elle, à moins que ce ne soit de la psychologie inversée comme le lui avait appris Aragorn et qu’elle avait si bien identifiée chez Jon Einarson, son tuteur qui avait essayé de la manipuler en faisant genre de vouloir le contraire de ce qu’il attendait vraiment. Comme si elle était gourde à ce point ! Jamais il ne s’était dit que ses positions n’étaient pas juste là pour l’emmerder lui et le monde mais reposaient sur quelque chose de réfléchi ? Rien qu’au souvenir de ses premiers contacts avec l’éducateur, elle sentit la colère monter en elle, alors que par la suite, ce dernier avait fini par comprendre comment fonctionnait sa protégée et s’en était fort bien accommodé tandis qu’elle avait fini par lui accorder une bonne part de confiance. En tout cas elle était persuadée qu’il ne lui ferait pas de petit dans le dos. Elle plisse la bouche à le transformer à en un tout petit bouton rouge excédé là juste sous en nez renfrogné, mais le laisse terminer. L’argument de la com’ fait mouche car elle sait objectivement qu’elle a des lacunes dans le domaine. Cependant elle trouve qu’étant donné la bordée de reproche qu’elle vient d’essuyer, ils pourraient suivre la formation de concert ! L’atmosphère s’est soudain refroidie de plusieurs degrés relationnellement parlant. En plus il n’a pas trop l’air de savoir sur quel pied danser. La moindre respiration et sa colère s’envole genre le mec qui assume pas ses punch-lines et les retire à peine décochées. Heureusement, il a pour lui de commencer à reprendre ses idées et même à être capable de formuler des demandes concrètes et rationnelles, confirmant au passage le caractère inapproprié de son binder. Il avait fallu le temps mais elle venait de prendre une bonne leçon de patience qui s’était révélée positive.

Elle prend son bâton à demain avant de s’approcher posément de Willie et de s’accroupir lentement devant lui pour mettre son regard au niveau du sien, le bâton en travers de ses cuisses. Il est rare que Mona darde ses yeux dans ceux d’un autre et en général c’est un regard sans aménité pour celui qui aime manier euphémisme, litote et autres figures de style. Sa voix est posée mais glaciale.

« Robot Bear Girl est toujours là alors qu’elle aurait pu se casser depuis belle lurette. Robot Bear Girl n’est pas un putain de sauveteur donc désolée pour son inefficacité. »

Cette mise au point faite, elle peut en effet voir ce qu’elle peut lui proposer en termes de secours. Elle a décidé de laisser de côté ses considérations sur le climat et la civilisation avec lesquelles elle n’est pas vraiment d’accord, mais on verrait ça plus tard, une fois qu’on aura réglé les priorités de monsieur. Elle fait glisser son sac sur une épaule puis devant elle et le pose parterre entre ses genoux. Son blouson dépasse toujours des deux côtés du rabat de son sac à dos. Il pourrait peut-être faire l’affaire… Elle déclipse les deux lanières qui mettent en tension la toile autour du bomber et le jette posément sur son épaule pour ouvrir le sac et en sortir une couverture de survie. Elle économisera donc son power tape pour cette fois. La voici, Le blouson au bout d’un bras et la couverture dans l’autre main, elle ne peut pas faire mieux que de les lui proposer.

« J’ai ça.
Par contre, mauvaise nouvelle, je ne parle pas Espagnol. »


Et malgré son look qu’elle aurait pu apparenter à celui d’un gars du cru, avec ses longs cheveux et sa barbes noirs, visiblement, lui non plus. Cela relance la question de ce qu’il fiche ici. Et s’il était dans le même cas qu’elle ? Ce serait assez rassurant de penser qu’on ne peut être téléporté que par deux : elle et Nathan, elle et Willie… Cela avait quelque chose de rassurant mais de complètement improbable. Quelle est la probabilité pour que deux personnes soient téléportées en même temps au même endroit ?

*Eh bien on fera sans. *

Elle lui tend ensuite sa petite bouteille d’eau.

"A économiser. J’ai déjà bu dedans. »

Elle se remet debout. Elle espère que cette fois le naufragé va se trouver bientôt en état de prendre le chemin de la vallée, enfin, ce qu’elle estime être le chemin de la vallée parce qu’à cet endroit, la route descend dans cette direction. Elle sait bien qu’il est possible qu’elle remonte plus loin et sur son petit écran de smartphone, difficile de lire les variations d’altitude de ladite route.
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeMer 16 Aoû - 19:26

« Robot Bear Girl est toujours là alors qu’elle aurait pu se casser depuis belle lurette. »

S’il n’était pas occupé à la dévisager attentivement, profitant qu’elle se mette – enfin ! – à sa hauteur pour détailler les traits plutôt inexpressifs de son visage, Willie lèverait volontiers les yeux au ciel. Pour tout le bien que ça lui a fait, à lui, qu’elle reste, elle aurait probablement pu s’abstenir. Parce que jusqu’à preuve du contraire, à part le faire se sentir comme une grosse merde, elle n’avait pas accompli grand-chose. Mais à cette distance, la rouquine ne manquerait pas de remarquer son irrévérence, et s’il ne craint plus vraiment qu’elle reparte d’où elle est venue, il ne tient pas non plus particulièrement à envenimer la situation.
Il est loin d’être une pauvre petite chose, frêle et vulnérable, mais à cet instant précis il n’est pas non plus au sommet de sa forme – aussi bien physique que mentale. Une confrontation, à ce stade, ne serait qu’un immense gâchis de ressources, et ces dernières sont bien assez éparpillées comme ça. Aussi, le jeune innu s’abstient de laisser filer le petit commentaire cinglant qui voudrait bien innocemment lui échapper, et il se contente de pincer les lèvres avant de soupirer plus lourdement.

La journée s’annonce interminable…

Elle finit par se mettre en mouvement, ôtant son sac de ses épaules pour le fouiller, et Willie l’observe, tandis qu’elle s’affaire, trop fatigué pour émettre le moindre commentaire. Pourtant, il y en aurait, des choses à dire.

Il a un regard de dépit pour le blouson qu’elle extirpe de son sac à dos, préoccupé par des questionnements logistiques de largeur d’épaules et d’étroitesse de manches, mais l’arrivée de la deuxième option coupe court à ses tergiversations. Ses yeux s’écarquillent d’une légère surprise, alors que les reflets dorés de la couverture de survie accrochent son regard, et il relève vers la rouquine une expression de sincère confusion. Dans quel genre de trek apocalyptique à travers la jungle des Yungas est-ce qu’elle s’était embarquée, au juste, pour se trimballer ce genre d’équipement ? Et sans même parler espagnol… ?
La pensée traverse l’esprit de Willie comme une petite fusée, et il se prend soudain à espérer très fort qu’elle n’escompte pas, de son côté, l’embarquer dans ce genre de rodéo, lui qui n’a même pas de chaussures à ses pieds.

Enfin, de toute façon, même s’il accepte son assistance, si maigre et enrobée de mauvaise volonté soit-elle, rien ne l’oblige à suivre les exactes traces de la jeune touriste. Il a un début de plan en tête, et ce dernier lui parait tout à fait cohérent, alors si jamais elle fait mine de faire bifurquer leur drôle expédition vers des terrains trop aventureux, il sera toujours temps de la remercier, et de lui souhaiter bon courage pour le reste de son excursion sauvage.

Pour le moment, il a un choix à faire. Le blouson probablement très serré aux épaules – il a une carrure plutôt fine, comparé à la plupart des hommes cis de son gabarit, mais tout de même, avec l’aide de la testostérone, et d’une musculation régulière et entretenue, il est loin de la finesse de sa ‘sauveteuse’ – ou bien le contact inconfortable de la couverture de survie, pour il ne sait encore combien de kilomètres de marche. Il n’a jamais été un type douillet, ou même très attaché à son confort, mais allez savoir pourquoi, la délicate caresse de l’aluminium sur ses tétons mis à nus n’est pas une perspective sensorielle qui l’enchante particulièrement.
Mais ce qui le rebute, plus que l’un et l’autre réunis, c’est la perspective de faire ce trajet là avec la poitrine à l’air, alors aussi cornélien soit le dilemme, et aussi tristement désagréables en soient les options, il faudrait bien qu’il tranche, et vite.

Finalement, son choix se porte sur la couverture, qu’il s’empresse d’enrouler comme une cape – ou un drôle de poncho – autour de ses épaules, avant d’en extirper ses cheveux par l’encolure, d’une main pressée. L’épaisseur métallique de l’isolant fait un boucan de tout les diables, alors qu’il se tortille en dessous, jouant de plis et de nœuds grossiers pour donner un semblant de forme à l’ensemble, et parvenir à la faire tenir sans que cela ne lui monopolise les mains. Le tout sans jamais laisser apercevoir à son triste public le moindre éclair de peau, en ce qui concernait sa poitrine. Quand il finit par réussir à bricoler quelque chose de fonctionnel, en sacrifiant l’élégance et le confort au passage, il reprend son binder, pour le coincer dans la poche arrière de son jean, où il se met à flotter comme un fanion inutile.

Vient ensuite la bouteille d’eau, qu’il récupère d’un geste presque automatique, recueillant la recommandation de Mona avec un petit lever de sourcil. Est-ce qu’elle est vraiment en train de lui dire qu’elle est venue randonner jusqu’ici, à travers la jungle, ou même par la route, pour ce qu’il en savait, et que c’est là toute l’eau qu’elle a cru bon d’emporter avec elle… ?
Il prend une gorgée prudente, sans la quitter des yeux, en se demandant tout de même si on n’était pas en train de lui jouer une gigantesque farce.

Parce que sinon, seigneur, c’est elle qui avait besoin d’aide, à tout bien reconsidérer. Entre le fêtard confus, dans son poncho en alu, trempé et en bonne voie pour la pire gueule de bois de sa vie, et la rouquine survivaliste, tout aussi peu aimable qu’inégalement préparée, ils formaient vraiment le plus incongru des duos. Et probablement le moins apte possible à effectuer le trajet qu’ils s’apprêtent à entreprendre.

Autrement dit, même avec toute la bonne volonté du monde, ils partent, l’un comme l’autre, avec un sacré handicap. Quelque part, cette idée-là, aussi désespérante puisse-t’elle être, adoucit un peu son opinion de la jeune femme. Elle est probablement aussi paumée que lui, après tout…
Réalisant qu’un long silence vient de s’étirer entre eux, alors qu’il était perdu dans son drôle de monologue mental, et levant sur la rouquine le premier regard relativement bienveillant qu’il avait su trouver en lui depuis son… arrivée, Willie tente d’élaborer un peu son commentaire précédent, conscient qu’elle l’avait sans doute mal compris.

« Dis, sérieusement, tu es sûre que tu connais pas Bear Grylls ? Genre, de Man VS Wild. Parce que vu ta définition du tourisme, c’est une émission qui pourrait sérieusement t’intéresser. »

Le jeune innu pouffe un peu pour lui-même. La remarque, même s’il la lance en l’air sans vraiment en attendre quoi que ce soit a tout de même le mérite d’être cruellement pertinente. Il ne lui manque plus qu’un caméraman, une audience, et un nom d’émission accrocheur. Genre « Rouquine versus Wild ». Peut-être quelque chose d’un peu moins copyrighté. « Bear girl, la fille sauvage, élevée par une famille d’ours bruns », ça pouvait faire une thématique accrocheuse, et puis ça expliquerait assez bien ses sidérant problèmes de communication.
En tout cas, elle est quand même plutôt équipée, la fille sauvage. Elle a même pensé au petit récipient pour recueillir son urine…La pensée le foudroie tout net, et après avoir jeté un regard suspicieux à la bouteille, entre ses mains, il finit par la refermer, et la restituer à sa propriétaire avec un petit sourire gêné. Tout ça ne va pas aider sa gueule de bois en préparation, mais à présent que l’idée s’est implantée dans son petit crâne, il n’y a pas moyen qu’il reprenne une gorgée de liquide. On n’est jamais trop prudent, après tout. Et si l’existence l’a amené à prendre des décisions bizarres, ou à affronter des situations absurdes et inconfortable, boire consciemment l’urine d’autrui n’est pas encore de celles qu’il est prêt à surmonter aujourd’hui.

En plus, s’il finit par avoir envie de pisser au milieu de la pampa, sans ce brave petit Steve, il va être obligé de s’accroupir dans les hautes herbes, et ça c’est une autre humiliation qu’il aimerait bien s’éviter. Une par jour, ça suffit amplement, de ce côté-là.

Un grand soupir lui ébranle les épaules, tandis qu’il prend finalement la décision de se relever, poussant sur ses jambes, et appuyant une main par terre pour ne pas tanguer sur ses appuis. Le manque d’oxygène a laissé quelques étourdissements ici et là, du côté de son oreille interne, et le sol, sous ses pieds nus, n’est ni le plus stable, ni le plus accueillant des terrains. La tâche est donc laborieuse, mais le jeune Innu finit par en venir à bout, puis, une fois à la verticale, il en profite pour étirer maladroitement ses jambes, et son dos.

Au moins, il n’a rien de trop abîmé, là-dessous. Avec les cascades que le chauffard de tout à l’heure lui a fait faire, pourtant, ça n’avait rien de gagné. La chose engage Willie sur une pente d’optimisme, qu’il décide de suivre, tout en finissant de s’épousseter, et se met à faire, dans sa tête, la maigre liste de leurs atouts, dans cette invraisemblable aventure.

« Bon euh… Au moins pour ma part, je baragouine un peu espagnol. Alors peut-être que si on a de la chance et qu’on tombe sur un mec pas trop lettré… »

Avec ça, on peut sans doute considérer qu’en dehors de l’équipement de Mona, la rouquine et lui sont capables de rassembler, à eux deux, un minimum de connaissances topographiques et culturelles de l’endroit où ils sont tombés. Lui de par ses études et ce qui lui en revient s’il rassemble ses quelques neurones épargnés par l’alcool, et avec un peu de concentration, et elle… euh…

Parce qu’elle a un minimum préparé son expédition… ?

Comme réalisant quelque chose, Willie, qui a commencé à se mettre en marche, s’immobilise les deux pieds dans la boue qui orne le côté de la route, et il se retourne pour dévisager Mona en plissant les yeux. Il a beau être encore pas mal ivre, il y a vraiment quelque chose qui le chiffonne, depuis tout à l’heure, et peut-être qu’il ferait bien de commencer à vocaliser tout ça, parce que, tout de même, maintenant qu’il pose le doigt dessus, ça lui parait drôlement fondamental, comme questionnement.

« Attend, non, vraiment, il faut que tu m’expliques comment tu t’es lancée dans cette randonnée du cauchemar parce que… »

Il écarte les bras, découvrant quelques centimètres de son ventre au passage, pour désigner, d’un geste vague, mais décidé, l’ensemble très inégal de leur situation. Parce que si Mona ne réalise pas que les promenades touristiques sont censées ressembler à tout autre chose que ça, alors elle doit avoir un sacré problème de rapport à la réalité. Un genre de déni, ou d’ingénuité pathologique. Reste aussi l’option qu’au contraire, elle est parfaitement consciente de la mouise intersidérale dans laquelle elle se retrouve catapultée, au milieu de sa croisière Bolivienne, mais elle prend la chose… admirablement bien. Beaucoup trop pour quelqu’un qui ne serait pas sous l’influences de narcotiques quelconques. Et encore.

Pour sa part, les quelques restes d’alcool, dans son sang, ne lui sont pas de la plus grande des assistances.

Willie lâche un profond soupir, et décide de mettre fin à ses divagations mentales. Elles ne le mèneront probablement pas très loin, dans son état, et puisqu’il a encore le spécimen sous la main – et pour un bout de temps, si aucune voiture ne se pointait – le plus simple reste encore de continuer à l’interroger elle. Pas vrai ?

Pour un type en poncho métallisé, marchant pied nu sur un fil entre la gueule de bois et la panique la plus élémentaire, il se trouve plutôt en bon état, encore, du côté de l’intellect. Mais peut-être n’est-ce là encore qu’une illusion résultant de ce savant mélange d’infortunes diverses. Pourtant, ignorant cette considération, et curieusement revigoré par le regain de confiance qu’elle lui apporte, il poursuit, d’une voix encore rocailleuse.

« Tu t’es fait arnaquer par une agence de voyage, un truc comme ça ? »
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeVen 18 Aoû - 17:52

Je me demandais si les choses allaient en rester là. Depuis que j’étais tombé sur ce type visiblement en perdition tout ce à quoi j’avais assisté était ses atermoiements geignards. Ouais j’ai un peu de vocabulaire qui me vient d’Aragorn et Galadriel, mais je crois pas qu’il soit fait pour une fille comme moi. Alors parfois il remonte à la surface, mais ça fait fille prout prout et je me demande même dans quelle mesure, fille prout prout cinglée n’est pas pire pour les gens que fille ollé-ollé cinglée. J’ai pas dit que j’étais ollé-ollé.

Toujours est-il que c’était à croire que le gars était pris dans une boucle temporelle et que les choses étaient condamnées à se répéter indéfiniment. En même temps je veux bien admettre qu’il ait vécu un truc pas cool et qu’il soit complètement paumé. Ça peut arriver à tout le monde. D’ailleurs ces derniers temps j’avais donné en la matière et c’était bien pour ça que j’avais pris des précautions qui allaient peut-être se révéler utiles. Cependant, je n’arrivais pas à saisir quelle était la raison de son manège avec son binder et ce qu’il attendait de moi. J’allais pas le dépoiler moi-même si ? On m’avait déjà fait le reproche il n’y avait pas si longtemps que ça alors que la situation me paraissait bien plus urgente ! C’est pas que me faire traiter de cinglée est quelque chose de nouveau pour moi, mais bon, je ne cours pas non plus après le qualificatif et j’essaie d’apprendre de ce que les autres appellent mes erreurs, bien que parfois je ne suis pas bien certaine qu’il s’agisse des miennes. Je trouvais même que j’avais été très patiente. Plantée là à attendre qu’il ait repris sa respiration, je me suis détournée pour qu’il puisse faire ses trucs avec son top trop serré. Et pour finir, il me demande un truc et hop, la bonne Mona, elle lui file ce qu’elle a. J’oubliais mon calme devant ses sarcasmes. Je suis sûre que certains de ma connaissance ne me reconnaîtraient pas.

Finalement, donc, il y était arrivé et avait même pu formuler une demande et il me sembla que les chose allaient progresser, qu’on n’allait pas rester à bivouaquer sur le bord c’te putain de route qui alliait un peu trop de charmes exotiques à mon goût. Altitude, pays étranger dont je jacte pas la langue, jungle avec ce que cela implique de bestioles inattendues et Bolivie avec sa réputation de coupe jarret. Inutile de vous dire que je n’avais qu’une hâte, rejoindre un semblant de civilisation pour commencer et rentrer chez moi. En y pensant je me disais que ça commençait à devenir une habitude et que faudrait que ça s’arrête parce que et d’un j’aime pas qu’on impose des choses sans me demander mon avis que si je suis à mon aise dans mon petit monde je me sens pas vraiment l’âme d’une globe-trotteuse, obligée de mettre en application les notions de survie que je n’ai pas et pire encore de communiquer avec des inconnus qui en l’occurrence n’allaient même pas parler la même langue que moi. De deux, j’ai bien d’autres choses à faire. Sauron attend que je m’occupe de son cas et j’ai à peine le temps de me demander comment je vais le coincer. J’ai un petit bricolage en tête mais pas sûr que ça fonctionne…

Quoi ? Un problème avec ma couverture de survie ? A croire qu’il n’en avait jamais vu. Faut vraiment avoir envie de lui venir en aide à celui-là. Je sais pas trop comment le contenter. Perso, j’aurais choisi le blouson parce que quand même il a beau être carré, enfin, je veux dire, des épaules, je m’habille plutôt ample. Comme un sac dit Mimi. Facile pour elle, elle est golée comme Motoko Kusanagi. Bref, en faisant un petit effort, il aurait pu le supporter, mais bon tant pis pour lui. Il se peut que j’en ai besoin d’ici que je retrouve mes pénates. Ouais, je vois le genre. Il a pas encore réalisé le merdier dans lequel il se trouvait et pense qu’il peut faire le difficile et qu’après mes deux solutions, je vais faire apparaître un smoking à sa taille. C’est sûr c’est pas le genre à porter des smokings… En tout cas il a les moyens de faire le difficile alors ajouté à ses manières un peu pleurnichardes je me demande si je ne suis pas tombée sur un de la haute dont l’hélicoptère s’est crashé dans le jungle sur le chemin d’une soirée dans une ambassade quelconque. Mon imagination va bon train mais ça me paraît tellement gros. Du coup, je le regarde se démerder avec le film doré. Ses mains ne sont pas celle d’un fils à papa et j’ai peut-être tiré des conclusions trop hâtives mais bon il ne va pas mourir pour ça. Si je vois qu’il galère trop je sortirai mon power tape, ça fera plus l’affaire

Celui qui me dit que j’exagère ne l’a pas vu prendre ma bouteille comme si je lui avais tendue un flacon d’eau de Javel. Du coup le posh qui attend qu’on lui serve un grand cru ressurgit aussitôt. Manquerait plus qu’il soit français ! J’ai vraiment l’impression de tomber à chaque fois à côté. Comme d’habitude me direz-vous ? Ouais là non bien pire. Genre je lui dirais bonjour, il entendrait haut les mains. Cette ballade va me paraître très longue je crois. Je regrette déjà de m’être arrêtée. Mais pourquoi ? Là ça m’est facile de rejeter la faute sur Nathan que j’ai rencontré sur une île il y a de cela quelques semaines et j’avoue que je ne m’en prive pas. Je le déteste, lui et ses principes altruistes ! Je reprends ma bouteille un tantinet sèchement. Elle est pas empoisonnée non plus ! Si on a besoin de la remplir dans la nature je me demande comment il va réagir.

Il est temps de se mettre en route et, miracle, il parvient à mettre un pied devant l’autre malgré son air hésitant. C’est la première bonne nouvelle depuis longtemps. Ceci dit il en faudra d’autres pour me rendre la confiance qui s’est envolée depuis que je piétine sur ce coin de route à attendre mon taxeur de couverture de survie. C’est étrange avant j’étais paumée et pleine d’incertitude, mais je ne me sentais pas coincée et libre d’assumer les bourdes que je pourrai commettre. Maintenant j’ai une paire d’yeux qui, je le sens est en train de me juger à chaque geste mais qui en même temps attend que je le sorte de ce merdier où je ne l’ai pas fourré. Je crois de ce côté, il est assez grand pour faire ça tout seul. Du coup je me sens bien moins en sécurité, mais qu’il ne se fasse pas d’illusion s’il me prend trop la tête, je le largue au milieu de nulle part. C’est stupide dit Nathan mais je m’en…

Je tourne la tête brusquement vers lui. Putain c’est pas vrai ! Il va recommencer avec cette histoire. Je crois que mon regard n’était pas des plus amicaux, il signifiait juste rien à foutre de tes histoires. Je préfère me concentrer sur notre marche et mes yeux se tournent vers la suite de la route. Ceci dit pour pas faire ma grognon comme dirait Mimi, je lui accorde un définitif :

« Oui. »

Je hausse les épaules. Du tourisme ! C’est ça ! Et pourquoi ça m’intéresserait ? Man Vs Wild ! Je vois le genre ! A vrai dire je ne vois rien du tout vu ma fréquentation de la télé. J’imagine juste le héros de pacotille suivi par toute une troupe de techniciens et de sauveteurs et qui fait mine d’être aux abois au milieu d’un milieu hostile peuplé de scripts, de producteurs, de docteur… Tout compte fait, j’ai bien envie de le plaindre. Tous ces gens autour qui te disent « passe par là » « regarde par ici », c’est une autre sorte de jungle. Suffit d’un de toute façon. Je n’ai qu’à regarder à côté de moi, j’ai touché un parasite qui en plus se fout de ma tronche. Je suppose qu’il ne me veut pas de mal. Il ne me connait pas encore assez pour ça, mais moi honnêtement, je le connais suffisamment pour lui faire goûter la pogne de Bear girl, car je reste sur mon malentendu de tout à l’heure. Ca y est je commence à me sentir excédée et dans ces cas-là, je le sais, j’ai vraiment du mal à voir le positif de la situation et en plus cet état m’énerve car j’en ai horreur, je suis autant en rogne contre moi que contre le monde extérieur.
Je sais que les soupirs et les grandes bouffées de respiration sont des signes qui en disent long sur vous alors j’ai dû trouver autre chose pour retrouver mon calme. Pas de grimace non plus, quand j’étais au foyer j’ai fini par comprendre que mes mimiques me trahissaient et j’ai vite appris à me composer un masque inexpressif. Certains disent que je fais la gueule et j’avoue que je ne souris pas beaucoup bien que Mimi et Pha’ me disent que ça me va bien. Mais je ne fais pas la gueule je me protège, point. Non contre la rage qui monte en moi, j’attrape une mèche de cheveux et je fais un bas de natte. Le contact de mes fibres capillaires entre mes doigts me chatouille un peu et me rappelle ceux de Galadriel. Quand Kristell ne répétait pas avec elle, j’avais quelque fois le droit de lui lisser les cheveux et papa disait que j’avais les cheveux aussi doux de ma mère. C’est sans doute la seule chose que j’avais en commun avec elle. Même pas la même couleur de cheveux, pas son don pour la musique pas son élégance. « En même temps », disait Aragorn, « on ne demande pas à une gamine d’être élégante. » Ca n’empêchait pas Celebrian de susciter l’admiration avec ses manières… Bon j’arrête de penser à elle sinon, mon gimmick de retour au calme va échouer. C’est pas encore le Pérou, mais je défais la petite tresse un peu plus sereine.

Pour un peu j’aurais sauté de joie. Une bonne nouvelle ! Une compétence qui pourrait nous tirer d’affaire. Le mec parle un peu d’espagnol. Je prends. Même s’il n’est pas Cervantes, c’est tout de même mieux que rien et peut nous éviter des malentendus quand on tombera sur des gens du coin, si jamais ce coin abrite des gens. Mais je ne suis pas le genre à sauter de joie à grimper au rideau dès que la vie fait semblant de vous accorder une faveur. Je glisse tout de même un

« Cool ! »

Qui semble arriver avant un « et à part ça ? Tu sais quand même faire autre chose ? » Mais heureusement je me dis que ce n’est pas une bonne idée. Il vaut mieux que je me taise même si on va encore me dire que c’est facile, que je laisse tout de travail de communication aux autres, que ça ne les aide pas à avoir envie de discuter avec moi. De tout façon, pour discuter faut avoir une bonne raison. La seule que je vois c’est notre situation et je ne me vois pas lui dire que même s’il n’y croit pas je viens de me faire téléporter ici et que j’aimerais juste rentrer chez moi. Personne peut croire ça hormis ceux à qui s’est arrivé et la probabilité pour que sur les dix milliards d’êtres humains ou qui se prétendent l’être, je tombe sur un qui en a déjà fait l’expérience est tout simplement proche de zéro, ou alors je vais finir par me dire que c’est encore plus le bordel sur Terre que je ne le pensais et que les gens se font déménager d’un coin à l’autre du globe de façon tout à fait ordinaire. C’est d’ailleurs sûrement pour ça que personne n’en parle… Parfois je me demande comment fonctionne mon cerveau. C’est absolument pas logique de penser des trucs comme ça.

Apparemment, lui se pose des questions voisines des siennes ça peut être un début de dialogue. Hannn ! Un dialogue ! Je peux me pointer sur un ring en face d’un gars qui fait deux ou trois fois mon poids, en assommer un autre à coup de ce qui me passe par la main s’il me cherche des noises, mais putain les dialogues. Comment dire ? Les gens sont si… Indiscrets, ouais c’est à peu près le mot que je cherche, celui qui veut dire qu’ils veulent tout savoir sur celui qui est en face d’eux. Tant que ce n’est pas moi je m’en contrefiche, mais pitié ! Laissez-moi tranquille ! J’ai pas envie de me raconter, pas envie de les inviter dans ma forteresse. Je sais qu’un jour ça se retournera contre moi, même si de prime abord ils sont pas animés de mauvaises intentions et puis ça finit toujours par des trucs du genre : « Mais pourquoi t’es comme ça ? » « Pourquoi tu vis comme ça ? » à me renvoyer dans ce qu’ils jugent comme une étrangeté, une folie ou que sais-je. Je continue de marcher, sans lui accorder un regard, je sers juste mon bâton un peu plus fort et prends quelques pas d’avance pendant qu’il marque le pas et fait protester la couverture de survie qui frissonne comme le feuillage entier de la jungle entière sous une averse qui va pas tarder à nous tomber dessus si on n’avance pas plus vite. Le climat tropical, il a jamais entendu parlé ? Pendant quelques secondes j’arrive à me convaincre qu’il a laissé tomber l’affaire, mais non. Le voilà qui revient à la charge avec ses histoires de tourismes. Putain ! Il me prends pour une débile qui cherche des sensations ou qui est pas foutu de suivre son groupe à la sortie du bus ! Ok !

Je m’arrête brusquement en face de lui sans faire l’effort de cacher des yeux qui, c’est certain doivent lui crier mon exaspération.

« Bon ok. Madame Conne est de retour. Tu veux lui faire la conversation ?  Alors raconte. Tes potes ont mis le paquet pour ton enterrement de vie garçon et ont un peu forcé la dose ? »

Mon regard ton sur son torse si habilement recouvert depuis que nous nous sommes croisés. Je me demande si je continue en lui demandant s’ils sont allés jusqu’à lui tatouer un truc bien salasse sur son torse, mais je m’abstiens. Je secoue la tête et reprends mon chemin en concluant.

« Si ton histoire est à la hauteur, je t’affranchirai sur la mienne. »

Ca me donne tout le temps de trouver un truc plausible à balancer même si je ne vois pas bien quoi. Le mensonge c’est pas trop mon truc, je préfère le silence. Mimi me dit parfois que justement je devrais apprendre à mentir au lieu de balancer des horreurs aux gens. C’est pas des horreurs, c’est juste la vérité. Y en a même qui se vexe quand je les mets en valeur. Comme cette fille qui a pris le mors aux dents quand je lui ai dit que son mec était un bon coup. C’est pas tous les jours qu’on baise avec un gars s’inquiète de vous faire jouir ! Alors lorsque j’imagine que Mimi et Aragorn me font les gros yeux, je me tais. Je pourrais entrer dans son délire de touriste inadaptée mais il aurait tout de même pas mal de trucs qui clocheraient ne serait-ce que dans ma tenue. Alors je plonge dans les raisons possibles pour une fille comme moi de se retrouver sur une route au milieu de la Bolivie. A chaque fois je tombe sur une histoire de cruche qui tombe du placard. Il y a juste le placard qui change. C’est bizarre comme j’assume assez bien mon statut de folle mais vraiment pas celui de débile ! Avec un peu de chance, je vais pouvoir rebondir sur son histoire. « Non ?!!! C’est pas possible ! Ah Bah c’est un peu comme moi… »
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeMer 30 Aoû - 17:01

« Hein… ? »

Ralentissant le pas, alors que leur petite expédition d’infortune se met enfin plus ou moins en mouvement, Willie s’est retourné pour contempler Mona, les yeux ronds d’un mélange d’agacement et de stupeur. Décidément plus il en sort de sa bouche, à Bear Girl, et moins le pauvre Innu y comprend quelque chose. Déjà, est-ce qu’elle est sérieuse, au final, avec son « Madame conne » ? Parce que si elle continue d’insister, lui va finir par l’écouter, et vraiment l’appeler comme ça, mais quand même, il a de sérieux doutes sur la question. Et ensuite…

Ensuite, bon sang, mais Willie est à peu près certain d’avoir rencontré des policiers anti-émeutes plus sympathiques et coopératifs que la demoiselle ne l’est en ce moment. Il soupire, et lève une main pour se gratter la tête, en reprenant sa marche. La boue protège plus ou moins ses pieds, sur ce côté de la route, mais de temps à autre un petit gravillon s’y cache, enfoui, et vient lui piquer la plante des pieds très désagréablement. Au point où il en est, il a connu pire, mais tout de même. Cela ne contribue en rien à améliorer son humeur. Au contraire.

La nuque toute crispée de tensions, il prend un moment pour chercher ses mots, et une cigarette abandonnée, à l’intérieur des poches de son jean. En soirée, il lui arrivait d’en planquer une ou deux, dans réfléchir, quand on l’empêchait de les fumer tranquillement, alors, avec un peu de chance…

Evidemment, par une journée comme celle-ci, la chance, c’est quelque chose de relatif. Willie contemple d’un air dépité la petite Malboro cassée en deux, qu’il fait prudemment rouler entre ses doigts, et se dit que quelque part, et pour une raison qui lui échappe complètement, il existe une entité cosmique quelconque qui a pris la décision sans appel de lui pourrir sa journée.
Du côté de la réponse à apporter aux grommèlements de la rouquine, l’état des lieux n’est pas plus glorieux. Il se racle la gorge, dans l’espoir d’en chasser la colonie de chauves-souris que l’alcool, la panique, et le réveil difficile avaient placé là, puis s’élance, incertain, et décidément trop fatigué par tout ça pour jouer la carte de la méfiance.

« Pff, euh… Ouais. Okay. Bah euh... J’te préviens, moi-même j’suis pas sûr de bien comprendre euh… »

Après tout, qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire. Appeler la police ? Le traiter de fou et le planter là ? Lui retirer un rein avec un couteau suisse et une bouteille isotherme ? Même cette option-là ne l’étonnerait plus, après ce début de journée défiant tout sens logique, mais si par le plus grand des hasards elle s'avère vraie, et même dans son état, Willie escompte bien être capable de défendre son bifteck – ou ses reins – face à l’enfant caché de Bear Grylls.

« C’qui m’est arrivé. Genre… genre j’pense qu’il doit manquer des morceaux, parce que… sinon ça n’a… absolument aucun sens, haha. »

C’est un rire jaune, et rocailleux, qui s’extirpe tant bien que mal de la gorge de Willie, tandis que son regard retourne s’enterrer dans la boue à ses pieds. Un rire nerveux, qui lui tiraille la poitrine, et qui glisse une sensation glacée au fond de son ventre. Comme si un serpent venait d’y faire son nid. Il occupe ses mains en tripotant sa cigarette, dans l’espoir de réussir à reconstituer quelque chose de fumable. La technique, il la connaît, il l’a suffisamment pratiquée dans les temps de disette, ou les lendemains de soirée trop agités. Il faut finir de casser le tube en deux, vider la partie où le filtre est accrochée, pour pouvoir y visser plus proprement la partie encore chargée de tabac, et former, en doublant le papier, un sceau suffisamment étanche pour que la fumée ne s’en échappe pas. Ça c’est la théorie.
Dans la pratique, Willie a les doigts qui tremble, nulle part où poser son bricolage à plat, et en plus il doit tout faire en marchant. A cet instant, la chose est pour lui plus ardue que s’il avait dû résoudre un problème de mathématiques. Et pourtant il déteste les mathématiques.

Mais la détermination, le stress, et le besoin compulsif de noyer toute cette absurde matinée dans un nuage de nicotine, sont les meilleures motivations du monde. Redoublant de concentration, et levant son ouvrage à hauteur de visage, pour que le soleil l’éclaire un peu mieux, il poursuit, la voix toujours aussi maladroitement menée.

« J’étais à Boston, en me réveillant. Genre… J’sais pas vraiment quelle heure il était, mais il faisait jour, et…j’suis presque sûr qu’on était aujourd’hui. Sauf qu’entre Boston et… disons La Paz, pour être optimiste, y’a… plus de six mille kilomètres, et encore, en ligne droite. Ça fait quoi… huit heures d’avion. Et… J’me souviens pas d’avoir pris l’avion… » Il s’arrête, une seconde, le temps de finaliser son bricolage, et de le faire tourner délicatement entre ses doigts, pour vérifier qu’il n’y a plus de trou visible à la jointure. Puis, il coince la clope rafistolée au coin de ses lèvres, et reprend sa route, fouillant son jean à la recherche d’un briquet. « Genre, okay, j’étais vraiment pas très frais, et t’es pas tombé si loin, avec ton histoire d’enterrement. Mais c’était pas le mien on a… hem… squatté l’enterrement de vie de jeune fille de… d’une… Rosalie… ? P’t’être bien… C’est pas important, en tout cas… »

Il secoue la tête, dans le vain espoir d’aérer un peu sa nuque. Entre la chaleur, le stress, et maintenant le manque de nicotine, sa peau est devenue toute moite, et ses cheveux s’y sont collés très désagréablement. La couverture de survie qui lui servait de poncho n’aide pas beaucoup non plus, évidemment, mais au moins il ne va pas attraper un rhume de tétons en se baladant torse poil à cette altitude. Mieux valait un peu de sueur qu’une sale bronchite, dans l’absolu, pas vrai… ?

Il finit par extirper un petit briquet mauve, décoré d’un pénis cartoonesque tout à fait ridicule, mais qui témoigne mieux que tout le reste de ses activités de la veille. Avec un haussement d’épaules – vraiment, il n’est plus à ça près depuis un moment – il allume sa cigarette de fortune avec la précaution d’un orfèvre, et tire sa première bouffée comme un cancéreux reçoit sa morphine.
Il tousse, évidemment, parce qu’avec sa crise de panique de tout à l’heure, sa trachée et ses bronches sont dans un sale état d’irritation, mais ses nerfs chantent des louanges sous la moiteur de sa peau. Oh… C’était exactement ce qu’il lui fallait.

Il allait avoir du mal à la savourer, celle-là, même s’il n’avait aucune idée de quand viendrait la suivante. Mais la suite de son récit approche, alors qu’il souffle un peu de fumée par le nez comme un petit dragon, et cette suite-là est si peu réjouissante, pour le pauvre Willie, qu’il pourrait en consumer l’entièreté de sa cigarette en une seule et tragique bouffée.

« Parce que… haha… Soit je mélange mes dates, et j’ai le trou noir le plus fou de l’histoire de ma vie… Soit… » Il grimace. Déjà cette hypothèse-ci n’est pas particulièrement plaisante, mais alors les suivantes… « Soit on me fait une farce, en mode caméra cachée vraiment super bien cachée, et je vais avoir quelques droites à distribuer après tout ça… Soit… »

Il déglutit, levant les yeux vers le ciel comme si ce dernier pouvait bien avoir la moindre réponse à lui apporter. Lui qui croyait avoir laissé sa part de mystique et de superstition avec lui en quittant Natashquan. Et encore, la pensée lui vient alors qu’il passe une main fébrile dans le creux humide de sa nuque, Il n’y avait absolument rien, dans la mythologie des siens, qui soit en mesure d’expliquer l’inexplicable cauchemar qu’il est en train de vivre. Ses lèvres se tordent en une moue particulièrement contrariée.

« Soit y’a un truc vraiment bizarre qui se passe… »

Doux euphémisme…

Le pauvre garçon a une pensée pour Tim, tout seul à l’autre bout du continent, et s’inquiète de ce que le blondinet va bien pouvoir penser en le trouvant disparu comme un amant malpoli au petit matin d’une étreinte d’un soir. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire ? Il faudrait qu’il aille déplacer Marcelina, mais il détestait toujours devoir la conduire. Et son téléphone, qui devait encore traîner quelque part au milieu des américaines endormies… Oh quel bordel…

Luttant pour ne pas se laisser aller à une nouvelle crise de panique, et le regard un peu brillant de cet effort-là, Willie se tourne vers sa camarade d’infortune, dans l’attente fébrile de sa contribution à l’échange. S’il y avait contribution. On n’était pas non plus à l’abri, après tout, qu’elle décide de se tirer, en le laissant là avec ses conneries de mec toqué.
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeDim 15 Oct - 11:26

Je ne sais pas trop ce que vais pouvoir lui raconter de plus pour le moment et je me contente de poursuivre comme si de rien n’était. Enfin, comme si rien, c’est vite dit. J’aimerais bien qu’on ne s’attarde pas. Aussi j’essaie d’anticiper le tracé de la route et de découvrir quelque chose qui pourrait nous envoyer une raison d’espérer que les choses vont prendre un tour favorable. Par conséquent, je n’accorde pas plus d’attention aux regards lourds de sous-entendu du scaphandre antiradiation qui me sert de compagnon de route. Ce genre de regard, je les connais par cœur et ils ont fini par glisser sur moi comme la pluie sur les plumes des bernaches. Bref ma vision marginale me suffit à me rendre compte de ce qu’il trafique plus ou moins à mes côtés.

De temps en temps, je pense à Mimi je me demande comment elle aurait réagi en de telles circonstances. Sûr qu’elle aurait paniqué dans les premiers moments. Elle est tellement… Tellement, je n’ai jamais su dire comment. Emotionnellement réceptive ? Mais elle est forte aussi enfin, lorsqu’elle a apprivoisé son environnement. Je me demande si elle aurait ri en voyant Willie sautiller de temps à autres sous les agressions de ses plantes de pieds ou si elle aurait renouvelé son offre de les protéger. De mon côté, ni l’un ni l’autre. Je ne crois pas être aussi dépourvue d’empathie comme d’aucuns le croient pour le réjouir des douleurs des autres et puis je me souviens encore trop bien de ma petite promenade sur les landes Néo-Zélandaises. D’un autre côté, il a refusé mon aide, normal qu’il assume et puis proposer quelque chose une fois c’est une chose insister c’est du harcèlement. Là c’est mon éduc qui m’apparait. Je sais pas trop pourquoi, je ne devrais pas laisser mon esprit faire autant de liens inappropriés. Mais bon s’il est là ce n’est pas pour rien. C’est le genre de type qui veut toujours se montrer plein de bonnes intentions alors qu’il représente tous ces enculés qui n’ont rien compris. Il est moins pire que les autres, il est même chouette si je veux être honnête. Mais il a le don de me proposer des trucs soi-disant bien pour moi. « Ça t’ouvrirait des portes… » « Tu es sûre que tu ne veux pas y réfléchir ? ». Lui aussi il me prend parfois pour une débile ! Comme si je ne comprenais pas du premier coup !

Je ne sais pas trop si chercher une cigarette et le signe qu’il commence à se faire à la situation ou s’il cherche de façon machinale quelque chose à quoi se raccrocher, mais je fais mine de ne pas noter son manège. Et puis sa sèche est un peu en piteux état et je n’ai pas l’impression qu’il arrivera à en tirer quoi que ce soit même si je lui propose le briquet qui doit se trouver dans une poche intérieure de mon sac.

Mais il y a de bonnes nouvelles dans cette situation qui s’éternise un peu. Pourquoi est-ce que je ne suis pas déjà repartie à Reykjavik ?! Willie semble disposé à expliquer sa présence au milieu de la cordillère et cela a pour effet premièrement de reporter mon attention sur lui et deuxièmement de me détendre. Au moins je saurai assez vite à qui j’ai affaire et cela me dispensera peut-être de précautions qui ont la plupart du temps pour effet de me donner l’impression de marcher sur un fil même si cet exercice m’est plus que familier. J’ai assez vite remarqué que le silence était la meilleure stratégie si elle était appliquée sur le durée. J’ai depuis que je suis petite pu constater que les gens se découragent assez vite et le mutisme ne me demande aucun effort. C’est plus difficile avec le mensonge. J’ai bien compris de quoi il s’agit mais c’est bien rare que je m’en serve. Je suis bien incapable d’expliquer pourquoi et lorsque j’y suis confrontée ça me sidère à chaque fois bien moins que ça me met en colère. Déguiser la vérité ? Hum… Exercice futile ! Mimi trouve que ma position est hypocrite et que me taire ne vaut pas mieux. Toujours est-il qu’en savoir plus sur la situation de Willie m’intéresse au plus haut point. Le mec semble parti pour ne pas montrer de complexe sur ce qui lui est arrivé et je suis étonnée qu’il ne se montre pas plus hésitant. Hormis ses raclements de gorge d’introduction, sa voix est étrangement affermie comparé à ce qu’il a pu montrer jusque-là. Est-ce que ça le soulage d’en parler ? Pour accueillir son pauvre rire embarrassé, j’essaie d’être une bonne fille et de lui offrir une physionomie encourageante genre t’en fais pas je vois absolument de quoi tu parles mais j’ai un peu peur que ça veuille dire « t’accouches ou pas ? ». En fait les choses ne semblent pas aussi faciles qu’elles avaient démarré.

Sa foutue cigarette diffère l’explication attendue. Après, du moment qu’il ne s’entête pas à me poser des questions auxquelles je n’ai pas envie de répondre immédiatement… Intérieurement je me réjouis des efforts qu’il fait pour ne pas s’arrêter pour son mégot ridicule et je me dis que pendant ce temps, pas besoin de faire la conversation et que malheureusement nous avons bien le temps d’avoir cette conversation. J’essaie de positiver comme je le peux. Je n’ai aucune envie d’être là, d’abord parce que j’ai bien d’autres choses à faire et ensuite et surtout parce que j’ai horreur qu’on m’impose quoi que ce soit et en particulier de m’éloigner de mon petit monde. Question aventure j’ai de quoi faire, pas la peine d’en rajouter. Je serre les dents en pensant à ce salopard de Haarde, mais heureusement Willie commence son récit et m’empêche de commencer à tourner en boucle dans ma tête autour de cette merde.

Pas difficile de comprendre à sa voix que son dérivatif n’a pas suffi à assurer sa voix et qu’il est encore déboussolé, mais il fait les efforts qu’il faut pour entamer son histoire. Je ne peux réprimer un allongement mi amusé mi goguenard (Putain, je vais finir par parler comme Kristel !) à ce début et à la vue du briquet qui ressemble étrangement à ceux que pourrait exhiber Hans lorsqu’il a besoin de dégraisser sa carabine. J’ai beau admettre être méfiante, je ne mets pas longtemps à comprendre ce qui est arrivé à mon compagnon d’infortune. Le malheureux cumule en plus les doutes que son état un peu déchiré peut lui mettre en tête. Pour ma part j’étais, enfin de ce que je peux en savoir, en pleine possession de mes moyens. Je ne peux m’empêcher de ressentir le soulagement de ceux qui s’aperçoivent qu’il y a plus désespéré que leur propre cas. Pourtant c’est à peu près la seule compassion que je peux lui accorder. Je pourrais, je le sais, lui signifier que je comprends parfaitement ce qu’il ressent et que malheureusement ou heureusement, cela dépend du point de vue nous semblons être plusieurs sur Terre à subir ce genre de désagréments, mais je préfère continuer à l’observer plus ou moins à la dérobée. D’ailleurs qu’il s’en aperçoive ou non m’est bien égal, je me doute que de son côté, étant donné ce qu’il a déjà exprimé sur moi, il en fait autant, même s’il est plus préoccupé pour le moment par la façon de gérer ce qui lui arrive.

Je souffle par le nez, façon un peu dérisoire de chasser la fumée qui m’arrive de son clope. C’est étrange comme il décrit de façon assez voisine de la mienne ce qui lui est arrivé et les hypothèses qu’il met sur pied. J’avoue qu’il est moins parano que moi, mais au bout du compte… Putain ! Si je commence à admettre que je suis parano, c’est quez Nathan aura eu plus d’effet sur moi que je ne le voudrais. Je suis méfiante, peut-être plus que la moyenne, mais toujours avec raison. Je comprends pas tous ces gens qui se la jouent je te tombe dans les bras à peine je te rencontre. Surtout si l’on considère les circonstances de ces rencontres.

Ca va être mon tour de répondre à toutes les questions sous entendues dans le récit de Willie. Je sens que je vais encore déplaire, mais y a pas beaucoup d’autres solution que d’énoncer des faits mêmes si ce n’est pas très agréable à entendre. Je m’attends qu’après c que j’ai à lui dire, il me fasse encore une crise dont il a le secret mais au moins ensuite les choses seront claires et on pourra aviser sans jouer au chat et à la souris ce qu’il y a de mieux à faire. Je m’arrête et attends qu’il ait fini de chercher des réponses dans un ciel muet et décide lui asséner la vérité sur ce qui lui arrive.

« Des trucs bizarres ? Sans l’ombre d’un doute. Tu viens comme ma pomme, d’être téléporter de ta petite fête au milieu des Andes. Ne me demande pas ni pourquoi ni comment. C’est juste comme ça pour le moment. Ca fait plus d’un mois que je cherche la réponse à tout ce foutoir sans avancer d’un pouce. Pas de caméra cachée et pas de laps de temps écoulé en louzdé. Pour résumé on est tous les deux parachutés ici et on ne sait pas comment on va rentrer chez nous. La dernière fois ça s’était réglé tout seul, mais je ne parierais pas dessus à chaque fois donc… »

Je ne sais pas si c’est un accès de mollesse qui me prends ou un début de culpabilité mais j’hésite à poursuivre. Oh ! Pas longtemps, même pas assez longtemps pour lui laisser le temps de digérer ce que je viens de lui balancer

« … Trouver un abri avant que la nuit nous rattrape et ensuite comment rentrer chez nous me semble nos priorités pour le moment. »

A cette évocation je sens mes cheveux se dresser sur ma tête. Putain ! J’ai même pas pensé à mettre mon passeport dans mon attirail de survie ! Madame Conne ! Willie ne pensait pas si bien dire, mais je cache mon trouble comme j’ai appris à le faire.

*T’es capable de te glisser un peu partout sans te faire repérer dans tous les réseaux et t’ai même pas fichue de penser au passeport !*

Attendant la réaction du fumeur, je peste intérieurement contre ma négligence. Tous les réseaux je savais bien que j’exagérais. Pénétrer la NSA serait sans doute une tâche inaccessible même si cette idée doit traîner dans la tête de tous les membres de la Space league. Mais bon c’était histoire de dire. En plus on ne pouvait pas dire que la vie ne m’avait pas préparée sinon au pire tout au moins au pas cool. Et j’avais oublié le passeport. J’aurais pu chercher l’excuse de mon dégout pour les institutions et l’administration ou que sais-je mais je sais très bien que ce n’est pas vrai. Le mensonge n’est pas mon truc. Faut juste que je revoie tout ça si jamais je retourne chez moi sans encombre. Me voilà contrainte d’espérer que les choses s’arrangent toutes seules comme la première fois. Je ne supporte pas ne pas être maîtresse de mon destin ! Mais l’air frais me ramène à mon rafistoleur de cigarettes. J’attends avec un peu d’appréhension sa réaction. J’avoue que je ne sais pas trop à quoi m’attendre, entre manifestation respiratoire comme celle à laquelle j’ai déjà assisté accompagné des manifestations étrange de rejet de son corps ou bien abattement ou pourquoi pas la colère…

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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeJeu 4 Jan - 4:44

Les lèvres de Willie sont restées parfaitement immobiles. Entrouvertes, désœuvrées, elles attendent les directives d’une partition qui ne s’écrit pas. La tête de leur propriétaire reste vide, son esprit blanchi d’un mélange de colère et de stupeur. Il ne marche même plus. Il regarde la rouquine s’éloigner, sans comprendre. La cigarette qui repose au coin de sa bouche, mollement, finit de se consumer en une cendre interminable – fait que le jeune Innu ne va probablement pas tarder à regretter amèrement.
Planté là, le visage froissé dans une expression de profonde confusion, il attend, sans faiblir, la chute de cette blague qui n’en es pas une.

« Tu… » Les mots lui reviennent au compte-goutte, mais il n’est toujours pas certain de savoir ce qu’il veut dire. La vibration imperceptible de sa voix menace de faire chuter la cendre. « Tu es sérieuse là… ? »

La clope tremblote, posée sur sa lèvre inférieure, et il vient la cueillir entre deux doigts pour l’écraser, tandis que ses lèvres, progressivement, se plissent. Il y a de la colère, maintenant, qui remonte dans les veines du garçon. Un profond sentiment d’impuissance, et d’injustice. Et cette certitude qu’on est en train de lui jouer un sale tour, qu’il n’arrive pas à déloger de l’arrière de son crâne. Comme une piqûre de moustique dont on ne parvient pas à ignorer les démangeaisons.

Sa peau lui parait électrifiée.

« T’es en train de te foutre de ma pomme, pas vrai ? T’es une putain d’humoriste ! » La cigarette atterrit dans la poussière, balancée d’un geste rageur par les doigts tremblants de Willie. « Ha ha ha ! »

Quelque chose qui ressemble à un rire essaie de s’extirper hors de sa poitrine, mais c’est difficilement identifiable comme tel. Un peu trop crispé, et tordu. Sa tête et sa poitrine jouent deux morceaux complètement différents, et il tousse à moitié, le regard à présent fixé sur celui de Mona, qui le dévisage. Il glisse une main sur son visage, la colère se mêlant de consternation alors qu’il reprend sa marche, lançant ses jambes de grande asperge à l’assaut de l’écart qui le sépare encore de la rousse. Il n’a pas de poche au fond desquelles glisser confortablement ses doigts. Il ne sait pas bien quoi en faire, alors qu’ils se crispent de nervosité.

« C‘est quoi ton problème, sérieux… »

Non mais c’est dingue ! Elle est là à lui parler de téléportation, en jetant ça dans la soupe comme si ça allait résoudre les équations d’astrophysiques qui s’emmêlaient dans sa tête. A enfiler ses énormités comme des perles, au fil d’un monologue perdu entre la plus totale indifférence et une légèreté parfaitement insupportable. Un truc à vous donner envie d’arracher les mots des jolies lèvres peintes de votre interlocutrice pour lui enfoncer à nouveau dans la gorge, et lui souhaiter de s’étouffer avec. Quelle genre de… conne sociopathe elle peut bien être pour traiter les gens qui lui demandent son aide de manière aussi merdique ?

Avec ça, elle ose encore dire qu’elle comprend et qu’elle vit la même chose ? Mais si c’est le cas, alors c’est encore pire ! Comment on peut faire l’expérience d’un sentiment si horrible, si glaçant, que de celui de sentir sa propre réalité se dérober sous ses pieds, comment peut-on vivre une chose pareille, connaître cette terreur et cette douleur-là, et ensuite se comporter comme elle est en train de le faire ? Soit elle est effectivement en train de se payer sa tête, soit…

Soit c’est juste de la cruauté.

Aucune des réponses qu’acceptent de lui fournir ses neurones bourdonnants ne satisfait le jeune Innu. Le visage presque livide, il dépasse la rouquine, qui, à son tour, s’est arrêtée sur la route, sans doute pour évaluer l’étendue de la colère qu’elle a déclenché dans son ventre. Elle a un drôle d’air. L’air de celui qui ne veux pas comprendre ce qu’il a fait de mal, ni pourquoi on lui crie dessus, alors qu’il a encore sa grosse godasse bien lourde garée sur les délicats petits orteils de son interlocuteur. Willie, lui, se fiche de la manière qu’elle a d’amorcer un mouvement de recul alors qu’il se plante devant elle sans lui laisser d’autre option que de respirer le même oxygène que lui. Ses yeux furibonds cherchent ceux de l’islandaise.

Oh il sait qu’il impressionne un peu. Il est grand, et costaud. D’ordinaire il est plutôt sensible à ce genre de choses. Il fait en sorte de ne pas trop intimider, se fait plus doux et petit quand il détecte le malaise, dans les yeux des gens qu’il croise. Mais à cet instant précis – et sans aucun regret vis-à-vis de la formule – il n’en a rien à péter.

Qu’elle se sente mal à l’aise, un peu, à son tour ! Willie en a marre d’être le pauvre petit marin paumé que cette conne de sirène apathique traine par le bout du nez le long de sa stupide route Bolivienne qui ne fait aucun sens.

Il n’a même plus assez de considération pour se préoccuper de sa poitrine, tandis qu’il abandonne son poncho de fortune à la grâce du ciel pour pouvoir empoigner à pleines mains le col du Bombers de Mona. Il serre le tissu, entre ses doigts, pour l’empêcher de s’écarter, mais ne pousse pas le vice jusqu’à la soulever. Par chance, la couverture de survie ne file pas tout de suite valdinguer au gré d’une bourrasque, mais à présent elle pourrait bien tout à fait le faire ; c’est là le témoin le plus sincère de l’état émotionnel du jeune garçon, à cet instant précis.

Sa voix, quand elle s’extirpe enfin à nouveau de sa gorge, est toute blanche et tremblante, mais dans l’obscurité de ses pupilles brûle un vif ressentiment.

« Allez, la reine des clowns, on a bien ri. Maintenant… » Le visage de Willie se crispe, coincé quelque part entre la fureur et la trouille. « Je veux rentrer chez moi, okay… ? »

Un voile brillant vient recouvrir l’orage des yeux du jeune garçon, et pendant une seconde, il s’affole à l’idée de se retrouver à nouveau à pleurer devant la rouquine. Mais les larmes ne viennent pas. Juste la colère, et un irrationnel sentiment d’urgence qui lui noue toutes les tripes ensemble. Il veut des réponses. Du solide. De la sûreté. Et il les veut maintenant, putain !

« Alors maintenant tu arrêtes de te foutre de ma gueule et tu me dis vraiment ce que tu sais, putain ! Ou je… »

Et s’il doit coller une châtaigne dans le menton d’une pauvre gamine cynique pour ça, alors il le fera sans la moindre hésitation.
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Mona Goðrúnarson


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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeJeu 4 Jan - 9:52

Oui, je suis bien placée pour le savoir, faut le temps de se faire à cette idée et même après avoir passé en revue les autres possibilités sans en trouver une plus plausible on a du mal à admettre que ce soit possible. Par contre je ne crois pas qu’il y a ait de façon plus intelligente de l’annoncer qu’une autre. D’ailleurs si je me souviens bien Nathan n’a pas pris plus de gants avec moi et pourtant il se veut être la personne la plus délicate de cette foutue planète !

Visiblement je n’ai pas convaincu ou alors, je ne lui laisse pas assez de temps. Là, j’avoue que lui demander d’assimiler immédiatement la chose est un peu exagéré alors je continue mon chemin histoire de ne pas le brusquer. J’en connais deux qui seraient fier des gants que je prends avec lui !

Si je suis sérieuse ? Alors là, franchement est-ce qu’on peut avoir l’air plus sérieux que moi en ce moment ? Je me retourne brièvement et lui lance un regard froid qui devrait signifier, mais là rien n’est moins sûr que ce qu’il va comprendre : « Mon gars, tu m’as demandé des explications, je viens pas te plaindre de les avoir. »

Et puis pour tout dire, je me sens un peu démunie là. J’ai surtout envie de rentrer chez moi le plus vite possible et me creuser plus la tête pour me montrer convaincante, me fatigue par avance. Si les gens ne veulent pas entendre ce qu’ils ont demandé faut pas qu’ils le demandent ! Au fond de moi je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais bon après les différents états d’âme qu’il a su mettre en scène, il va pas me faire le coup de l’incrédule ! Je suis tombée sur un écorché vif, un acteur ? Une certaine lassitude me prend. Il doit bien voir que je ne suis guère en meilleure posture que lui hormis le fait qu’ayant une longueur d’avance sur lui je suis un peu mieux préparé ! En fait j’aurais mieux fait de ne pas lui répondre ou bien de lui balancer ce qu’il avait envie d’entendre, mais là c’est moi qui suis pas très forte à ce jeu. Me mettre à la place des gens c’est pas ma plus grande compétence

Je me demande seulement combien de temps il va rester planté au milieu de la route avec sa clope au bec comme un popoch qui finit de cuver et se rend compte soudain qu’il est pas rentré chez bobonne. Même s’il croit pas à mon histoire, il pourrait au moins avancer. C’est pas en restant là qu’il va faire avancer son histoire ! En tout cas, moi, je trace ma route. J’essaie de maintenir une allure régulière, pas facile avec l’autre Pierrot tombé de sa lune, le bâton se plantant régulièrement sur le chemin et laissant un petit trou ou une petite marque sur le sol. Ca m’accapare assez pour mettre Willie au second plan de mes préoccupations. J’ai aucune idée de l’heure de passage du prochain véhicule et j’ai pas envie de dormir dehors. Alors après la femme ours, il peut bien me traiter de clown si ça lui chante. Et d’un j’en ai entendu d’autres, cinglée, folle-dingue, barge, handicapée, salope _ j’ai jamais compris pourquoi_ et de deux ça va pas m’empêcher de dormir.  Son rire de poitrinaire ne me fait ni chaud ni froid.

Mais bon je suis bonne fille, je vais pas encore faire comme si j’avais pas entendu…
Et puis si. J’avais pensé le gratifier d’une petite moue blasée, genre « si ça te fait plaisir », mais même ça, ça me soule. Il a qu’à garder la couverture et rester là pour la nuit et p’têt que demain il se réveillera chez lui et prendra tout ça pour un mauvais rêve et se convaincra que j’ai même pas existé. Et si jamais un de ses potes lui rappelle que tout de même, il y a un trou dans son emploi du temps, ben il verra bien comment il s’en accommodera. Ce sera de toute façon plus mon problème, comme ça l’est de moins en moins, là, tout de suite, dans ma tête. Je crois que je suis déjà passée à autre chose. Je regarde alternativement le paysage et la pointe de mon bâton marquer la route comme un métronome.

Mon problème ? Je finis par tourner un regard abscond vers ce mec qui a tout de même réussi à bouger sa carcasse pour me rattraper. Il devine pas ce que c’est que mon problème ? En fait c’est lui mon problème. Allez j’exagère mais au final ça tourne autour de lui tout de même. La seule chose dont je ne le rends pas responsable c’est de m’avoir téléportée dans ce trou perdu. Mais me faire perdre mon temps, c’est lui, me faire assister à son petit jeu d’acteur, c’est lui, m’insulter plus ou moins directement c’est lui, me traiter de menteuse, encore lui et ne pas savoir ce qu’il veut toujours lui. J’imagine que je serais deux lacets plus bas si je n’étais pas tombée sur lui. Tu parles d’une chance !

Blasée je reporte mon attention sur la route et mon bâton. Manquerait plus que je me fasse une entorse de ne pas regarder où je mets les pieds tout ça pour lui accorder plus d’attention qu’il ne mérite ! Une petite voix, je ne sais pas si c’est celle de Mimi ou de Nathan me souffle que je suis un peu en boucle et que j’auto-alimente une mauvais humeur qui grandit à mesure que le temps passe et que le soleil continue sa course au-dessus des cimes des montagnes sans se soucier de la crédulité ou de la confiance que m’accorde Willie. J’essaie de prendre la petite voix en compte. C’est pas facile, mais finalement en me concentrant plus sur le paysage, je sens que je me détends un peu.

Ouais, mais non. En fait ça va pas être possible. Si en plus il joue son gros dur… Il me l’avait pas encore faite celle-la ! Je devrais me réjouir de la voir tracer devant moi mais si c’est pour se planter dans ma bulle et se montrer plus que désagréable. Il a repris du poil de la bête le bougre. Je regarde incrédule, ses mains saisir mon col de blouson. Faut qu’il arrête là ! En même temps que j’essaie de comprendre ce que j’ai fait pour mériter sa colère je sens le malaise de me sentir violée grandir en moi. Je recule le buste pour au moins avoir tout son visage dans mon champ de vision et ne pas respirer la couverture de survie qui commence à j’agiter devant mes yeux et mon nez. Putain ! Mais qu’on me traite plus de barge ! Ce mec, il est juste pas possible ! Si je devais faire le compte de toutes ses sautes d’humeur depuis le peu de temps que je le connais on arriverait à un truc démentiel ! Et surtout, qu’on n’essaie pas de m’en rejeter la responsabilité ! En tout cas il aura eu au moins le mérite de me surprendre et me laisser pantoise quelques secondes, comme anesthésiée par tant de violence.

Et puis, il aurait pas dû me menacer. Il est mal ? OK ! Il a du mal à croire ce que je lui raconte ? OK. Il veut rentrer chez lui ? OK ! Moi aussi entre parenthèse! Mais s’il me menace, ça va pas le faire, d’autant que là il déclenche des trucs que je suis pas bien sûr de pouvoir un jour contrôler, au grand dam de Pha. C’est comme si les choses se passaient en dehors de moi. Le haut de mon bâton va le frapper au niveau de l’estomac et tandis qu’ils se plie en deux, même qu’un peu, j’attrape son pouce droit de ma main gauche libre pour le tordre et le faire lâcher prise. Lorsque je frappe de mon avant-bras droit sur  le poignet qui tient encore l’autre revers de mon blouson, je suis comme une chatte en furie, prête à repartir au combat s’il ne comprend pas qu’il est allé trop loin.

Et puis, flotch ! C’est pas vrai ! Putain d’oiseaux ! La fiente vient de m’atteindre pile sur le côté du crâne. Telle une douche froide elle me fait redescendre en pression. Fait chier ! Je regarde ma main pleine de merde après que je l’aie portée à ma tempe. Encore heureux qu’elle ne m’ait pas atteinte dans l’œil ! Je finis de m’écarter de Willie pour chercher de quoi enlever ce truc alors que le bruit d’un moteur providentiel arrive jusqu’à nous. Ça vient du haut et donc descend vers la vallée, en tout cas en direction de ce que j’espère être une vallée. De mon bras tendu, j’indique la direction du vrombissement :

« Jæja, það er það! Þú munt geta farið heim! Léleg sefur!! »

Traduction:

Sous l’effet de la colère ma langue natale revient au premier plan et tant pis s’il trav que d’chi !

« Tu parles espagnol ? Parce que moi pas ! »

Je finis de m’essuyer alors que débouche notre tapis volant, un vieux camion brinquebalant qui a dû être rouge au début de sa vie. Toute une famille à l’air d’être compressée dans la cabine tandis que sur le plateau brinquebalent une troupe de chèvre du moins si j'en crois les paires de cornes qui dépassent.Les pauvres bêtes doivent être éperdue par les cahots de la route, ou à moitié assommées par le voyage.

Je rejette les herbes maculées de fiente sur le bord du chemin et me plante au milieu en agitant le bras pour faire stopper le camion. Le chauffeur qui sort la tête par le fenêtre de sa cabine est l’archétype de l’indien des Andes comme on se le représente avec tous les clichés possibles. Visage cuivré et buriné sous un chapeau aussi propre que son camion est pourri, force de la nature dont on devine un certain embonpoint et des yeux noirs perçants et un peu méfiants. De ça on ne peut pas lui en vouloir étant donné le spectacle qui se présente à lui…


Dernière édition par Mona Goðrúnarson le Sam 3 Fév - 18:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeVen 2 Fév - 1:05

C’est si absurdement ridicule que Willie en oublie un court instant d’avoir mal. Il lève ses yeux embués vers elle, un crachotement de rire coincé en travers de la gorge, sans air pour le porter, puis son regard monte plus haut encore, juste à temps pour apercevoir l’éclair filant d’un pélican brun en fuite, probablement l’auteur du délit.

Les deux mains crispées sur son ventre, Willie rit et enrage tout à la fois. C’est très déconcertant pour ses nerfs, qui préfèrent, eux, concentrer leur attention sur la douleur. Vive et brûlante, elle irradie dans son corps depuis le fond de son estomac et sa chaleur palpite jusque dans sa gorge. La rouquine n’avait pas tapé bien fort, au final. L’impact, pourtant, avait été suffisant pour érafler sa peau nue sur une bonne longueur, manquant au passage d’arracher la couverture de survie de ses épaules. Le choc lui avait également bien remué les entrailles, là en bas. Avec ce qu’il a bu la veille, ça n’était probablement pas la meilleure des idées.

Il n’a pas le temps de méditer sur la question, en revanche, grossièrement interrompu par un nouveau bruit de moteur. Il se tend aussitôt sur ses jambes, perclus d’angoisse, tétanisé à l’idée que ne se reproduise la scène qui avait marqué son arrivée. Lorsque se pose la question de bondir ou non hors de la trajectoire du véhicule en approche, une toute petite voix au fond du crâne de Willie prend tout de même le temps de se demander si ça vaut bien le coup de tirer la rouquine avec lui. Son sens moral prendrait peut-être le temps de s’en indigner plus tard, mais pour le moment on a d’autres priorités.

Par chance, autant pour la conscience du pauvre garçon que pour la survie générale de leur petit duo, l’imposant camion a la bienveillance de s’arrêter. De son côté, Mona gueule un truc, mais c’est entré par une oreille pour ressortir par l’autre. Visiblement, le langage n’imprime pas. Elle aurait pu se gargariser devant lui pendant une longue minute que l’effet aurait été le même. Lorsqu’elle reprend, en anglais, cette fois, l’attention du jeune Innu a été complètement happée par les gesticulations du chauffeur, qui sort la tête de sa cabine pour les regarder, tout aussi méfiant qu’interloqué par leur présence.

Sentant que c’est à lui d’intervenir, à présent, et poussé en avant par le regard de Mona, qu’il peut sentir brûler dans son dos, il lève une main timide pour faire un signe au chauffeur, ainsi qu’au reste de la cabine. A l’intérieur, une jeune femme très interloquée serre un enfant contre elle, tandis que son voisin de droite, un homme qui semble être son mari imite le conducteur du camion pour sortir la tête par sa propre fenêtre. Le regard de Willie oscille de l’un à l’autre, sans trop savoir où se poser.

« Somos... Pe- perdidos ? Turistas ! » La voix du pauvre Innu est toute tremblante, et son accent hybridé franglais ne doit pas aider, mais il persévère, courageusement, se creusant la soupière pour retrouver quelques mots utiles dans ses vieux souvenirs de leçons de langues et de séries en VO. « Ehm… Ayudar ? Help ? Por favor ? »

Le vieil homme et son cadet échangent un regard confus. Le premier semble plus septique, et le second embêté de ne pas bien savoir quoi faire. Ils discutent quelques secondes dans une langue qui échappe totalement au jeune Innu, puis semblent tomber d’accord, sous les yeux un peu inquiets de leurs deux spectateurs. Le chauffeur du camion retourne dans sa cabine, et pendant un court instant Willie est pris d’une trouille panique de le voir démarrer, mais à sa droite, le plus jeune semble avoir entrepris de s’extirper par la portière entrouverte, pous sauter à pied joint sur le bitume, et leur fait signe d’un geste brusque et pressé.

« Allez ! Allez ! Venez, montez ! »

Son anglais est tout à fait correct, bien qu’un peu déformé par un très fort accent hispanique. Ses mains sont tannées, mais sa peau n’est pas encore sillonnée par les rides, et ses cheveux sont d’un noir de geai. Il a perché sur le haut de son crâne une paire de lunette de soleil, qu’il maintient en position d’une main tandis que de l’autre il escorte les deux « touristes » jusqu’à l’arrière du camion, avant de leur faire la courte échelle. Willie cède la première place à Mona, tandis qu’il réajuste la couverture de survie, sur ses épaules, et alors que le jeune bolivien croise son regard hésitant, il secoue la tête, et reprend, un peu plus insistant. Une pointe d’inquiétude grésille péniblement dans sa voix.

« On peut pas être là c’est dangereux. Vamos ! »

Willie avale sa salive, et après un dernier regard pour la route, cette foutue route d’où pourrait débouler un chauffard à tout moment, il s’élance, pose son pied sale dans les mains du pauvre type qui grimace, avant de se hisser, comme il peut, à une main, jusque dans le camion. Une fois à l’intérieur, il est accueilli par un bêlement, puis un autre, et manque de s’asseoir sur une chèvre en reculant, ses pieds dérapant sur un sol décidément pas beaucoup plus propre que celui qu’il quitte. Avec un soupir, il retrouve la rouquine, qui a trouvé un petit recoin de planches à peu près propres où s’asseoir, dans le coin opposé à celui où ils sont montés, et il fait de son mieux pour ne pas croiser son regard, tandis qu’elle se débat avec un bouc particulièrement curieux. Willie lui-même n’est pas en reste, pourtant, car les reflets dorés de sa couverture semblent avoir accroché le regard de deux autres biquettes et il doit bientôt reculer jusqu’à être dos à la cabine pour éviter de se faire renverser.

« Ah non hein ? »

Il agite maladroitement sa main en direction des curieuses, ce qui ne semble pas beaucoup les décourager. Heureusement, le jeune bolivien finit par les rejoindre, et les cris qu’il leur réserve – toujours dans cette langue que Willie suppose être du Quechua ou de l’Aymara sans être capable ni de dire de laquelle il s’agit, ni d’en comprendre un traitre mot – semblent être beaucoup plus efficaces que les siens.
Le type finit par les rejoindre, intimant au jeune Innu de s’asseoir avec un peu plus de douceur que précédemment, tandis que sous leurs pieds rugit à nouveau le moteur du camion qui repart. Willie lui décoche un sourire d’excuse.

« Pardon pour tes mains, euh…
- Flore. Tu peux m’appeler Flore. Et t’en fais pas, mes mains elles en ont vu d’autres !
- Ha ha… Bon tant mieux alors.
- Et vous c’est comment ? Les noms ?
- Euh… »


Le regard de Willie s’attarde quelques secondes sur le grand sourire de Flore ; maintenant qu’il le regarde de plus près, le type ne doit pas avoir plus de 30 ans, et il a même un drôle de tatouage en forme de fleur près de l’oreille. Puis, il jette un œil par-dessus son épaule, en direction de la rouquine, pas tout à fait sûr de comment elle veut être introduite auprès de leur hôte de fortune. Il songe un instant à la présenter en tant que « Madame Conne », mais se ravise au dernier moment. Il n’est pas rancunier à ce point. Et puis peut-être vaut-il mieux ne pas trop embrouiller leur sauveur ? Il doit encore

« Moi c’est Willie. Et ça c’est… »
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MessageSujet: Re: C'est pas du tourisme [Willie]   C'est pas du tourisme [Willie] Icon_minitimeSam 3 Fév - 18:27

J’avoue que c’est plus facile de remettre Willie à sa place que de me projeter dans la peau d’une autostoppeuse au milieu de la cordillère. Aussi notre petite échauffourée passe aussi rapidement au second plan qu’elle avait fait monter l’adrénaline en moi, même si je ne sais pas bien si c’est cette hormone qui est à l’origine de ma riposte aux agression répétée et de plus en plus proche de mon compagnon de route. Compagnon ! Faut arrêter avec ça ! Ce n’est pas du tout l’image que je me fais d’un compagnon. Evidemment j’ai du mal au départ à définir ce que ça peut être, mais j’imagine en tout cas quelqu’un qui fait preuve de bonne volonté, qui vous fait un minimum confiance et surtout qui évite de vous menacer alors qu’on n’a rien fait pour ça.

J’ai juste compris une chose, c’est que le mien… Oh putain ! Je n’arrive pas à l’imaginer autrement qu’en terme de boulet et même moi qui ne suis pas réputée pour les relations et ma considération pour le genre humain, ça me fait un peu honte. Mais, je chasse bien vite cette pensée pour une plus opérationnelle en cette journée de merde. Donc, Willie _ ça m’évitera d’être plus désagréable qu’il ne faut_ n’a pas envie d’entendre certaine chose. Peut être que je ferais mieux de me taire, mais ça non plus, ça n’a pas l’air de lui convenir. Il me reste bien le mensonge, mais ça risque de ne pas tenir vraiment la route, parce que j’ai pas trop l’habitude de ce genre d’exercice.

En tout cas pour l’heure, le camion occupe une plus grande place dans mon esprit que de savoir ce que vais pouvoir lui raconter dans l’avenir. Je ne prête donc que très peu d’attention aux conséquences physiques et psychologiques de notre altercation. Du moment qu’il a compris que je n’étais pas prête à tout supporter c’est le principal.

L’arrêt du camion est une assez bonne nouvelle pour que ma rage contre Willie se calme. La mauvaise nouvelle c’est la barrière de la langue. Le chauffeur me baragouine quelque chose, mais comme je m’y attendais je ne comprends que dalle. J’ai pas appris l’espagnol moi et je me doute que l’espagnol d’ici est plus teinté de quetchua ou un truc du genre que d’Islandais. Je me tourne alors vers Willie l’air de dire. Si tu comprends quelque chose, c’est le moment de te rendre utile. Une lueur d’espoir s’allume en moi alors qu’il me dépasse semblant vouloir prendre les choses en mains. Ce sera sans doute la première bonne surprise de la journée et ce sera pas dommage. Appuyé des deux mains sur mon baton je tente de faire bonne figure tandis que lui entre en communication avec le peu d’espagnol qu’il semble connaître. Là je ne dis rien, c’est déjà plus que ce que je maîtrise. Je reconnais le mot touriste, à croire que ce mot est le même dans toutes les langues du monde.

De temps à autre je jette un œil à la cargaison du camion que l’arrêt semble indisposer. Les cornes des chèvres dépassent de la trémie des gardes fous du plateau du camion, et leurs bêlements m’arrivent ainsi que l’odeur qui va immanquablement avec. A se demander s’il n’y a pas un bouc au milieu des chèvres. Dans ce cas la légende de leur odeur ne serait pas usurpée. Si j’en juge par le taux d’occupation de la cabine si nous sommes invités à monter à bord, nous serons contraints de partager leur espace vital. Je plisse le nez autant pour endurer les effluves animaux que pour me faire à l’idée de voyager dans ces conditions. Inutile de penser qu’un autre camion est attendu d’ici quelques minutes et qui voyagerait à vide ou plus improbable encore qu’un bus reliant les villages du coin à un arrêt pas loin d’ici… J’ai passé l’âge de la pensée magique et malgré la téléportation que j’ai réussi à intégrer tant bien que mal dans mes schémas de pensée, je sais que la probabilité pour que ça arrive est infinitésimale.

Willie se débat donc comme il peut avec ses maigres notions d’espagnol. Pas difficile au vue de ses hésitations et des mot anglais qui émaillent ses propos de deviner que qu’il est au niveau juste au-dessus du mien en la matière.

Je plisse les yeux comme si cela allait suffire pour comprendre ce qui se dit dans le cabine. La première pensée qui me vient c’est que ces gens sont plutôt normaux dans leur réaction. Visiblement cela n’est pas courant d’être interpelé par des pseudo touristes et ils ne sont pas prêt à faire confiance aussi facilement à un gars et une nana qui apparaissent comme ça sur le route au milieu de nulle part. Quelque chose me les fait paraitre éminemment sympathiques, sans doute parce qu’ils réagissent de la même façon que moi… La femme au milieu caresse les cheveux de son enfant en attendant un peu inquiète mais résignée la décision des deux hommes qui débattent au-dessus de son épaule. De temps en temps son regard va de l’un à l’autre ou bien elle dépose un baiser sur le somment du crâne de sa progéniture.

Je me demande ce qui pourrait bien inciter ces gens à venir en aide à deux paumés dans notre genre qui pourraient tout aussi bien les agresser. Après c’est vrai que notre dégaine, surtout celle de Willie ne fait pas du tout bandits.

Enfin, leur hésitation disparait et à ma grande surprise, ils nous invitent à embarquer. Je hoche la tête dans un maladroit remerciement en même temps que je me surprends à être étonné d’entendre les gars s’adresser à nous en anglais. Je le suis sans hésiter malgré ma réticence à partager l’arrière du camion avec les animaux, mais quand il faut y aller… Une fois montée sur le plateau grâce à la courte échelle je marmonne un gracias seul héritage d’espagnol légué par les quelques séries américaine que j’ai pu regarder et dans lesquelles les Chicanos jouent les rôles des seconds couteaux ou les vilains trafiquants de drogue, je tente de me trouver une place pas trop exposée au piétinement des bestioles ni au brinquebalement du camion une fois qu’il aura démarré. Bon, entre les crottes caprines la terre, les résidus de paille et de foin, je ne sais pas trop où je vais me poser. En outre, je n’ai pas trop envie de me retrouver projetée hors du camion et d’être obligée de courir derrière aussi je me dirige vers le fond du camion. Baissant les yeux vers le sol je cherche où poser mon popotin. Au point où j’en suis-je ne devrais pas faire la difficile mais l’paerpective de m’asseoir dans les excréments de chèvre ne me ravit pas. De ma semelle je dégage une parcelle de sol de ce qui la recouvre avant de m’asseoir prudemment.

Willie parvient tant bien que mal à me rejoindre au fond du plateau, enfin, si je puis dire puisqu’il choisit le coin opposé au mien. Tandis que je tente de repousser un bouc, ben tiens, je repense à la phrase inquiète de notre sauveur. Pas être là à cause d’un danger. Je me demande de quel danger il parle, les solutions sont nombreuses en tout cas celles que peut imaginer une petite eu0orpéenne fraîchement téléportée. Bêtes sauvages, bandit de grand chemin, trafiquant de drogue organisation paramilitaire d’un bord ou d’un autre… En fait à cet instant je suis un peu comme Willie. J’ai juste envie de rentrer chez moi. Assise je peste contre ce maudit bouc qui semble avoir un faible pour moi. Je repousse son mufle de la main tandis que de mes pieds appuyés sur son poitrail, je tente de le faire reculer. Etonnement je suis plus délicate avec lui qu’avec Willie quelques minutes plus tôt. Je mets ça sur le compte du respect du bétail de nos bons Samaritains, mais la vérité est que je me trouve plus intimidée par ces bestioles que par les humains. J’avoue que c’est n’y rien comprendre.

« Ríða! Þú munt yfirgefa mig einn! »

traduction:

Seule consolation c’est que Willie attire au moins autant les chèvres que moi le bouc et qu’elles sont plus nombreuses que le bouc quoique lui semble plus entreprenant.

A ma grande surprise, le jeune homme qui nous a aidés à monter semble vouloir nous accompagner. Ce sera bien moins confortable pour lui, mais peut-être a-t-il peur que nous nous en prenions au bétail à moins que ce ne soit l’inverse. Pour ma part, si les chèvres veulent bien nous éviter, je n’irai pas les emmerder.
Je le regarde prendre place avec nous et entamer la conversation avec Willie. Je ne suis pas jalouse de son choix. Je me le suis fané assez longtemps pour que je sois peut-être même reconnaissante au bolivien de m’en débarrasser au moins pour un temps. Sauf qu’i faut en faire un minimum tout de même, pour faire la conversation à notre « hôte ». Les présentations c’est un minimum et je complète le dialogue entamé.

« Mona. »

Le bolivien nous regarde l’air perplexe et visiblement embarrassé, tandis que le camion démarre enfin, à mon grand soulagement. De toute évidence un peu plus de renseignements sur nous le contenterait assez mais je ne sais pas trop quoi lui dire. Il nous montre alternativement de son index droit.

« Vous êtes… casados ? Mariés ? »

Je manque de m’étouffer. Je n’aurais pas pu imaginer que ça paraisse possible. Après la stupeur, je ne peux m’empêcher de rire. Ca doit être la fatigue.

« Non pas mariés. »

Quoi alors ? Que font deux gringos qui ne se connaissent pas dans cette partie reculée du monde ? Tout à coup l’absurdité de notre situation pour les Boliviens qui nous ont recueillis m’apparait. Je ne peux tout de même pas lui dire la vérité ! Déjà le mec à qui s’est vraiment arrivé ne veut pas l’admettre, alors lui, soit il va nous prendre pur des fous soit il va penser qu’on se paie sa tête et ce n’est pas très reconnaissant. Je jette un coup d’œil à Willie pour lui demander de me venir en aide mais soit il a décidé de prendre ainsi sa revanche soit il n’a pas plus d’idée que moi, tout jours est-il qu’il me laisse me démerder.

« Juste amis… Amis de voyages… »

Une petite moue d’assentiment septique se dessine sure le visage cuivré de notre compagnon. Il poursuit, presque gêné d’être obligé de poser autant de questions.

« Et vous allez où ? »

Il pointe la couverture de survie de Willie.

« Accident ? »

J’ai envie d’acquiescer, mais accident de quoi et où ? Je suppose qu’il doit être au courant des moindres événements de sa montagne. Il va encore falloir que j’invente une histoire ! J’ai horreur de ça. Et Willie qui semble encore aux abonnés absents !

« On avait engagé un guide pour une rando en montagne, mais arrivé à mi-chemin, il a voulu doubler le prix convenu, en menaçant de nous laisser là. Sauf qu'on avait pas d'argent, alors il a pris tous nos objets de valeur même ses Nike et son blouson et nous a planté là. »

Je montre du menton Willie dans son accoutrement misérable en tentant de prendre l’air compatissant que je ne parviens pas à ressentir. C’est quoi cette histoire à la noix alors que j’ai encore toutes mes affaires ? Je me fais pit’ quand je sers ce genre de connerie. Mais pourtant, Flore semble s’en satisfaire et renchérit même.

« Ah ! Les touristes sont faciles à tromper. Mais vous avez de la chance. Il aurait pu vous tuer. Ça arrive parfois. »

Je jette un regard inquiet à Willie. J’ai peur d’avoir senti une menace dans cette intervention. Mais c’est peut-être ma parano parce que ce dernier, ne semble pas inquiet, je dirais même qu’il semble reprendre du poil de la bête à mesure que la route défile sous le camion. Les chèvres ont l’air de nous avoir oubliés depuis que leur maître est monté à bord. Je pourrais même dire que tout va mieux. Je suis juste un peu fatiguée. Mais nous ne sommes pas encore tirés d’affaire. J’aimerais bien savoir où nous allons.

« Vous nous amenez où ?
_ Nahuacatl, petit village pas très loin. Vous avez de la chance.
_ Et pour rentrer chez nous ?
_ Vous venez d’où ? »


Je sens ou j’espère que Willie veut prendre le relais aussi je lui cède l’initiative de la parole parce que je ne sais pas trop ce qu’il vaut mieux dire. Du Canada m’est venu à l’esprit pour justifier peut-être notre accent anglo-axon pas forcément typique, mais les mensonges m’épuisent parce que j’y trouve toujours des failles en plus de les trouve futiles. Je voudrais seulement que l’effet de la téléportation s’inverse parce qu’une fois dans une zone habitée et pourquoi pas une ville de laquelle il y aurait moyen de s’envoler vers l’Islande, les choses ne seraient même pas plus facile, vu que j’ai oublié de mettre un passeport dans mes affaires.
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