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 Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers

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Aline Brillant


Aline Brillant

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MessageSujet: Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers   Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers Icon_minitimeMar 28 Mar - 15:27



Aline BRILLANT
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FRANCE  

Nathan WEATHERS
Philly Law Cooperative, Legal Office

304, Market Street
Philadelphia, PA 19147
Pennsylvania, USA

Paris, le 17 février 2017



Monsieur,


Tout d’abord, et étant donné que je m’adresse à vous en utilisant l’adresse de votre cabinet, il me paraît important de préciser que ma requête n’est en rien liée à votre occupation professionnelle. Je ne suis pas une cliente ni ne requiert votre conseil légal, mais souhaiterais m’adresser à vous pour une raison tout à fait personnelle.

Je m’excuse de la maladresse de ce procédé, mais la carte que vous avez laissée à mon appartement ne comportait que cette adresse-ci, aussi je me vois obligée de passer par le seul biais qui s’offre à moi.

Ensuite, et puisqu’à ce stade il me paraît inutile de continuer à tourner autour du pot, je vais tenter d’aller à l’essentiel. Etant donné que j’ai mentionné votre carte de visite, et que mon adresse se trouve aux premières lignes de cette missive, je pense que vous devinez vers quoi va se porter mon propos. Ou peut-être n’avez-vous absolument aucune idée de qui je suis.
Dans un cas comme dans l’autre, je vous prie de pardonner l’incongruité de ma question, mais je crois qu’il n’existe pas de manière subtile de formuler une telle interrogation.


Êtes-vous bien réel, monsieur Nathan Weathers ? Et surtout, surtout, pouvez-vous me confirmer que vous avez bien fait l’expérience d’un déplacement spatial – temporel ? – le samedi 28 janvier de cette année, jusqu’à mon appartement en France où j’ai le souvenir de vous avoir rencontré ?

Si cette entrevue ne fut que le produit de mon cerveau vieillissant, et si votre vécu de cette journée vous semble diverger du mien, je vous serais reconnaissante de m’en faire part dans une réponse. Qu’à défaut de pouvoir apporter une solution aux questionnements qui me tourmentent, vous puissiez m’apporter la preuve que l’âge a bel et bien commencé à émousser ma perception du monde. Je me rendrais alors chez un médecin spécialisé, et cesserais de vous importuner avec mes bêtises de vieille femme sénile.

Si en revanche vous avez également souvenir de ce voyage, pourriez-vous s’il vous plaît me faire part, dans une réponse, de vos souvenirs de l’évènement, afin que je puisse les comparer aux miens, et obtenir la confirmation que, cette après-midi-là, l’impossible s’est bel et bien produit.

Vous comprendrez que je ne vous donne pas ici ma propre version des faits, car il me faut envisager l’éventualité – improbable, mais non-négligeable – que cette lettre arrive, à défaut de vous trouver, entre les mains d’un individu mal intentionné. Quelqu’un que la nature aurait fait tel qu’il pourrait trouver divertissant de torturer psychologiquement les vieilles dames vulnérables.

Si vous n’existez tout simplement pas, alors je vous dispense par la présente de me répondre.

Cordialement, et avec l’espoir tremblant que cette missive ne signe pas mon départ définitif pour la Maison de Repos de luxe de la Rue Longchamps…


Aline Brillant


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Nathan Weathers


Nathan Weathers

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers   Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers Icon_minitimeMar 28 Mar - 15:47


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Aline BRILLANT
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Philadelphie, le 22 février 2017.
   

Chère Madame.

J'ose espérer que cette lettre vous trouvera chez vous et en bonne santé. Je ne peux pas vous assurer du reste, surtout si vous êtes toujours adepte des sports à sensations, mais concernant vos dispositions mentales, la réception de ce courrier saura cependant vous soulager. En effet, je ne suis pas l'invention d'un esprit sénile, et encore moins du vôtre, car je vous ai effectivement rencontrée ce samedi 28 janvier.

Il était neuf heures du matin à Philadelphie quand cela s'est produit. Je me trouvais au terminal de l'aéroport – pas du tout dans l'objectif de prendre l'avion, si vous vous posez la question. Je me souviens de chacune des choses que j'avais prévu de faire ce jour-là et de celles que j'ai faites. Je n'ai pas pris l'avion pour Paris.
Je ne souffre pas non plus de syndrome dissociatif, vous pouvez en être assurée : dès les premières manifestations de ce phénomène, j'ai consulté un neurologue. Ce qui m'arrive n'est pas le fait de mon cerveau malade, je suis en très bonne santé. Non, le 28 janvier, vous pouvez le vérifier par vos moyens, c'était chez moi le lendemain de la signature d'un décret scandaleux contre le terrorisme islamique. Le vendredi, notre Président avait décidé de bloquer l'arrivée en territoire américain des ressortissants d'un certain nombre de pays musulmans, ce qui s'est traduit dès le samedi par la mise en détention de plusieurs voyageurs, adultes comme enfants. Je me trouvais à l'aéroport avec des confrères et des consœurs avec qui j'avais prévu de me mobiliser pour faire libérer tous ces gens au plus vite et nous travaillions sur leur défense ainsi que sur une pétition qui prouvait le statut anticonstitutionnel du-dit décret. Je vous inonde peut-être de détails, mais j'espère que ces précisions vous encourageront à croire que je n'ai pas eu de trou noir et que je n'ai pas pris l'avion dans un moment d'absence.

J'étais parfaitement conscient d'où j'étais et de ce que je me destinais à faire quand cela s'est produit. J'avais mon ordinateur sous le bras, mon portable dans l'autre main, et j'étais parti acheter des cafés pour l'équipe. J'ai poussé la porte d'un fast-food et... je me suis retrouvé dans votre chambre. Je sortais de votre salle de bains. J'ai bien tenté de faire marche arrière, mais il n'y avait rien à faire, alors il a bien fallu que je tente de quitter votre appartement. C'est là que je vous ai croisée, dans une position qui m'a semblé bien peu confortable, et que par conséquent je vous ai proposé mon aide. Naturellement, vous m'avez pris pour un cambrioleur, et je ne peux pas vraiment vous en blâmer. Mais je crois que j'ai réussi à vous convaincre que je n'étais pas là pour vous détrousser, ni vous, ni votre colocataire, et vous m'avez servi un thé. Il me semble que j'ai eu quelques instants d'absence, cette partie-là n'est pas très nette dans mon souvenir.
Dieu merci, j'ai fini par faire le trajet inverse et réapparaître à Philadelphie, peut-être une heure après mon arrivée chez vous.

Vous comprendrez qu'il m'était difficile de vous avouer, ce jour-là, qu'en une fraction de seconde j'avais traversé l'Atlantique pour me retrouver dans votre salle de bains. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à un quelconque retour de votre part.

Dois-je en déduire que vous auriez vécu une expérience similaire après notre premier contact ?

A vrai dire, je n'en serais plus étonné au point où j'en suis. J'ai l'impression que ce processus de déplacement « spatio-temporel » fonctionne par effet de contagion et je veux dire par là que je ne suis pas le premier à l'avoir vécu. Avant d'atterrir le nez devant les jolies cultures que vous faites pousser dans votre douche, j'avais déjà fait la rencontre d'une jeune fille qui est littéralement apparue sous mes yeux, à la suite d'un trajet instantané depuis un village allemand. C'était le 23 décembre dernier. Puis c'est à moi que c'est arrivé et je me suis montré chez vous. Du reste, cela ne semble pas aller en s'arrangeant. Il y a à peine une semaine, j'ai effectué un passage éclair dans un coin perdu de l'extrême-orient russe où j'ai croisé une jeune femme originaire de Tokyo, qui avait subi le même sort. J'ai appris qu'elle avait déjà été « téléportée » dans le jardin de la personne dont j'ai fait mention un peu plus haut, avant que celle-ci ne m'apparaisse à Philadelphie.
Cela doit vous paraître absurde.
Mais quant à moi, j'en suis à me demander si nous ne sommes pas en train de nous transmettre un témoin l'un à l'autre dans un processus de grande envergure, ou si nous sommes tous pris dans un gigantesque jeu de dominos.
En revanche, si je me trompe et si vous n'avez pas subi de « téléportation » inopinée, je vous fais mes sincères excuses et je vous prie de ne pas forcément vous en préoccuper. Ce ne sont que des suppositions de ma part sur un phénomène dont personne ne cerne ni le fonctionnement, ni même encore les motifs récurrents. Sur Internet, certains complotistes lui ont donné le nom d'« Effet Davis ». Pour le moment, ces sites web sont tout que j'ai à me mettre sous la dent pour parvenir à y voir plus clair – autant vous dire que la situation en est d'autant plus confuse.

J'ai conscience du caractère brut et surtout insolite de cette lettre mais il n'était pas vraiment possible de vous expliquer exactement les tenants et les aboutissants de ces phénomènes sans mouiller ma chemise. De toute façon, je n'ai pas grand-chose à perdre si vous me prenez pour un détraqué – ni quoi que ce soit à y gagner, d'ailleurs, en y réfléchissant bien. Je vous donne donc mes gages d'honnêteté, pour ce qu'ils valent en tout cas en ces circonstances, qui plus est entre deux presque inconnus.

Bien à vous et dans l'attente curieuse de votre réponse,

Nathan Weathers.

PS. Il est préférable que vous envoyiez vos courriers à mon adresse personnelle, je vous l'ai jointe en en-tête.
PS bis. Soit dit en passant, le thé que vous m'avez fait avait des vertus vraiment très étonnantes... Il m'a cependant aidé à traverser mon audience cette après-midi là, aussi je vous en suis reconnaissant, quel que soit... le secret de votre recette. Merci à vous.

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers   Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers Icon_minitimeMar 28 Mar - 18:03



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Paris, le 28 février 2017



Cher Monsieur,

Je tiens avant toute chose à vous remercier de votre sollicitude, au regard de ma santé. Sachez cependant que, et vous le saurez bien assez tôt, lorsque l’on arrive à la tranche d’âge décisive qui est la mienne, le plus terrible des risques est de décider de ne plus jamais en prendre aucun. Aussi si l’inquiétude des autres est le prix à payer pour m’éviter une fossilisation certaine, je suis prête à le payer. Ceci étant dit, et je crois que vous serez content de l’apprendre, je sais tout de même retenir une leçon. J’ai troqué la batucada brésilienne pour le paso doble, et la solitude de mon salon pour un charmant quinquagénaire prêt à pallier les faiblesses de mon aimable carcasse.

Ensuite, et un peu plus sérieusement, j’aimerai prendre quelques lignes pour vous féliciter des positions politiques que vous m’écrivez avoir prises, et de l'opiniâtreté avec laquelle vous semblez déterminé à les tenir. Tous les membres du barreau ne partagent pas vos dispositions, aussi je suis contente de vous apprendre du bon côté de toute cette navrante épopée politique. Tout ce que j’espère c’est que vos projets n’ont pas trop souffert de la mésaventure qui vous a arraché à cet aéroport, cette après-midi du 28 janvier.
Celle à laquelle je me dois de revenir, malgré toute l’envie que j’ai de continuer à me perdre en conversations plus légères.

Je ne sais pas si votre lettre ne m’affole pas tout autant qu’elle me rassure. Bien qu’il n’existe pas de soulagement comparable à la réalisation que l’on peut toujours faire confiance à son propre cerveau, surtout à mon âge, les conclusions que je vois se profiler dans votre récit me refusent une accalmie totale.

Votre déduction est juste, bien que j’ai moi-même eu beaucoup de difficultés à l’accepter. Depuis votre escapade parisienne, j’ai été confrontée à deux autres événements aux circonstances semblables à celui qui nous a amené à nous rencontrer.

Le premier s’est produit alors que je retournais voir mon frère, dans la campagne profonde du Centre-Val-de-Loire. La ferme de mes parents tient toujours debout, en bordure du petit village de Rouvres, dans ce qu'on peut appeler un échantillon typique de la culture paysanne française.
Un pauvre bougre est apparu dans un des vergers, au Sud de la ferme, tout aussi déboussolé et américain que vous. Lui en revanche a eu la malchance de faire son effraction accidentelle sur les terres de la branche rurale de mon arbre généalogique. Sylvain, mon frère, l’a pris pour je ne sais quelle espèce de voleur de chèvre, et si je ne l’avais pas arrêté – avec grand mal, ceci dit, fort heureusement je tiens encore un peu sur mes cannes – le pauvre aurait fini en fait divers dans les pages de la gazette de Rouvres. Il ne s’est pas éternisé parmi nous, comme ce fut le cas pour vous, et c’est suite à sa disparition que j’ai commencé à me questionner.

L’évènement qui a scellé ma résolution de vous contacter, en revanche, est un peu plus flou, dans ma mémoire. A ma décharge, lorsqu’il s’est produit, j’étais occupée à moquer ouvertement les idées reçues sur ma tranche démographique. D’aucuns diront que je m’encanaillais avec la jeunesse déraisonnable du quartier des Halles, mais à écouter l’avis des bonnes gens il n’est rien d’autre à faire de respectable pour une vieille personne que d’attendre la mort sans faire trop de vacarme. Idée à laquelle je refuse de donner raison, d’une manière générale, et que je combattais avec une assiduité toute particulière ce soir-là.

Aussi ce n’est pas sans confusion que j’ai effectué ce qui, je crois, constituais mon premier… déplacement officiel. Comme je vous l’ai dit les choses sont assez floues, mais après avoir contacté différentes personnes qui étaient avec moi à la fête, il semblerait qu’eux aussi aient souvenir de m’avoir vue disparaître soudainement. Je suis restée là-bas à peine quelques heures, le temps de décuver dans la confusion la plus totale, puis j’étais de retour à Paris. Il y avait une jeune fille, avec moi, mais je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’elle disait. A travers le mélange de l’alcool, du déni le plus total et de son accent à couper au couteau, je n’ai pas compris grand-chose tout court, en réalité. Mais lorsque l’on m’a ramené chez moi, je suis retombée sur votre carte, et…

Il fallait que j’en aie le cœur net.

Grace à vous, à présent, il me semble que c’est chose faite, pourtant je ne suis pas certaine d’aimer ce que je découvre. Avec toute la soif d’aventure dont peut regorger mon cœur, je ne suis pas naïve au point d’imaginer que je ne risque pas – moi, ou toute autre personne plus fragile se retrouvant happée par ce phénomène – de me retrouver un jour dans une situation particulièrement délicate.

Egalement, et peut-être plus terrifiant encore, si ce que vous avez conclu de vos propres expériences est vrai, et que ce fléau se transmet par un genre de contagion surnaturelle, alors je tremble à l’idée qu’il se propage à mon adoré petit frère. Il vaut mieux pour le reste du monde, et les gens qui le peuplent, que ce vieil imbécile ne se retrouve pas catapulté, carabine en main, loin de sa terre natale.

Quand je songe à ce qui aurait pu se produire, si je n’avais pas été là pour le raisonner…

Je lui ai confisqué son arme, mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’il en retrouve une autre en un rien de temps. Les gens de la campagne ont cette débrouillardise dont les motivations m’échappent. De plus, si en l’état actuel des choses, je peux tenter de surveiller le devenir de mon frère, et travailler à atténuer sa dangerosité, il n’est pas le seul paysan de France à avoir la gâchette et le délit de faciès chatouilleux. Sans parler pour le reste du monde, et les milliards d’autres nids de serpents qu’il peut contenir. C’est déjà trop de situations désastreuses en puissance pour que mon esprit puisse tout à fait les contempler. Si les conditions sont particulièrement mauvaises, même un voyage de quelques heures pourrait suffire à faire beaucoup de dégâts.

Peu importe ce qui est responsable de tout ce foutoir, il va finir par engendrer des victimes. Peut-être est-ce même déjà le cas. Moi qui pensait avoir tout vu de ma propre l’impuissance, cette pensée-là me fait redécouvrir la définition de ce mot. Je peux accueillir le pauvre diable qui échoue sur mon divan, tout comme je peux prêter ma chambre d’amis aux étudiants que le beau Paris aimerait éloigner du savoir, mais je ne peux pas être dans tous les salons de France, et Dieu sait qu’ils ne sont pas non plus les endroits les plus accueillants par les temps qui courent…

Pardon si j’ai teinté la discussion de mon humeur maussade, mais j’avais, et je le découvre à mesure que j’écris, grand besoin de partager ces inquiétudes, et je n’ai que vous pour les prendre au sérieux. Je m’en voudrai de finir cette lettre sur une note trop sinistre, aussi je profiterais de ces dernières lignes pour m’excuser, au sujet de cette fameuse tasse de thé. A l’époque je vous imaginais en pleine dissociation – ou un autre épisode psychotique du même acabit – aussi j’ai estimé qu’il était peut-être préférable pour tout le monde de soulager un peu vos nerfs. Ceci étant, si jamais vous éprouvez le besoin d’avoir à nouveau recours aux vertus étonnantes de ma fameuse recette, je serais toute à fait disposée à vous faire parvenir quelques échantillons d’un miel artisanal, 100% biologique, ingrédient clé de cette dernière.

Portez-vous bien, mon cher, et n’hésitez pas à me tenir au courant des avancées de votre réflexion. Je n’hésiterai pas, moi-même, à vous faire part de tout nouveau développement dans cette affaire.


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MessageSujet: Re: Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers   Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers Icon_minitimeMar 28 Mar - 23:18



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Philadelphie, le 7 mars 2017.



Chère Aline,

Tout d'abord, je suis vraiment désolé de ne répondre que si tardivement à votre lettre, mais tout ce temps, je n'étais pas chez moi pour la simple et bonne raison que le cosmos a de nouveau décidé de m'envoyer à des milliers de kilomètres de Philadelphie. J'étais en Corée du Sud ces derniers jours. C'est le plus long voyage auquel j'ai été contraint jusque là par ce biais. Fort heureusement, j'ai été accueilli par une charmante Séoulienne qui a été d'une... étonnante ouverture d'esprit.

Mais me revoilà, donc. J'ai trouvé votre courrier dans ma boîte-aux-lettres en rentrant et je suis tout aussi soulagé et ravi de recevoir de vos nouvelles.
Évidemment, en revanche, je partage tout à fait vos inquiétudes. Ce sont de sacrés bouleversements que nous vivons. Malgré tout, je m'estime chanceux de ne pas avoir été encore catapulté au beau milieu du désert de Gobi, ou que sais-je. J'espère que le destin vous en gardera également... et, encore une fois, que cette lettre vous parviendra et que vous la lirez en pleine santé. Vous faites bien de vous confier aux bons soins d'un cavalier, en ce qui concerne votre passion pour la danse de salon, néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de me faire du souci pour des raisons qui me semblent autrement plus redoutables.

Nous ne pouvons pas ignorer la possibilité de ne pas bénéficier de voyage retour un jour ou l'autre, et c'est une perspective qui me glace plus efficacement qu'un sorbet dans mon freezer.
Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais j'ai remarqué qu'il m'était possible en certaines occasions, disons... « d'inverser l'effet Davis » en me concentrant suffisamment sur une représentation de mon appartement. C'est d'autant plus perturbant que mes déplacements semblent étrangement... ordonnés ? Si je récapitule, la première fois, je me suis retrouvé chez vous après avoir reçu un message de mon grand-père parisien – il habite avec ma grand-mère à la Courneuve – qui me transmettait une vieille photographie de ce qui était leur premier logement. Ensuite, je lisais un quelconque article dans le journal au sujet d'une controverse russe, et j'ai été envoyé sur l'île Sakhaline. Enfin, en ce qui concerne mon périple à Séoul, j'y ai été précipité au moment où je regardais à la télévision une interview d'un parlementaire coréen.
Cela me semble quand même prodigieux de coïncidence... Mais je ne sais vraiment pas quoi penser de ces éléments.

Quoi qu'il en soit, j'espère que ces expériences ne troublent pas trop votre sommeil et que votre quotidien n'en pâtit pas trop...
A ce sujet, je n'aurais pas dû vous livrer ces conclusions si hâtivement, je le regrette maintenant à la lecture de votre lettre : cette histoire de contagion n'est qu'une supposition de ma part qui repose sur des bases très fragiles et je remarque maintenant leur sournoiserie.
Je vous en prie, ne vous faites pas tant de mauvais sang pour votre frère. En février dernier, une malheureuse Néo-Zélandaise a atterri dans la voiture de mon détective consultant, où par chance je me trouvais également. Jusqu'ici cet.te ami.e n'a pas vécu de déplacement similaire, aussi vous voyez que ma théorie a ses limites. Je le souhaite, en tout cas, et en l'état, il serait plus sage pour vous et moi de nous contenter de glaner des informations où nous le pouvons plutôt que de vouloir trouver dans ce que nous vivons une systématicité de pareille envergure. Actuellement, beaucoup de choses nous échappent. Nous n'avons pas assez d'informations pour nous permettre d'échafauder un plan quelconque de ce qui se produit. Pardonnez-moi de m'être laissé emporter dans mon dernier courrier.

D'autant que maintenant que j'y réfléchis plus soigneusement, il faudrait se garder de parler de contagion comme je l'ai fait. Car vraiment, si nous allons jusqu'au bout de cette spéculation, je crains qu'elle ne soit plus dangereuse qu'éclairante ou même utile.
Je l'ai imaginée en constatant que tous ceux que j'ai rencontrés par ce moyen avait déjà vécu une expérience paranormale par le biais d'un autre. Mais si l'idée est de remonter de personne en personne jusqu'à trouver celle qui serait la source de l'épidémie et qui ne tiendrait son affliction de personne, je préfère que nous n'en parlions plus. Je pense qu'il ne faudra déjà pas longtemps, si ça se sait, pour que les gens se mettent à chercher des responsables sur qui déchaîner toute leur vindicte. A vous, cela n'importe peut-être pas de trouver un fautif, mais il faut reconnaître que c'est une propension assez nette de la nature humaine. Alors ne cédons pas à ces élans complotistes et tâchons de brider notre imagination autant que possible. Et moi le premier. Vraiment, je m'en veux, j'aurais dû penser à la portée de mes mots.
Si nous maîtrisons encore quelque chose, c'est bien notre manière d'aborder ce sujet entre nous et d'en tirer des conclusions. Hauts les cœurs, chère Aline. Opérons là où nous le pouvons, dès que nous le pouvons, même si ce qui est dans nos moyens vous semble malheureusement dérisoire. Nos discours et nos réflexions constituent déjà une forme capitale de résistance. Vous et moi, nous nous écrivons, et c'est déjà un premier pas vers quelque chose.

Du reste, il doit bien se trouver une action utile à mettre en place... Il n'est pas nécessaire de comprendre à fond ce phénomène pour intervenir localement et aider ceux qui en sont victimes, et comme vous l'avez souligné, certaines circonstances réclament d'agir de toute urgence. J'y cogite depuis quelques temps, mais toutes ces mésaventures ont nettement déréglé mon rythme de vie et je ne trouve plus une minute pour quoi que ce soit.
Cependant... il faudrait s'y employer. Et prudemment, surtout, puisque nous devons faire fi de la théorie. Cela comporte ses risques et nous jouerions avec une grande part d'imprévisibilité, mais je crois que je ne pourrais pas rester longtemps sans rien faire. J'aimerais pouvoir envisager l'existence d'une ONG pour prendre en charge la prolifération de ces phénomènes, mais la situation est si exceptionnelle que j'ai bien peur qu'une telle manœuvre ne soit pas tenable juridiquement. Je devrais pouvoir me renseigner à ce sujet. A vrai dire, je crains davantage l'opposition de la société humaine et de ses instances que celle d'un « effet Davis », tout surnaturel qu'il soit. Je ne saurais pas quoi faire s'il fallait agir souterrainement...
Mais je dois m'emballer, comme d'habitude. Je réfléchis. Toute cette intrigue m'use la matière grise. Pourtant elle doit pouvoir être résolue.

Bref.

Vous le voyez, état dissociatif ou pas, il se peut que votre mystérieuse recette soit fort accommodante pour mes nerfs qui sont effectivement mis à dure épreuve en ce moment. Pardon encore une fois si je vais si vite en besogne. Pas d'inquiétude, ne croyez pas que je vous ai déjà embarquée avec moi dans je ne sais quel projet farfelu.
Je n'avais pas non plus l'idée de vous reprocher ce que vous avez pensé bon de glisser dans mon thé, la fois dernière. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas eu à le regretter, quoi qu'il me semble avoir ri un peu brutalement au nez de l'avocat de la défense. Le juge a pris ça pour une provocation et les jurés pour une plaisanterie, l'audience s'est esclaffé de concert et il a été assez difficile de ramener le silence dans la salle. C'était le seul incident à déplorer et je ne crois pas qu'il m'ait été préjudiciable. Cette affaire est bientôt derrière moi, de toute façon, et elle ne sera définitivement pas à classer dans mes échecs. Ma cliente devrait percevoir assez de dommages et intérêts pour vivre confortablement pour quelques années peut-être.
Franchement, quand on y pense, la meilleure chose à faire sans doute, pour le moment, c'est de vous constituer un véritable fond de commerce avec votre miel miraculeux. Il fera certainement le bonheur de beaucoup de téléportés dans mon genre !

Je vous remercie en tout cas de votre propre sollicitude et je vous envoie de nouveau la mienne, ainsi que ce que j'ai de meilleur dans le cœur.
Chaleureusement,

Nathan.

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MessageSujet: Re: Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers   Correspondance entre Aline Brillant & Nathan Weathers Icon_minitimeVen 19 Mai - 2:50



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Paris, le 11 mars 2017



Cher Nathan,

Me voici soulagée d’avoir enfin de vos nouvelles. J'ose espérer que, malgré cette terrible tendance qui vous voit enchaîner les ‘déplacements’ les uns après les autres, vous avez su trouver dans ces quelques jours le temps de reprendre des forces. Peut-être même de vous ressourcer un peu ? Une amie de mon club de cinéma est absolument intarissable sur la Corée où elle a quelques liens familiaux qu’elle visite tous les hivers, et puisqu’il semble que vous ayez trouvé là-bas une main tendue dans votre direction, j’espère que vous avez pu profiter un peu du pays.

Vous devriez d’ailleurs songer à emporter un appareil photo avec vous pour ce genre d’occasions, cela vous ferait un sacré carnet de voyage. Quant à moi, je l’avoue, je serais bien curieuse de partager un peu de ces expériences que vous évoquez, et dont la liste s’allonge à chaque lettre que je reçois de vous.

Cela étant dit, je comprends bien entendu que cela ne soit pas votre préoccupation première, d’autant que vous semblez être quelqu’un qui prend très à cœur son travail et les responsabilités qui en découlent.

Je n’ai effectué qu’un seul de ces « déplacements », pour ma part – et que Dieu m’en garde, je n’ai pas envie de retenter le diable de sitôt – aussi je ne pourrais pas vous être d’une grande aide, dans cette partie de votre réflexion. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il ne me semble pas avoir remarqué, de mon côté, de lien précis entre la soirée de mon départ et la nature de mon lieu d’arrivée. Mis à part l’état de débraillement vestimentaire de mon hôte, qui aurait pu correspondre à l’équivalent d’une fin de soirée…
Non, vraiment, navrée de ne pouvoir vous être plus utile, sur ce plan-ci. Peut-être les choses sont-elles très différentes d’une personne ‘déplacée’ à une autre. Après tout vous m’avouez vous-même être particulièrement sujet à ces perturbations, quand ma propre expérience s’avère être plus éparse et tranquille. Je n’imaginais même pas que ces voyages puissent s’étendre au-delà de quelques heures, ou que la possibilité que le retour ne s’effectue tout simplement pas soit à envisager. C’est une perspective glaçante, en effet…

Je n’ai probablement pas besoin de vous le dire, mais puisque vous semblez avoir gardé contact avec un certain nombre de gens concernés, je vous encourage à les questionner sur les circonstances de leurs voyages, passés et à venir.

Je comprends et approuve votre raisonnement concernant l’attribution d’une culpabilité, et votre méfiance vis-à-vis de l’escalade complotiste qu’une quête de réponses, ou du moins une spéculation trop hâtive sur la base de cette dernière, pourrait engendrer. En revanche, à long terme, l’identification de motifs, dans le fonctionnement de ce phénomène, ou bien de la logique qui le régit, tout cela pourrait s’avérer extrêmement utile. Le tout est de parvenir à diriger une telle recherche vers des objectifs d’assistance aux personnes concernées, plutôt que vers l’identification d’un responsable.

L’information est un outil à double tranchant, et nous avons une responsabilité dans la manière dont nous la manions, mais elle est un outil dont il serait fort dangereux de nous priver, tout de même. L’idéal serait de trouver un moyen de concilier cette récolte de témoignages et notre volonté commune de diriger les motivations vers des notions d'entraide et de solidarité.
Le modèle associatif est une idée intéressante, elle changerait, en tout cas, du paysage complotiste auquel je me suis heurté jusqu’ici lorsque j’ai tenté de me connecter au web pour y hasarder quelques questions sur le sujet. Je n’ai pas trouvé là grand-chose qui m’intéresse, mais la chose m’a conforté dans mon idée qu’il y a là un vide que nous aurions tout intérêt à combler.

Le problème principal qui se pose est probablement l’échelle à laquelle le phénomène semble se produire. Si l’on considère des associations dont les activités recoupent des domaines comme l’hébergement d’urgence, ou l’assistance aux personnes vulnérables, elles sont essentiellement efficaces de par leurs zones d’interventions ciblées. A chaque secteur géographique ses spécificités, ses besoins, et ses solutions. Agir de manière efficace sur un seul continent demanderait des moyens extraordinaires ! Même avec des aides gouvernementales… La barrière de la langue, seule, par exemple, serait extrêmement laborieuse à contourner.
Mais peut-être que la clef de ce problème ne se trouve pas dans l’apport d’une assistance unique d’un groupe défini au reste de la planète. Peut-être que nous aurions intérêt à trouver un moyen d’encourager une entraide locale, au cas par cas. Par la sensibilisation, ou peut-être même la mise en contact de gens concernés. Si l’on me permettait d’être informée qu’une personne dans votre situation a malencontreusement atterri dans un secteur proche du mien, il serait alors très facile pour moi de lui proposer mon assistance…

Sayid, mon jeune colocataire, avec qui je discutais de cela, tout à l’heure, me parlait des réseaux de Couch-Surfing, ou des sites de particulier à particulier qui se chargent simplement de mettre en relation des offres et des demandes spécifiques. Je fais moi-même partie d’un groupe au fonctionnement similaire – quoique beaucoup moins informatisé, j’ai bien peur d’avoir eu un peu de mal avec l’avalanche technologique de ces dernières années, même si je m’y mets courageusement. Je trouvais l’idée intéressante, aussi je me permets de vous en faire part, peut-être qu’elle vous inspirera quelque chose à votre tour.

Pour ma part, je dispose de quelques atouts financiers, bien que ceux-là ne soient pas non plus inépuisables, mais je manque en revanches cruellement de moyens physiques, qu’ils soient administratifs ou techniques. Je n’ai à contribuer que ma bonne volonté, ma chambre d’ami, quelques fonds et l’énergie qu’il me reste. Cela ne suffira probablement pas à sauver le Monde, mais j’ai la conviction que je ne suis pas seule dans mon cas, et qu’il existera bien, dans le reste de ce vaste globe, des gens prêts à faire de même. Et d’autres avec l’expertise nécessaire pour les rassembler.

Je terminerai cette lettre en vous félicitant pour cette bataille rondement menée, et la victoire qui semble se profiler à l’horizon pour vous et votre cliente. Si j’ai pu y contribuer d’une quelconque manière, c’est suffisant pour éclairer le reste de ma journée. Peut-être y ajouterais-je tout de même un petit cocktail - à votre santé, bien évidemment - afin de la finir tout à fait en beauté, car trinquer sans un verre en main est toujours malvenu[/i].
À présent je crois qu'il est l'heure de vous quitter. J'espère que cette lettre vous trouvera plus facilement que les précédentes, et que le grand Univers mettra un moment de côté les plans qu'il semble avoir pour vous. Portez-vous bien, mon cher, et puissent le reste de vos déplacements toujours vous amener auprès de personnes d’une « étonnante ouverture d'esprit ».

Aline Brillant


PS : Voilà que j'y repense, mais j'ai terminé récemment de faire infuser quelques bouteilles de mon miel si réputé. Puisque vous me conseilliez tantôt de m'en constituer un stock, je me suis permis de vous en faire également parvenir un échantillon, afin que vous puissiez faire de même de votre côté. Au vu du rythme effréné de vos récentes péripéties, je suis sûr qu'il vous sera utile.
Un colis devrait donc normalement être joint à cette lettre, et vous y trouverez votre flacon. J'espère que la douane ne s'en sera pas mêlé de trop près, et qu'il arrivera intact entre vos mains. Si par hasard le contenu de la bouteille s'est cristallisé pendant le voyage, mettez la bouteille au bain marie quelques minutes et cela devrait régler le problème. Il est excellent dans le thé, et pour la pâtisserie, mais je vous déconseillerai d'en abuser avant de conduire. Faites en bon usage !

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