Le matin d'après...

[On vient de là]

Après vérification sur un célèbre moteur de recherche, le numéro d'où provenait le message était bien japonais. Une fois chez lui, Aloïs relut plusieurs fois le sms.

T'es pas au Japon ?

Puis, il se dit qu'une conversation avec un numéro étranger allait coûter très cher... Il envoya donc un second sms, contenant son adresse mail et alla chercher son petit ordinateur portable. Cette histoire était dingue.

La sonnerie de mon téléphone, signalant que j'ai reçu un sms, me réveille. J'ouvre les yeux en râlant, me démêle des bras que mon frère serre trop fort autour de moi -Il a vraiment dû flipper en ait... je comprends, s'il avait subitement disparu pendant une heure puis réapparu en popant comme ça de nulle part, je pense que je serais restée agrippée à lui en larmoyant pitoyablement pendant des heures et des heures- et je m'extirpe maladroitement de mon lit pour aller prendre on téléphone.

Je sais pas si je dois être contente ou pas... c'est le barman d'Afrique du Sud. Je note son mail, me visse sur mon pouf devant le PC et je lui réponds.

- Si... je suis revenue dans mon appart' à Tokyo. J'étais dans ton nightclub, j'allais attraper mon verre, et c'est la jambe de mon frère qui s'est retrouvée dans ma main... à Tokyo...

Petite vérification encore une fois au cas ou... mais si... il me parle bien depuis Le Cap...

La réponse tarda un peu, tant Aloïs n'arrivait pas à le croire.

Tu me fais marcher. Ou alors t'as un jet privé super-rapide.

Si j'le fais marcher ? Putain mais c'est ma réplique ça ! Je soupire en me massant les tempes et en essayant d'ignorer les ronflements de mon frère, puis je réponds.

- Même avec un Jet privé je pense pas que ça aurait été possible... je t'ai envoyé une photo de moi avec le tablier de ton nightclub environ 15 minutes après qu'on se soit vus... si ça peut te rassurer, je dois être encore plus paumée que toi là.

Aloïs éclata de rire devant son écran.

Ok, avoue. Qui t'a demandée de jouer à ça ? Céline ? Ou André ? :))) dis-leurs qu'ils sont forts en tout cas.

J'suis vexée... je comprends, mais j'suis vexée quand même. Connard va... Je tapote nerveusement mon clavier sans rien répondre pendant plusieurs minutes. Est ce que je dois l'envoyer chier ? Faire la fille compréhensive ? Laisser couler ? Le persuader à tout prix ? Remarque... au final qu'il pense que j'ai raison ou non je m'en tape, on frère croit en moi... lui c'est qui ? Un parfait inconnu qui bosse dans un nightclub à l'autre bout du monde, qu'est ce que j'en ai à foutre ?

- Mouais... je vais pas perdre mon temps à te répéter les mêmes choses pendant des heures, après tout c'est à moi que c'est arrivé, pas à toi, alors que tu y crois ou non finalement je m'en fous. Toute façon j'ai ton tablier comme preuve...

Bon ça va.

Mais c'est dingue quand même ! Votre gouvernement teste la téléportation ou quoi ?

C'est connu que les japonais sont forts niveau technologie... Mais là quand même...

- Mon frère m'a dit qu'il pense que non... après ça reste possible, la plupart des gouvernements font de la merde pour surpasser les autres de toute façon. En tout cas j'ai pas encore trouvé d'histoire similaire sur les réseaux.

Je donne un coup de pied à Nii-chan pour qu'il ronfle moins fort.

- Quand il sera réveillé je lui demanderais d'aller faire un tour sur des sites bizarres qu'il fréquente, il y aura peut-être plus de chose que sur les réseaux standards...

Encore des trucs qui me prennent la tête, ça me fatigue... Ah si j'pouvais m'endormir pour l'éternité...

Il y a sûrement une explication. En tout cas, j'y suis pour rien, promis.

Aloïs se gratta la tête avant de continuer à taper. C'était ridicule d'assurer la Kurosaki qu'il n'y était pour rien. C'était évident ! D'où aurait-il eu la possibilité de la faire voyager comme ça...

Quoi comme site bizarre ?

- Aucune idée... et franchement je suis pas certaine d'avoir très envie de savoir. De toute façon quand je lui ai posé la question il y a quelques années, il m'a envoyée chier comme jamais...

Et pourtant il ne s'énerve que très rarement contre moi... même quand je suis la pire des putes, il se contente de sourire et de penser que je suis un genre de déesse vivante, ou une connerie du genre. Crétin.

- En tout cas j'ai pas envie que ça arrive encore... c'est pas contre toi, mais c'est stressant.

Ok. Tiens-moi au courant. Je suis curieux quand même.

La piste du canular ou de la fille droguée qui raconte n'importe quoi n'était pourtant pas à exclure...

- Ouais... moi aussi...

Si jamais je découvre que ce con est à l'origine de tout ça, j'lui arrache les noix et j'en fais des brochettes avant de les lui enfoncer dans le fondement.

- En tout cas si c'est une blague de quelqu'un, je la trouve franchement pas drôle.

Pas drôle, ouais j'avoue. Mais surtout je comprends pas pourquoi tu serais venue me voir moi. En tout cas, j'pense que c'est plus un genre d'accident.

- Toi ? Tu pense que c'était dirigé vers toi directement ?

Étrange comme idée... m'enfin pas plus étrange que d'avoir été envoyée à l'autre bout du monde sans but non plus remarque...

- Peut-être... j'en sais rien. Si c'est le cas ça va peut-être t'arriver aussi alors tu crois pas ? Enfin bref, mon frère a dit qu'il regarderait ça plus tard, il sort ce soir. Chacun ses priorités pas vrai ? Tiens, lui il aimerait sans doutes plus l'ambiance de ton nightclub que moi.