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 Nathan Weathers

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Nathan Weathers


Nathan Weathers

Messages : 805
Points de Complot : 2521
Fiche : Stay Focused & Extra Sparkly ★
Date d'inscription : 13/11/2016
Lieu : Philadelphie, Pennsylvanie.
Occupation : Avocat en droit pénal. Conférencier, écrivain, activiste. Musicien à ses heures perdues.

Nathan Weathers Empty
MessageSujet: Nathan Weathers   Nathan Weathers Icon_minitimeMer 21 Déc - 23:28





Nom : Weathers.
Prénom : Nathan.
Pseudo : Nathan.Weathers@philly-law-cooperative.com
Oui, c'est tout ! Avant, il jouait en ligne, mais maintenant le business ne lui en laisse plus beaucoup l'opportunité. (Pour être honnête, il a autant de pseudos qu'il a eu de mots de passe – c'est-à-dire beaucoup. A l'occasion, on peut rencontrer GreenArrow64, realMalcomX, FourEyes ou real-lifeDaredevil sur de vieux jeux en réseau. Vous moquez pas, c'est vilain.)
Âge : 27 ans (anniversaire le 9 avril).
Genre : Homme cisgenre.
Pouvoir: [OUI] [NOUVEAU]
Lieu d'habitation : Philadelphie, Pennsylvanie.
Métier/Occupation : Avocat en droit pénal. Membre des barreaux de Pennsylvanie, du New Jersey, du Massachusetts, et de New York. Il consacre aussi beaucoup de temps à donner des conférences et l'écriture d'articles polémiques, ainsi qu'à celle d'un livre sur le fonctionnement répressif de la pénalité américaine.
Langues parlées : Anglais, français (bilingue), espagnol.


description

Nathan est un garçon d'une force tranquille, dont la bonne mine et la jeunesse inspirent naturellement la confiance. Il a une voix de ténor, lumineuse, chaude et paisible et un sourire d'une assurance absolue – physiquement, ce sont ses principaux atouts.
Pour le reste, il fait un mètre soixante-treize pour (oh, un chouïa) plus de soixante-dix kilos dans ses jours de laisser-aller, où il a plus tendance à s'empiffrer qu'à faire de l'exercice.

Mais il reste un jeune homme élégant et optimiste, bien souvent habillé de couleurs fortes qu'il porte aussi bien que le costume. Il est toujours impeccablement rasé, ses cheveux crépus sont tenus courts et son allure est souvent très professionnelle. Il ferait certainement très bon effet s'il n'était pas aussi enclin à la polémique. Et puis, sans ses grosses lunettes qui lui rendent l'expression si sérieuse, il est myope comme une taupe et il paraît bien plus jeune qu'il ne s'en donne l'air. Il a un visage d'enfant, franc et lisse, qui sait passer instantanément de la concentration intense à la joie la plus rayonnante. Toujours il est entier et sincère, dans la résolution, le ravissement et le combat et se lit comme à livre ouvert.


réactions

- Face à l'agressivité : Si l'agression le vise directement, il fera démonstration d'un sang-froid à toute épreuve ou presque. Quand on ne le connaît pas, à première vue, on pourrait penser que dans une autre vie, il aurait fait un parfait spécimen de moine bouddhiste. Ce n'est pas totalement faux, il est très diplomate (voire contemplatif à ses heures perdues), et il s'en tirera la plupart du temps avec tout l'art de son éloquence. Il détient même le pouvoir secret de témoigner d'une réelle compassion dans des situations pourtant extrêmes, ce qui peut être spécialement déstabilisant quand on se trouve de l'autre côté. Bref, l'agressivité, il maîtrise, et il a même beaucoup de pratique en la matière.
Le hic, c'est que Nathan supporte très mal quand ça tombe sur les autres. Depuis qu'il est petit, il a pris cette manie incompréhensible de s'enflammer devant les actes de violence et de toujours s'interposer entre un agresseur et sa victime. Autant dire que c'est une attitude qui lui a rarement porté chance. En matière d'autodéfense, rien que l'idée du combat le paralyse, alors si les mots ne lui sont d'aucune aide, malgré toute sa combativité, il finira très rapidement en boule sur le tapis.

- Face à une célébrité qu'il adore : Bon, alors là, c'est la débandade. Il donne à signer tout ce qu'il peut, sa chemise, ses chaussures italiennes bien cirées, et ses deux joues s'il le faut. Il est capable de se transformer en groupie hystérique en une fraction de seconde devant une personnalité militante, et ça a quelque chose d'un peu terrifiant.

- Face à l'échec : Nathan n'envisage jamais qu'il puisse échouer, jamais, à aucun moment. Ça ne lui traverse pas l'esprit. Il est beaucoup trop absorbé par ce qu'il fait, beaucoup trop concentré, beaucoup trop passionné pour que l'échec signifie quoi que ce soit pour lui. Qu'est-ce que ça veut bien pouvoir dire, échouer, quand on refuse sans trêve ni repos de lâcher l'affaire ? Bien sûr, il a connu et connaît toujours un certain nombre de déconvenues, mais il s'est toujours immédiatement remis au travail comme si sa vie en dépendait. On aura beau le flanquer par terre, il aura toujours assez de détermination pour se relever. En fait, il ne prend même pas le temps de tomber. De contempler son sort ou de goûter à l'amertume d'une défaite. Il n'a pas le temps pour ça.
En revanche, s'il devait faire face à l’Échec avec un grand E – probablement l'échec qui lui coûterait sa carrière, et Dieu sait qu'il la met souvent en péril – il est difficile de savoir s'il s'en remettrait. Il n'a vraiment que son travail, dans la vie – bien sûr, c'est son choix et il ne le regrette pas du tout, mais du coup, il ne peut pas imaginer une seconde de devoir soudain s'en passer.

- Face à un événement surnaturel : Il n'y a rien dans ce monde qui ne puisse pas un jour trouver une explication rationnelle. C'est une croyance très ferme chez Nathan. Un événement paranormal, c'est plus que probablement un canular, un effet de la fatigue ou de l'imagination du témoin, ou même dans le pire des cas, un hasard de la nature que la science saura un jour élucider. Si ça lui arrivait à lui en personne, il en faudrait vraiment beaucoup pour le faire faire écarter la totalité de ces hypothèses, et dans tous les cas, il ne trouverait pas de repos avant d'avoir parfaitement compris ce qu'il lui serait arrivé.

- Face à un(e) parfait(e) inconnu(e) : Nathan fera toujours l'effort d'être patient, poli et courtois, même dans les circonstances les plus fâcheuses du monde. La bienveillance est son attitude par défaut – sauf peut-être si vous avez le malheur d'être l'avocat de l'autre partie au tribunal. Là, il faut se préparer à affronter un tank lancé à pleine puissance, mais ça reste une situation relativement exceptionnelle pour une rencontre. De manière générale, il peut arriver qu'il se montre excessivement enthousiaste quand on aborde certains sujets, même en compagnie d'un inconnu, et malgré toute la gentillesse du monde, ça en a fait fuir plus d'un.

- Si on lui propose une grande somme d'argent sans rien demander en retour : Nathan est très loin d'être dans le besoin. Ses affaires marchent bien, il vient d'une famille aisée, alors quand on y pense, à moins d'un pot de vin, il est très improbable que quelqu'un lui offre beaucoup d'argent du jour au lendemain. Et très naturellement, toute proposition qui heurterait son sens moral ne rencontrerait que son refus le plus catégorique. A vrai dire, c'est plutôt son truc à lui, de se retrouver à distribuer spontanément des chèques aux gens dans le besoin qu'il peut croiser sur son chemin. Pas qu'il ait particulièrement à cœur de faire de la charité, mais s'il peut dépanner, il le fera effectivement sans rien attendre en retour, et tant pis s'il passe pour un naïf aux yeux du monde.




votre passé

Maison familiale à Camden, New Jersey ; 1995.

« On n'a pas l'droit d'empêcher les gens d'vivre. Léo, pour filmer, faut appuyer sur le bouton.
– J'ai appuyé. Je filme, là, patate.
– Eh ben, je dis qu'on n'a pas l'droit d'empêcher les gens d'vivre. Et pas l'droit d'les empêcher d'aller... au cinéma. De faire des choses chouettes.
– Y a des gens qui ont pas le droit d'aller au cinéma... ?
– Oui, nous, on peut pas, parce que le cinéma il est fermé, banane. C'est pour ça que nous on proteste. Filme, hein ! Aller voir des dessins animés, ça sert à s'amuser, ça sert à être content. Alors moi je m'demande, pourquoi y en a qui viennent au cinéma pour tout péter ?
– Bah. Parce qu'ils... ils sont malheureux, et ils veulent pas que les autres soient contents au même moment. Peut-être qu'c'est comme ça que eux, ils protestent, tu vois.
– D'accord, mais... Moi j'suis pas tout l'temps d'accord avec mes copains. C'est pas grave, ils pensent pas tous la même chose... Alors on s'donne des coups de pieds. Ben non, c'est une blague. On discute. Parce que c'est pas bien, la violence. On n'a pas l'droit d'dire « j'ai envie qu'tu penses pareil que moi ! ». Parce qu'on pense c'qu'on veut. Des fois, eh ben, j'm'arrête, c'est pour réfléchir quand j'suis pas d'accord du tout, du coup j'm'arrête de courir, et j'me mets à réfléchir. Eh ben après je discute. J'vais pas tout casser.
– Ben ouais, mais tu fais quoi, si on t'empêche de parler ?
– Personne y peut m'empêcher de parler. J'suis comme Public Enemy. Moi j'ai pas peur de tout, hein. Toi là-bas si t'essaies de me faire peur, ben j'ai pas peur du tout. Et avec Léo on a pas peur d'eux. De tous les gens qui cassent le cinéma et des aut' gens qui nous font peur pour qu'on ferme not' bouche. On continuera not' vie. Comme s'ils étaient pas là. »


**

École élémentaire de West Parish, Gloucester, Massachusetts ; 1999.

« Attends, Léo, tu f'rais pas ça. »

Les frontières de ce que son grand-frère était capable de faire sous le coup de la colère avaient toujours été assez floues, jusqu'ici. Nathan a neuf ans et l’œil écrasé sous une grosse cocarde couleur prune. Il fixe son aîné d'un air interdit, planté sur le trottoir à la sortie de l'école où il est venu le chercher. Ils n'étaient plus à Camden. Gloucester était une paisible bourgade, où les potins du journal local pouvaient aisément transformer une stupide bagarre entre gamins en troisième guerre mondiale. Si Léo s'en mêlait, c'était sûr, ils feraient la une le lendemain matin et on viendrait construire un mémorial au milieu de la cour de récré.

Ils avaient déménagé pendant l'été. Du jour au lendemain, Charlotte – leur mère – avait réussi à décrocher la direction d'un hôpital dans le Massachusetts, en attendant de briguer un poste plus important à Philadelphie. Elle avait quitté le triste cabinet de médecins qu'elle tenait avec son mari à Camden, malgré les supplications du révérend qui désespérait de voir la famille la plus pratiquante de la ville déserter son église.
Ici, à Gloucester, les gens étaient blancs. Blancs comme les premiers Anglais qui avaient débarqué là des siècles plus tôt, blancs comme l'écume des flots qui moussait au passage de leurs thoniers et de leurs navettes touristiques. Blancs comme une pub pour détergents. Et eux, on les regardait un peu comme si on avait oublié de les passer à la machine. Ils étaient devenus les deux petits négros de Camden. En classe, Nathan ne pouvait plus faire la moindre observation sans sentir planer sur lui un regard perplexe et le questionnement silencieux de son éducation sortie du ghetto. Léo, avec ses quelques tics nerveux et son petit air renfrogné, n'arrivait plus à parler de ce qu'il voulait sans qu'on le soupçonne d'être en colère ou d'être prêt à lever la main sur quelqu'un. Soudain, ils réalisaient qu'ils étaient nés avec une sorte de déguisement grotesque qui leur colle à la peau comme de la poix. Et qui gratte, avec ça. Impossible de s'en débarrasser.

Un jour, en cours de récitation, la langue de Nathan a fourché. Un garçon blond au premier rang l'avait corrigé à voix haute dès l'instant qui avait suivi et déclenché une petite marée de gloussements à travers toute la classe. Il avait éprouvé un tel sentiment de honte que quand la porte de la voiture de son père avait claqué derrière lui ce soir-là, il s'était mis à pleurer des larmes de rage sur la banquette arrière et  avait annoncé qu'il saurait un jour rapper comme Busta Rhymes, même si c'était la dernière et seule chose qu'il devait faire de sa vie. Personne ne s'moquait de Busta Rhymes. Et il n'avait pas changé d'idée. Insatisfaite du conservatoire de la ville, sa mère avait remué ciel et terre pour lui trouver un professeur de la communauté, et il devait s'expatrier une fois par semaine à une vingtaine de kilomètres de Gloucester pour avoir ses cours, mais ça non plus, ça ne l'avait pas découragé.

En fait, tout ça le remplissait d'une détermination féroce. Un peu trop, peut-être. Cet après-midi là, une fille du club de hand s'était pris de bec avec la capitaine de l'équipe et l'avait jetée le nez dans la poussière. Alerté par les cris, Nathan avait abandonné sa game boy en toute panique et s'était précipité pour s'interposer et aider la fille à se relever ; il s'était fait cueillir par un coup de poing dans l’œil qui lui avait flanqué les fesses par terre.
Léo fixe maintenant le car scolaire d'un regard dur d'hostilité et Nathan pressent que ce coquard, c'est pour lui l'étincelle qui met le feu aux poudres.

« Hey... Tu f'rais pas ça.
– Pourquoi pas ? Tu te rappelles au mariage de Joshua, quand on s'est caché sous la table et qu'on a tiré sur la nappe pour flanquer tous les couverts par terre ?
– Mais... ça n'a rien à voir avec le mariage de Jo... C'est dangereux. Ils vont s'faire mal.
– On s'en fiche, qu'ils se fassent mal, c'est bien fait. Après ils réfléchiront à deux fois au prochain coup où ils viendront chercher la merde.
– Nan. Nan, nan, nan, j'veux pas qu'on devienne ce genre de mecs là. Écoute, ça leur ferait vraiment trop plaisir.
– Tu sais quoi ? Ouais, ils croient tout savoir sur toi et sur moi. C'est des cons. J'vais leur en donner, moi, du ghetto, puisque ça les excite à c'point. Mate un peu ça. »

Il donne un coup de talon dans son skate, le rattrape au vol et le lance ensuite à Nathan, un grand sourire pointu aux lèvres. Le temps qu'il le rattrape, il a discrètement quitté le trottoir.

« HEY ! » Nathan bondit sur ses pieds. « Léo, c'est pas grave ! Qu'est-ce qu'on s'en fout, de ce qu'ils pensent ! Léo, reviens ! Tu vas te faire gronder ! Reviens ! T'es fou ! TU F'RAIS PAS CA ! »

Mais son frère n'entend déjà plus ses cris d'avertissement. Il s'est jeté sur ses longues cannes de gamin hyperactif, il a traversé la rue comme un fou, puis d'un bond agile, il a plongé et s'est engouffré dans le car scolaire. Il ne lui faut pas davantage qu'une paire de secondes pour trouver le frein à main près du siège du conducteur, et pour le baisser immédiatement d'un geste vif.

Nathan observe la scène de loin, impuissant et parfaitement mortifié, la voix empêtrée dans le triple nœud que la panique a serré au fond de sa gorge. Son regard va de Léo qui saute du marche-pied avec un sourire immense, à ce grand benêt de chauffeur qui n'a encore rien remarqué et qui s'esclaffe grassement avec les institutrices. Le car pique tranquillement du nez dans la pente, sans se presser, et une terreur foudroyante vient crever la poitrine de Nathan. Aussitôt, il s'élance sur le trottoir et il hurle de toute la force de ses petits poumons en direction des adultes. Et puis, sans réfléchir, il jette son sac à dos et ce fichu skate par terre et se rue à la poursuite du car, d'où s'élèvent déjà les cris suraigus des élèves de sa classe.
Dans un glapissement d'incompréhension, le chauffeur sautille sur ses pieds, se met à sa poursuite et le double rapidement tandis que le car prend lui aussi de la vitesse.

Ce n'est pas une histoire qui finit mal pour la petite école primaire de Gloucester. On n'a pas bâti de stèle à la mémoire des élèves disparus dans l'accident de car de l'an 1999. Léo, en revanche, a été envoyé trois mois en centre de détention pour mineurs. En ce qui concernait Nathan, il avait dû attendre de sauter une classe au collège pour que son entourage l'autorise enfin à laisser derrière lui cette mésaventure.


**

Walmart Supercenter, Philadelphie, Pennsylvanie ; 2010.

« J'viens toujours ici depuis la mort de ma femme, surtout le mardi et le jeudi. Le lundi, les gens reprennent le travail, ils sont de mauvaise humeur, alors qu'en fin de semaine, c'est mieux, ils sont bientôt en week-end. Et puis faut faire attention au climat, aussi. Quand il fait froid, les gens sont plus généreux. Par contre, quand il pleut, c'est mort. Un parapluie dans une main, le portable dans l'autre, tu peux laisser tomber. »

Un brouillard opaque est descendu traîner en ville et flotte lourdement dans le boulevard, percé par quelques rares rayons de soleil qui dégoulinent parfois des gouttières au goutte à goutte. Nathan a eu vingt ans le mois dernier. Il est assis pieds nus sur un morceau de carton humide, près d'un vieillard en converses dont le visage semble avoir été retaillé au burin dans l'ombre de son chapeau rongé aux mites. Il y a, posé devant eux, une petite pancarte où on a tracé au feutre un grossier « Accepte tout travail », et de part et d'autre, bien alignés, deux gobelets McDo. Le premier recueille quelques pièces de monnaie dont le cuivre attrape joyeusement la lumière. Le vieux, de son côté, dépiaute tranquillement des mégots mouillés cueillis dans les flaques pour se faire des roulées et compléter le maigre stock qu'il tient dans le second gobelet. Nathan, lui, nettoie méticuleusement ses lunettes en l'écoutant causer doucement des aléas de ses jours et ses nuits dans la rue, de feue sa femme Emily et du petit café qu'ils tenaient ensemble à Market Street.

« Mais toi, tu veux faire quoi dans la vie, gamin ? Tu ne vas quand même pas t'éterniser dans ce Walmart, à ton âge ? »

Nathan baisse le nez sur son t-shirt et attrape machinalement son badge d'employé entre ses doigts pour y jeter un coup d’œil pensif.

« Hmf, non. J'étais interne à l'hôpital Thomas Jefferson, il n'y a pas si longtemps. Ma mère travaille là-bas. Mais hm... on s'est disputé. J'ai coupé les ponts depuis six mois.
– C'est pas très bon, ça.
– Je ne le regrette pas vraiment. »

Il tourne la tête vers le vieil homme, un petit sourire résigné au bord des lèvres. Quitter la maison, Léo l'avait fait avant lui pour aller se marier avec une musicienne de dix ans son aînée alors qu'il était encore mineur. Leur mère avait accusé la jeune femme d'en avoir après leur argent et d'avoir embobiné son fils pour lui faire un bébé dans le dos. Elle avait même menacé de lui coller un procès si elle ne prenait pas la décision d'avorter, et ça avait sorti Léo de ses gonds. Il était parti. Il s'était engagé dans l'armée, comme leur père l'avait toujours souhaité, il s'était marié dès ses dix-huit ans, et à l'heure qu'il était, il essayait d'élever sa gamine sur le tas.
A côté, le motif de son propre départ semblait plutôt dérisoire à Nathan, mais il y avait des comportements qu'il ne parvenait plus vraiment à pardonner à sa mère.

« On a eu un conflit éthique.
– Un... conflit éthique ? répète le vieil homme avec beaucoup d'incrédulité, devant l'air grave du garçon.
– On est opposés sur pas mal de points elle et moi. Et à l'hôpital, ça n'était pas seulement des disputes en l'air. Un jour, elle a refusé d'opérer quelqu'un parce que... 'le bilan psychologique n'a pas permis de relever de souffrance significative chez le patient'.
– On peut vraiment faire ça ?
– Dans certaines circonstances, oui. Les hôpitaux, ce sont des entreprises. C'est leur droit d'exercer la politique de leur choix dans les domaines qui ne sont pas délimités par la loi, et il y en a un certain nombre. »

Aussi y avait-il des directeurs d'hôpitaux comme Charlotte Weathers qui faisaient comme s'ils disposaient de petits baromètres de la souffrance à consulter dans leur bureau, pour se permettre de juger de ce qu'ils devaient faire de la vie de leurs patients. Sans même se donner la peine de les rencontrer. Non, mais ça représentait un gain de temps considérable. Et lui, il en avait perdu à aider Janet à faire sa demande de changement d'état civil la veille de la décision officielle.
« Tu es trop libéral, Nathan. On ne peut pas laisser constamment les gens faire ce qu'ils veulent. Je suis directrice de cet hôpital. Mon rôle, c'est de poser des limites. Ce n'est pas toujours drôle, mais c'est comme ça. »

« En tout cas, ce n'est pas illégal...
– J'y connais pas grand-chose au système de soin... C'est déjà le parcours du combattant pour y entrer, à l'hôpital, alors si même quand on a une assurance, on ne vous prend pas en charge...
– Tout dépend de qui vous êtes, en réalité. »

Nathan ramène ses pieds à lui pour s'asseoir en tailleur et grimace un petit sourire navré vers le vieil homme.
« Parce qu'on ne peut pas laisser libre cours aux fantaisies de n'importe quel original qui débarquerait ici. Les choses ont été créées d'une certaine façon et pour une certaine raison. Je ne fais pas de manipulation du vivant ici, ça ne rentre pas dans ma charte éthique. »
Eh bien, elle n'avait qu'à laisser succomber tous les patients du département de cancérologie, tout bien considéré, après tout, les tumeurs, c'est plus naturel que la chimiothérapie.

« Oh, ma mère a le contact facile et agréable avec la plupart de ses patients en fait. C'est même quelqu'un de très... suave. Une cancérologue de profession. Mais elle aime beaucoup garder les choses sous son contrôle. Et dans une structure où la moindre décision peut être sujet à débat... »

Son visage se fronce autour d'une nouvelle moue, et il hausse doucement des épaules.
Cette dispute avait été bêtement la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Il y en avait eu bien d'autres auparavant, comme cette fois où elle avait voulu mettre sous contrôle judiciaire une patiente qui refusait toute exploration complémentaire, après avoir souffert pendant toute sa longue hospitalisation d'autant de tentatives que d'erreurs de la part de l'équipe médicale.
Charlotte était une femme passionnée et ambitieuse, et ces traits de caractère lui avaient permis de quitter son Paris natal pour s'installer aux États-Unis, puis d'abandonner son petit trou à rats de Camden pour monter les échelons de Gloucester à Philadelphie. Elle avait d'abord entraîné son mari dans sa course, puis son jeune fils.
Mais Nathan, lui, avait eu le sentiment de n'être là que pour satisfaire des aspirations qui n'appartenaient qu'à elle.

« J'avais besoin d'air. Je suis parti. Depuis je travaille ici. En même temps, j'essaie d'avoir mon LSAT.
– Le LSAT ?
– L'examen pour entrer en école de droit.
– Oh, je vois. On a de l'ambition.
– Un petit stock. Ou beaucoup d'espoir, peut-être.
– C'est bien. Il paraît que ça fait vivre. »

Il sourit poliment au vieil homme, qui lui rend un air de sincère bienveillance, pendant qu'une pièce vient cliqueter avec les autres dans gobelet McDo, au passage d'une jeune femme souriante qui s'enfuit à petits pas pressés sur le trottoir.

« Tiens, tu vois ? »

Le vieux, enfonçant gaillardement son galurin sur la tête, se penche pour ramasser son gain, qu'il transvase prudemment dans sa poche sous les yeux amusés de Nathan.

« Eh. » Une voix résonne depuis l'entrée de service du Walmart. « La pause est finie. Gandhi. »

Un de ses collègues est posté là, et scrute un peu narquoisement ses pieds nus, ainsi que les converses presque neuves arborées fièrement par son voisin. Nathan acquiesce de loin et se relève, tendant sa main à son camarade d'infortune pour serrer la sienne.

« J'étais heureux de faire votre connaissance, Monsieur.
– Eddie.
– Nathan.
– Merci encore, Nathan.
– Ne vous tracassez pas. Passez au squat, un de ces quatre, on sera contents de vous accueillir.
– Si tu le dis.
– C'est vrai. Tentez le coup. Ce n'est jamais qu'un toit sur votre tête, il faut en profiter avant qu'il ne soit trop tard.
– Et une graine de bandit comme ça, ça veut devenir étudiant en droit...
– Eh, chacun ses lubies. Je ne peux pas passer ma vie à faire des sit-in et à militer au conseil étudiant. Et puis aussi j'étais bien content de le trouver ce squat, quand je suis parti de la maison familiale, alors...
– C'est gentil de proposer, gamin. Mais tu devrais peut-être suivre tes propres conseils et penser à rentrer chez tes parents. N'attends pas qu'il soit trop tard pour les regretter.
– Oh je reprendrai contact... Mais pas avant d'avoir obtenu mon examen. Sinon ça n'aurait servi à rien.
– Eh, Nathan. Grouille.
– Oui, je viens... Au revoir, Eddie. Prenez soin de vous. »

Dans un dernier sourire, le jeune homme décampe du trottoir d'un petit pas pressé et rejoint son collègue à la porte en essuyant ses pieds nus sur le seuil et frottant ses bras refroidis de ses deux mains, secoué d'un petit frisson de froid. L'homme prend un moment pour le contempler, les yeux battant d'incrédulité.

« J'y crois pas. Tu lui as vraiment filé tes pompes.
– Ouais. Je passe en rayon pour m'en racheter une paire, je me dépêche. Fais mes excuses au chef si tu le croises.
– Eh ben, il va bien rigoler. » Lui-même ne se gêne pas pour se marrer d'une voix profonde, pendant que le garçon hausse des épaules avec une petite moue boudeuse. « A tout à l'heure, le jeune. »


**

Faculté de droit de Harvard, Cambridge, Massachusetts ; 2013.

Ce jour-là, rien n'avait valu la tête qu'avait tiré leur père, Harry, quand Léo, en se levant soudain au milieu de l'assemblée, avait crié de très bruyantes ovations qui avait résonné dans tout le Sanders Theater et avait applaudi à tout rompre l'arrivée de son frère à la tribune. Sous les vitraux lumineux qui surplombaient l'estrade, Nathan avait caché un rire dans la large manche de sa toge et lui avait rendu un petit signe amusé de la main, malgré les regards courroucés de tous ces gens qui le jaugeaient par-dessus leurs perles et leurs nœuds papillons. Léo s'était rassis avec embarras en constatant que personne ne l'avait suivi dans son enthousiasme et Harry l'avait morigéné silencieusement pendant qu'à sa tribune, Nathan avait commencé à trier ses papiers pour entamer son discours.
Il reste silencieux un bon moment, redressant ses lunettes sur son nez et parcourant ses notes d'un œil très critique. Finalement, il lève le nez vers son public, le visage illuminé d'un sourire mutin. Il s'éclaircit la voix.

« Je vous ai préparé bien quatre pages de banalités glorifiantes à vous déblatérer de ma meilleure voix, dans l'idée de m'enfuir au plus vite sous quelques applaudissements indulgents, mais maintenant que je me relis et que je suis à cette tribune, je ne sais pas si j'en ai vraiment le cœur. En fait, si on me le permet, j'aimerais. Attendez. Voilà. »

Après avoir rassemblé ces pages typographiées avec soin, Nathan lève un regard vers toute la vaste assemblée et jette ses bras en avant pour faire pleuvoir son discours sur tous ces gens qui le regardent faire avec étonnement. Quelques professeurs, installés en ligne près de l'estrade, pâlissent brutalement et un petit débat silencieux agite bientôt leurs rangs pour déterminer si on doit aller lui couper le micro, pendant qu'un brouhaha s'élève dans le théâtre. Nathan pose ses mains sur son pupitre et, en l'absence de décision des professeurs qui continuent de se disputer entre eux, il se racle la gorge pour ramener le silence et poursuit d'une voix très bien timbrée.

« Je ne peux pas m'empêcher, aujourd'hui que je suis là où bon nombre de gens rêveraient d'être, de m'imaginer ailleurs. Ça peut vous sembler incroyablement condescendant, dit comme ça alors que l'heure est aux réjouissances, mais je pense... non, je crois qu'en fin de compte c'est un aspect essentiel de la pratique de la jurisprudence. Quand j'ai commencé à travailler pour mon LSAT, je vivais dans un squat de Philadelphie, j'étais un petit employé à Walmart. Quand je l'ai obtenu, je m'étais trouvé une collocation habitable, mais mes économies ne m'offraient certainement pas de quoi poser mes valises à Harvard, à moins de m'endetter. Pourtant, à l'évidence, tel que vous me voyez aujourd'hui, j'y suis entré. J'ai eu la chance de pouvoir compter sur mes proches et en particulier sur ma famille sans qui je ne serais pas à cette tribune à l'heure qu'il est. C'est pourquoi je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer la vie de ceux qui n'ont pas eu cet avantage. J'aurais parfaitement pu en faire partie, même en ayant donné tout ce que j'avais. »

Il fait une légère pause, balayant du regard la salle où le calme est revenu, même si certains parmi les professeurs qui avaient validé son allocution sont en train de le fusiller du regard dans leur coin. Il leur sourit habilement.

« J'avais quatorze ans quand Mrs Parker au collège m'a dit qu'il fallait que je fasse quelque chose de ma 'formidable paire de poumons'. D'aucuns savent ici que j'ai suivi son conseil avec peut-être un peu trop d'enthousiasme. Je parle beaucoup, et sur beaucoup de choses, et on n'a pas encore trouvé un moyen de me faire taire. »

Quelques rires naissent parmi les diplômés et Nathan lève les yeux au plafond d'un petit air dramatique, avant de reprendre d'un ton plus sérieux.

« Car en réalité, il ne suffit pas d'avoir une formidable paire de poumons et il ne suffit pas de bien parler, il ne suffit pas d'avoir de l'argent et de l'éducation – ce sont des avantages, encore faut-il s'en servir adéquatement. Comment ? » Il s'appuie sur son pupitre, les traits froncés presque sévèrement. « La réponse est en partie un travail de l'imagination. Il faudrait peut-être faire l'effort sur soi de représenter moins les puissants que les plus désarmés d'entre nous, même si leur réalité peut sembler terriblement loin de la nôtre. Nous partageons pourtant le même monde.
« Obtenir un diplôme à Harvard, c'est accepter un lot de responsabilités unique, en même temps qu'on reçoit un statut et une influence. A partir d'aujourd'hui, notre manière de vivre et de nous manifester aura un impact considérable sur l'existence de bon nombre de personnes. C'est à la fois un privilège et un fardeau, mais un fardeau que nous pouvons nous réjouir de porter. Je préfère d'ailleurs parler d'une chance. »

Il sourit de nouveau, le temps de calculer ce qu'il va dire, et prend son souffle avec détermination.

« Nous disposons d'une voix qui peut s'élever par chance très haut dans le ciel démocratique et il nous appartient d'en user pour faire entendre celles que le système étouffe sous le vacarme de la politique.
Bien sûr, vous pouvez penser que ce sont les mots d'un bien-pensant de l'élite qui, à l'occasion d'une apparition publique, voudrait faire passer des métiers dont la réalité est très administrative pour un ordre de chevalerie prêt à partir en croisade.
Il arrive, c'est vrai, que l'étude du droit soit source de découragement, quand il se révèle n'être que l'application de règles étriquées et de procédures obscures sur une réalité récalcitrante ; une sorte de comptabilité glorifiée, en somme, qui servirait à codifier et normaliser les affaires de ceux qui exercent le pouvoir – et qui veut trop souvent exposer à ceux qui ne l'exercent pas où se trouvent la sagesse suprême et la justice de leur condition. Mais ce serait faire trop d'honneur aux cyniques de penser une chose pareille.

« Le droit, ce n'est pas cela, ou ce n'est pas que cela. Le droit, c'est aussi à mon sens la conversation ininterrompue, et la mémoire de cette conversation, entre une nation et sa conscience.
Nous sommes les voix de cette conversation. Chaque dossier doit être l'occasion de poser des questions et de chercher des réponses. A chaque affaire qu'on prend en main, on décide du pays où l'on veut vivre. Chacune de nos manifestations participe à construire une réalité qui nous dépasse en existence. A chaque procès, il est de notre responsabilité de transformer le pouvoir impersonnel qui hante nos livres de loi en acte de justice.
« J'en ai fini, je vous remercie beaucoup. »

Les applaudissements crépitent aussitôt, gonflent et résonnent comme une vive petite tempête dans tout le théâtre. En guise de salut, Nathan donne le signal et lance son chapeau dans la lumière des vitraux, où en volent à sa suite tout un essaim, pendant qu'un professeur le tire par le bras pour le prendre à part.


**

Hampton Inn & Suites, Boston, Massachussetts ; 2016.

« Tu es dans le journal.
– Mh hm. »

Un café à la main, Nathan a coincé le combiné du téléphone entre son oreille et son épaule et reste penché au-dessus d'un énorme dossier en répondant évasivement à sa mère.

« Je te dis que tu es dans le journal, ce matin.
– Euh. » Surpris, tout à coup, il relève les yeux de son procès-verbal. « Pardon ?
– Jette un œil au Boston Herald. »

Il y a un petit grondement sourd dans la voix onctueuse de Charlotte, cette vibration caractéristique de la réprobation que Nathan reconnaîtrait entre mille et qui le fait soupirer d'emblée pendant qu'il ouvre son navigateur et qu'il pianote sur le clavier pour trouver le site Internet du journal.
Au bout de quelques instants, il ouvre un article dont l'intitulé – « Scandale au Suffolk County Courthouse » – le rend déjà perplexe. Le curseur de sa souris roule très sceptiquement sur la page. Les mots défilent un moment. Il s'arrête.

« C'est... Quoi ? » Il relit. « C'est sérieux. Ces... ces gens, ces types sont sérieux ? Non. » Il cligne des yeux avec force devant les termes alignés avec beaucoup de désobligeance sous son nez. Sa voix est blanche quand elle s'extirpe de sa gorge. « Comment ça, du racisme anti-blanc ??
– C'est bien ce que j'aimerais savoir. Qu'est-ce que tu fabriques, Nathan ?!
– Mais je...
– Bon. Alors tu n'es pas loin d'avoir trente ans, je ne suis pas là pour t'empêcher de mener tes affaires. C'est ta carrière, pas la mienne. Mais laisse-moi te dire quand même... j'ai la sale impression que tu es un petit peu en train de tout foutre en l'air... !
– Attends, attends, chut. Deux minutes, je lis.
– Moi j'ai lu, et alors il paraît que tu as insulté un collègue au beau milieu du tribunal et...
– Mais je n'ai insulté personne !
– Tu as repris le dossier de sa cliente sous prétexte que la défense avait été inconsistante, et – attends je retrouve la ligne, ils te citent – « La défense au cours de la procédure s'est montrée inconsistante, je dirais d'ailleurs largement superflue, même à considérer qu'elle se soit voulue complice de l'accusation. Le procureur aurait parfaitement pu se débrouiller tout seul, Maître Olson, merci pour l'accusée ».
– Haha... hm, ah oui. Et en quoi ça fait de moi un raciste... ?
– C'est vrai que tu fais payer des honoraires moins élevés à tes clients noirs ??
– Mais... mais non ! Je l'ai seulement prise en charge en pro bono, ça n'a rien d'exceptionnel. Elle vit presque à la rue, et ça ne me coûte rien, à moi !
– Le déplacement et la chambre d'hôtel. C'est loin d'être la première fois, tu fais ça à tort et à travers. Et ce type, là, Olson, enfin, il dit que tu fais une fixation sur les gens de couleur, tu pourrais pas au moins pêcher un SDF blanc une fois sur deux parmi tes cas sociaux ?
– Mais... Mais ça m'arrive ! C'est n'importe quoi. Qu'est-ce que j'y peux, si les pauvres qui ont besoin d'assistance juridique sont noirs... ?
– Seigneur, tout ça pour une pauvre petite camée dealeuse d'héroïne... »

Il se renverse en arrière dans le fauteuil de son bureau et un long soupir remonte du fond de ses poumons. Ses yeux s'égarent avec lassitude dans sa chambre d'hôtel, puis il reprend de son ton le plus mesuré.

« Il n'a pas été prouvé qu'elle était impliquée dans le trafic. Elle s'est pris cinq ans de prison parce que dès le départ son avocat n'a pas été capable de lui garantir sa présomption d'innocence. Et tu t'imagines l'amende qu'elle doit payer ?
– Mais je m'en moque, si tu veux tout savoir... ! Pourquoi tu es allé chercher une sombre petite affaire de ce genre à Boston ? Tu as idée du scandale que tu déclenches pour presque rien ?
– Non, en fait – non. Qu'est-ce que ça peut bien faire ce que racontent les conservateurs bornés du Boston Herald ? Je me passe très bien de leur avis.
– Pas les juges ! Pas les jurés ! Pas tes clients !
– Eh bien ils changeront d'opinion quand j'aurai gagné ce procès.
– Tu fais n'importe quoi ! Qu'est-ce qui t'arrive, bon sang ?
– Il ne m'arrive rien de spécial. Je suis chanceux d'être à ma place et j'en fais profiter les autres...
– Nathan, tu dois rester concentré, tu es avocat, pas assistant social ! Je mets le haut-parleur, ton père veut te dire un mot.
– Nathan, écoute, mon garçon. »

Il se mord très fort la langue pour se retenir de crier, mais lâche d'un ton très sec :

« J'écoute, je ne fais que ça, je vous écoute... ! Et croyez-moi, il en faut de la patience !
– C'est très bien, tu es quelqu'un de patient. Il faut que tu fasses un pas en arrière, mon garçon, et que tu examines mieux la direction dans laquelle tu t'engages.
– Je sais très bien ce que je fais.
– Peut-être pas si bien que ça... Les scandales, c'est un truc de rock-star, tu as un travail sérieux maintenant. Est-ce que tu as pensé à ce qu'on va dire de toi dans le milieu ?
– Bien sûr que j'y ai pensé, ça fait bien longtemps que j'y ai pensé et que je n'en ai plus rien à faire !
– Tu devrais davantage t'en préoccuper. Tu agis comme si tu venais en sauveur corriger les erreurs de de tes pairs et...
– Oui, c'est ce que je fais. C'est ce que je vais faire.
– Tu te mets en danger ! » C'est la voix de Charlotte qui prend aussitôt le relais, laissant Harry pousser un gros soupir. « Si jamais tu échouais... ! Ce serait fini, tu sais ? Tu y penses ?
– Pourquoi j'échouerais ? Je n'échouerai pas, si c'est ce qui t'inquiète ! Tout est calculé au millimètre près, il faudrait qu'on achète un juge pour me faire échouer !
– Tu paries sur le mauvais cheval, Nathan. Et ça n'en vaut même pas la peine.
– Je... !
– Seigneur, mais pourquoi tu veux toujours avoir raison ? »

La voix de son père résonne dans un éclat de colère depuis le portable de Nathan qui de seconde en seconde se fait violence pour ne pas raccrocher.

« Pourquoi tu te crois toujours plus intelligent que tous les autres ?
– Mais ce que je fais... Ce que je fais, c'est juste, vous ne vous rendez pas compte ? C'est incroyable !
– C'est peut-être juste mais...
– Non, pardon, mais c'est là tout le problème, Charlotte. Nathan, tu ne sais pas mieux que les autres ce qui est juste ! A force de te croire au-dessus de tout le monde, il va t'arriver des ennuis... !
– Je... je ne me crois pas au-dessus de tout le monde...
– Harry, tu vas un peu loin. Nathan est très loin d'être médiocre dans ce qu'il fait. S'il dit que son collègue a fait du mauvais travail, c'est qu'il a sûrement fait du mauvais travail...
– Qu'est-ce qu'on en sait ?
– Je le sais.
– Mon Dieu, mais arrêtez de vous disputer...
– Tu as quand même besoin, au moins, de savoir quand t'arrêter, martèle Harry. C'est bien d'avoir des convictions. Mais tu ne peux pas les crier sous tous les toits en toute circonstance ! Non seulement tu te fais des ennemis, mais en plus tu leur donnes des munitions pour te canarder...
– Eh bien qu'ils viennent, je vais riposter. Je vais même les appeler moi, au Boston Herald, et pas plus tard que tout de suite.
– Non, écoute, tu vas aggraver ta situa-
– Je vais le faire, ça suffit, je ne vais pas les laisser me traîner dans la boue comme ça.
– Très bien, eh bien alors tu as raison, fais comme tu veux...
– Harry... !
– Non mais on ne peut rien lui dire, tu vois bien que ça ne sert à rien.
– Bon alors laisse tomber ! Comme d'habitude !
– Moi je vous laisse. A bientôt. »

Excédé, sans attendre un cri de plus de leur part, Nathan leur raccroche au nez et jette brusquement son portable sur le bureau, comme s'il lui brûlait entre les doigts. Il finit son café d'une longue gorgée et fait claquer la tasse sur la table. Il devait pourtant retrouver son calme s'il voulait appeler la rédaction du Boston Herald avant de repartir au tribunal. Oui.
Il se lève avec une profonde inspiration et part ouvrir le vasistas de la chambre pour perdre un moment ses yeux dans la rue sous le soleil froid d'automne. Il se fichait bien qu'on le trouve prétentieux. Ça ne le découragerait pas. Il était un homme d'affaire, un homme d'affaire opiniâtre, pas un malheureux boutiquier qui s'inquiète pour la santé de son commerce. Si la mise de la partie devait être sa réputation, il en accepterait l'enjeu. On ne gagnait jamais rien sans rien risquer.

Sky is the limit and you know that you keep on
Just keep on pressing on
Sky is the limit and you know that you can have
What you want, be what you want


Il se retourne vers son bureau et attrape son téléphone.

Stay far from timid, only make moves when your heart's in it
And live the phrase 'Sky's the limit'





chronologie expresse

13 novembre 1988 : Naissance de son grand-frère Lionel (dit Léo).
9 avril 1990 : Naissance de Nathan à Camden (New Jersey).
1991 - été 1999 : Enfance à Camden, ville noire et très pauvre où ses parents (Charlotte et Harry) sont tous les deux médecins. Ils vivent dans une petite maison confortable en périphérie, relativement épargnés par l'environnement criminogène de ce « ghetto » où les deux garçons grandissent comme leur père avant eux.
1999 : Déménagement à Gloucester (Massachussetts), bourgade très paisible en bord de mer, où Charlotte a obtenu la direction de l'hôpital. C'est un grand bouleversement dans la vie des deux enfants qui réagissent de manière très différente aux stigmatisations dont ils sont victimes. Nathan commence à prendre des cours de musique et à écrire du rap, en essayant tant bien que mal de s'intégrer dans sa classe. Lionel, lui, dans un coup de sang alors que son frère s'est accidentellement pris un marron dans une bagarre, le venge en débloquant le frein à main du bus scolaire. Pas d'accident à déplorer, heureusement, mais il doit passer trois mois en centre de détention pour mineurs.
1999-2004 : Scolarité à Gloucester. Nathan saute une classe en Middle School, ce qui lui permet de prendre de la distance avec les événements produits l'année de son arrivée.
2004 : Déménagement à Philadelphie (Pennsylvanie), où Charlotte reçoit l'apanage du service de cancérologie à l'hôpital Thomas Jefferson. Léo fricote avec Ruby May, la professeur de musique de Nathan.
2005-2006 : Ruby réalise qu'elle est enceinte. Charlotte menace de lui faire un procès pour détournement de mineur si elle n'avorte pas – Ruby s'y refuse et Léo, du haut de ses dix-sept ans, prend la décision d'assumer la paternité. Il claque la porte de la maison familiale et s'engage dans l'armée de l'air. Il se marie dès ses dix-huit ans et Ruby met au monde une petite fille dont Nathan devient le parrain.
2007 : Nathan entre en faculté de médecine.
2008 : Nathan suit sa deuxième année de médecine. Charlotte devient directrice de l'hôpital Thomas Jefferson.
2009-2010 : Au cours de sa troisième année, il devient interne à l'hôpital. A la suite d'une série de conflits d'ordre éthique avec sa mère, il quitte le service de chirurgie et abandonne ses études de médecine en fuyant le foyer familial. Il loge dans un premier temps dans un squat à Philadelphie ouest et trouve un travail dans un Walmart. Après mûre réflexion, il décide de tenter de passer le LSAT pour intégrer une école de droit. Dans le même temps, après une faute professionnelle, Lionel entre en dépression et divorce de Ruby.
2010 : Son LSAT en main, Nathan reprend contact avec sa famille. Charlotte insiste pour lui payer des études à Harvard, où son dossier est accepté.
2010-2013 : Études de droit à Harvard.
2013 : Il obtient brillamment son diplôme, avec une invitation à rejoindre un prestigieux cabinet à Cambridge. Il passe l'épreuve du barreau en Pennsylvanie, dans le New Jersey, le Massachussetts et à New York.
2013-2015 : Il travaille d'arrache-pied, écrit une pléthore d'articles et donne un bon nombre de conférences à Harvard.
2015 : Après avoir gagné un procès contre un magnat de l'industrie, il ouvre son propre cabinet à Philadelphie, où il trouve plus de libertés, et notamment celle de multiplier les pro bono ainsi que d'entamer l'écriture d'un livre très critique sur le système répressif de la pénalité américaine.
2016 : Après beaucoup de vagabondages et de déboires, Lionel trouve un emploi comme pilote de loisir et pense entrer dans le milieu sportif. De son côté, le franc-parler de Nathan le flanque souvent sous les projecteurs de divers scandales, qui trouvent leur consécration dans l'affaire du Boston Herald qui l'accuse, selon le témoignage d'un collègue un peu vindicatif, de racisme anti-blanc au cours d'un procès. Il parvient à le remporter, non sans y avoir laissé quelques plumes cependant du côté de sa réputation...





hors-jeu

+ Comment avez-vous découvert le Forum : J'ai marché sur un lien sur une conversation skype, il m'a directement téléportée ici.

+ Avez-vous des conseils/des remarques le concernant : Nopety nope.

+ Votre disponibilité (moyenne) : Meh. Je fais la course avec le prochain gouvernement pour obtenir mes diplômes... Alors ça sera relativement fluctuant, on va dire !


Dernière édition par Nathan Weathers le Mar 2 Jan - 23:04, édité 5 fois
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Aloïs Eberhardt

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MessageSujet: Re: Nathan Weathers   Nathan Weathers Icon_minitimeSam 24 Déc - 8:13

La fiche est validée !

Mes excuses pour le retard ^^ Je t'envoie ton pouvoir par MP ^^


Bon jeu !
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Nathan Weathers

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