Stupeur étranglement... [Solo & Ike]

Ma tasse de café ? Envolée. La lettre pour Ignas ? Toujours dans ma main… Il fait froid… vachement plus froid que dans l’appartement dans lequel je me trouvais il y a à peine deux secondes. Putain… et dire que j’allais prendre l’avion, rentrer tranquillement chez-moi, trouver des solutions avec mon frère… est-ce que c’est justement à cause de ça que j’ai atterri ici ? Et c’est où « ici » d’ailleurs hein ? Je commence à en avoir ras-le-bol. La tristesse et le sentiment d’injustice sont en train de se transformer en colère.

Je prends sur moi pour demander calmement à un passant dans quelle ville je suis. Je ne l’engueule même pas quand il me répond comme si j’étais complètement cinglée. Seattle.

Merveilleux… Qu’est-ce que je fous ici ? J’en ai PUTAIN DE BORDEL DE MERDE DE PUTAIN DE MARRE !!! J’avais aucune envie de me retrouver ici ! Je voulais retourner dans le Tout ! Et, au pire, rentrer chez-moi. Si c’est aléatoire, j’ai vraiment une chance DE MERDE en ce moment moi… si c’est la Machine qui décide… alors pourquoi ? Pour quoi faire ? Pour me torturer un peu ? Pour me donner envie de revenir ? MAIS C’EST PAS LA PEINE BORDEL !!! C’est déjà exactement ça que je veux ! J’en ai ma claque de ce monde de merde jamais content, jamais satisfait de ce qu’il a… je veux retourner là où je me sens chez-moi, là où je me sens utile !

Je suis au bord de la crise de nerfs, j’ai froid… j’ai besoin d’un café.

Je tourne la tête… un starbuck. Oh putain… MERCI ! Je me rue à l’intérieur, commande un expresso et l’avale cul-sec avant de commander un « caffè mocha » et un « cinnamon roll ». Je déguste rapidement le tout en remerciant mentalement Ignas de m’avoir laissé du liquide sur le comptoir de sa cuisine. Enfin… je ne sais pas s’il m’était destiné, mais il tombe à pic en tout cas. Parce que je n’ai pas d’ordinateur pour commander quoi que ce soit avec le compte de mon frère, pas de carte bancaire ni rien… C’est là que je réalise que je suis dans la merde.

Je suis dans une ville que je ne connais pas, sans fric. L’Univers aime décidément beaucoup se payer ma tête on dirait… Oh et puis merde. J’en ai plus rien à foutre. De toute façon j’peux pas crever, alors je peux bien faire tout ce que je veux, non ? Genre… je sais pas… sauter du haut d’un immeuble, plonger sans remonter pour respirer, braquer une banque, montrer mes seins aux flics… attends une minute… braquer une banque ? L’idée prend doucement racines dans mon esprit. Après tout pourquoi pas, non ?

Je finis par sortir du Starbucks une bonne heure plus tard, avec une ébauche de plan dans la tête. Je me rends dans un petit hôtel pas loin, que j’ai repéré grâce au GPS de mon téléphone, je pose mon sac dans ma chambre, enfile une autre veste, plus chaude, et puis je ressors. J’utilise le liquide qu’il me reste pour me poser dans un cyber café (avec un café, évidemment), et je regarde un plan de la ville tout en me servant du DeepWeb pour chercher un contact, lui faire un virement via le compte de mon frère, et lui donner rendez-vous un peu plus tard au Kubota Garden. J’avais déjà vu des critiques à propos de ce jardin, et j’avais justement envie de le voir un jour. Un jardin d’inspiration japonaise en plein cœur de Seattle ? Ça fait envie non ?