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 Doggies in a bathroom [Luc]

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Yoko Ogawa


Yoko Ogawa

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MessageSujet: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeVen 21 Avr - 12:06

Perché sur le rebord de ma fenêtre, et découpant sa forme sombre dans la blanche clarté du jour, un petit merle me regarde fixement. Je fais de mon mieux pour rester parfaitement immobile, assise au bureau de mon grand-père, de peur de l’effrayer d’un geste trop brusque, et pendant les longues secondes où il et là, je n’ose même pas renifler. Tant pis pour mon rhume : il y a un adorable petit oiseau a fait l’effort de venir jusqu’à moi. Pas question que je le fasse fuir d’un éternuement importun. Et si mon nez coule, je suis sûr que lui ne m’en tiendra pas rigueur…

Il est vraiment mignon, ce merle. Très jeune, aussi, probablement. Fier de ses petites plumes luisantes, et de son bec jaune encore humide, il n’a pas parfaitement appris la méfiance naturelle de ses parents pour les humains. Curieux et joueur, il me lance une trille à laquelle je ne sais pas bien quoi répondre. A-t’il faim ? Me prend-il pour un amie merlette, avec mes cheveux noirs encore tout froissés de la nuit ? Croit-il que je suis le monstre gardien d’un grand trésor, pour lequel il serait venu me défier ?

Je regarde autour de moi, à la recherche d’un tel butin à lui confier, mais ne trouve à côté de moi qu’un petit bol d’avoine imbibé de lait. Je ne suis pas tout à fait certaine que les lui donner soit une bonne idée ; j’ai mis beaucoup de sucre à l’intérieur, et puis l’hiver est fini, il doit apprendre à chasser, et la nourriture ne manque pas, là dehors.
Pendant que je médite sur la question, le fier oiseau sautille sur son rebord, pour inspecter l’intérieur de la pièce. Peut-être est-il simplement curieux de voir ce monde qu’il croyait connaître soudain transformé, et cet endroit qui était jusque-là, pour lui et les siens, un obstacle invisible contre lequel ils venaient se fracasser, à présent ouvert sur un tout nouvel univers de possibilités.

Un peu comme nous tous, à présent…

Je jette au petit merle un regard plein de compassion.

Si les animaux avaient été particulièrement affectés par le Redémarrage, ils faisaient un travail admirable sur eux-même pour le dissimuler. De ce que j’avais pu en observer dans mon propre jardin – enfin celui de Grand-mère – la nature a traité la chose avec son flegme habituel, et comme à chaque fois qu’un événement imprévu vient bousculer sa routine, la vie a repris son cours aussitôt après. Les hommes, eux, font de leur mieux, mais handicapés par leur conscience aigüe du Monde, ils ont beaucoup plus de mal.
Moi aussi j’ai du mal. Mais pas forcément pour les bonnes raisons. Le monde s’est arrêté, et je faisais la sieste. Une catastrophe mondiale que tout le monde a vue, que tout le monde a cru, sans distinction. Des tas de gens sont morts, ou blessés. Le fils de la voisine a eu un accident avec son tracteur, sur la Storkower Straße. Susan Bohns est tombée dans les escaliers de sa cave, et Janet est resté coincée deux heures dans un des sas anti-incendie du restaurant de mon père. Moi,je dormais. Je dormais et en plus j’ai le mauvais goût d’être déçue d’avoir tout raté. De n’avoir pu assister à ces dix secondes d’incursion paranormale dans le quotidien de notre planète.

J’en ai parlé un peu à Aminata, mais c’est difficile. Et Nathan… Nathan ne comprendrait pas, je crois. Il penserait que je suis une enfant gâtée. Peut-être que j’en suis une ? Éprouver autre chose que du soulagement d’être épargnée, dans ma tristesse pour le malheur qui est arrivé aux autres. Grand-mère, elle, le fait très bien. Elle rend visite tous les jours à Frau Bohns, et à la voisine. Moi je reste là à… à bouder…

Je dois vraiment avoir un problème, pas vrai ?

Je relève brusquement la tête. Le petit merle a sauté de son perchoir, pour venir se poser sur l’étui ouvert de mon appareil photo. Visiblement, c’est un reflet du soleil sur la lentille qui avait attiré son attention. Curieux.
Mais mon cœur fait un petit bon alors que l’oiseau s’élance pour jeter son vigoureux petit bec à l’assaut du très coûteux objectif. Dans un réflexe un peu désordonné, je me lève de ma chaise, les deux bras en avant, et je lance ma main dans sa direction pour le chasser. Le pauvre pousse un cri de surprise, et dans un froissement de plumes et de pattes, il s’envole par où il était venu. Me laissant avec un joli petit cadeau sur le bord de la housse.

« Super… »


Un petit soupir au fond de la gorge, je ramasse le matériel souillé, et après un dernier regard pour le ciel bleu, et le cerisier où est parti se réfugier mon petit incontinent visiteur, je me met en quête d’un mouchoir pour essuyer tout ça. En vain. Pourquoi c’est toujours quand on en a besoin qu’on n’arrive à rien trouver.
Je m’enroule dans une robe de chambre vieillotte, mais très confortable et chaude – la maison n’est pas parfaitement isolée, et le chauffage coûte trop cher pour être allumé partout à la fois, surtout au mois de mai – glisse mes petons dans mes pantoufles, et je traîne mon petit corps enrhumé vers la salle de bain. De toute façon, j’avais besoin d’utiliser les toilettes…

Le parquet du couloir grince, et la maison respire, un peu agitée par les différences de température que le printemps ramène avec lui. Ces bruits, je les redécouvre avec nostalgie, et les réapprend par cœur, depuis que je suis revenue ici. Ce sont les grincements de mon enfance. Les pas de mon grand-père dans son bureau, au milieu de la nuit…
La poignée de la porte est gelée, entre mes doigts.

Je suis cueillie par des aboiements. Beaucoup d’aboiements. Trop d’aboiements. D’abord parce que c’est une salle de bain que je devrais trouver derrière cette porte, et pas un chenil, et ensuite parce que ma grand-mère a toujours eu très peur des chiens et que, peu importe les invités, et son amour pour eux c’est hors de question qu’elle en ait accepté à l’intérieur de la maison. Et enfin, parce que même s’ils étaient entrés tout seuls, attirés par un aléas stupide de mon pouvoir ou quelque chose du même genre, c’est le dernier endroit par lequel ils seraient rentrés ! On est au premier étage, et la salle de bain n’a qu’une toute petite fenêtr…

« Oh. »

Effectivement, l’heure prête à l’onomatopée…

Parce que l’endroit que je découvre de l’autre côté de la porte, dans ma petite robe de chambre et mon appareil sous le bras, ça n’était absolument pas ma salle de bain. C’est du bois, une chaleur chaude, et des odeurs parfaitement étrangère à mes narines. Un nouveau monde, du plancher aux fenêtres et les couleurs qu’elles laissent transparaître.
L’armée de chiens qui se précipitent sur moi pour me bousculer, elle aussi, m’est parfaitement étrangère.

« Oh non ! Ça suffit enfin ! »
Je tremble sur mes appuis, d’un côté, un museau me tamponne le creux des reins pour me pousser à l’intérieur, de l’autre, une échine gigantesque est poilue me retient dans l’embrasure de la porte, ça vogue, ça tempête, et moi je n’ai jamais eu le pied marin. « Qu’est-ce que vous faites là, vous, d’ailleurs, je… »


Une vague de trop, dans cette houle canine, et je passe par dessus bord. Je tombe au milieu d’eux, comme un petit agneau au milieu d’une meute de loups plus curieux que voraces, et je me recroquevilles autour de mon appareil photo en espérant que tout ce remue-ménage n’ait pas endommagé quoi que ce soit. Je ne sais plus trop quoi faire, arrivée là-dessous, et attaquée de tous côtés par des langues baveuses et des patounes curieuses – au moins mon pouvoir n’a donné l’idée à aucun d’entre eux que j’étais un joli gigôt bien juteux. Au milieu de leurs jappements ravis, ma voix enrouée ne porte pas très loin.

« Noooon… Laissez-moi respirer… »


Dernière édition par Yoko Ogawa le Ven 5 Mai - 23:46, édité 2 fois
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeMer 26 Avr - 10:24

J’avais vue le grand redémarrage il y a quelques jours et c’est comme si toutes les lois de la physique avait décidé d’un commun accord d’aller voir ailleurs. Là comme ça du genre “Bon ça nous fait chier que les américain, et puis de façon général plein de gens un peux partout dans le monde essayer de nous rouler dessus alors see ya et des bisous !”

Dans ma tête qui est maintenant un peu trop peuplé de théorie du complot à mon gout, et étonnamment toujours physicienne je me suis demander comment un EMP de cette taille pouvais avoir lieu, et puis même si théoriquement c’est possible de faire des interférence avec la lumière avec une autre onde, la lumière étant une onde ça commence à faire un gros machin pour envoyer se faire voir la lumière mondial sur une toute petite période de dix foutu secondes complètes … Vous imaginé la gueule précise du train d’onde qu’il faut pour faire ça ? Et la précision continue pour le maintenir ? Et l’énergie que ça boufferait ?
Mes réseaux dont je me sers pour essayer de comprendre ce qui se passe sont inondé, et pas vraiment d’EMP, mais plus d’histoire de soucoupe volante qui serait passé vite fait devant le soleil pif paf ouf genre l’air de rien … Autant dire que ça ressemble plus à un gros bordel qu’a quoi que ce soit d’un temps soit peut sensé. Et encore, un gros bordel … Je parle vite, un bordel monstre proche de l’immonde.

Enfin, ça fait quelques fois que ça tournais et retournais dans ma tête et j’avais besoin d’y réfléchir, et quoi de mieux pour ça que de partir chasser. Je suis officiellement l’un des gardes chasses du parc du coin, et plutôt que de faire des battu administratives qui foute le bordel dans la flore avec le boucan je fais plutôt une surveillance régulière et je prélève les animaux faibles comme le ferait les loups que l’ont refuse de réintroduire parce que vous comprenez les loups prélèvent aussi les moutons … Mais oui, les chiens errant oui, mais les loups … Plus d’un fois j’en ai ramener un à la SPA du coin de ces pauvres bestiaux abandonné par leur maitre sous un prétexte fallacieux. Mais ces animaux là n’ont pas peur de l’homme, ni des Patous … Autant dire que pour te foutre un bordel monstre il n’y a pas mieux que les chiens errant qui n’ont pas été sélectionné par l’homme pour leur capacité à être des animaux apte à rester dans la nature et conserver une belle et bonne faune sur laquelle ils pourraient chasser et vivre.

Tout ça pour dire que je revenais d’une belle chasse, et les chiens étaient comme à leur habitude après ce genre de chose à font. Moi je trainais mon sanglier avec deux flèches plantées dans la gueule et je venais de détacher les chiens lorsqu’ils réagirent de façon bizarre. Quelque chose se passait dans la maison, comme si il y avait une odeur, quelqu’un qui n’y avait pas été invité. Je n’ai pas vraiment entrainé mes chiens comme des chiens de gardes, bien au contraire j’essaye de leur faire comprendre que l’homme n’est pas un danger, mais normalement un humain pas invité ne fait pas le fier devant ma meute. Et là, vous le comportement des chiens il y a quelqu’un ou quelque chose dans la maison qui n’a sérieusement rien à y faire.

Alors je fais les choses dans l’ordre, je les détache, pour rappelle ils tirent un sanglier qui est sur une bâche. Et puis je prends une des cannes qui est toujours devant la porte et entre. Il y a un petit mot devant la porte demandant aux gens d’attendre sur la terrasse si c’est la première fois qu’ils viennent pour éviter ce genre de chose.

Lorsque j’ouvre la porte c’est la débandade touts mes chiens se jettent comme une grosse meute en direction des toilettes, je n’ai pas trop d’hésitation, je me jette à leur suite, premièrement pour éviter quelque la personne ne se fasse bouffer, ce qui ferais mauvais genre, secondement parce que je n’aime pas trop que des gens s’introduise chez moi sans en avoir ma permission, c’est un refuge mais un refuge garder … Il y a donc des règles.

C’est donc à ce genre de fameux moment qu’on se retrouve à entendre quelqu’un qui dit une suite de mots, le genre de mots qu’on ne croisent pas trop dans la bouche d’un voleur, c’est assez proche du Suisse Allemand, j’en déduit donc que ça doit être de l’allemand puisque ça arrache moins les oreilles que du vrai suisse allemand ou même du Valaisant … Même si je ne connais rien où ont à plus l’impression de se faire engueuler que du Valaisant, même les JT de la Corée du nord semble essayer de vous dire qu’aux font ils ne vous en veulent pas tant que ça …


“Tyr, Dagda, Sol, Leave it!”

L’ordre est claire, lancer en anglais alors que la petite chose se débats sur le sol. A première vue c’est une demoiselle en chemise de nuit qui vient de sortir de mes toilettes, sauf que la porte de mes toilettes donne sur un appartement ou une maison type année 60, la même chose que l'endroit où habite votre grand mère …
Je suis bouche bé, je regarde plus la porte de mes toilettes qu’autre chose, je passe la main à travers et ne ressent rien, mais ma main est bien là bas, quelque part ailleurs, un ailleurs où il fait moins froid, le courant d’air commence à équilibré, et l’aire afflux ici, il y a une forte différence de pression comme si monde essayait de rétablir les lois de la physique.


“Dagda …”

Heureusement qu’il est là le jeunot parce que les deux autres se sont posé sur les fesses et attendent leur ordre de libération avec impatience, autant lui il est toujours en train de léchouiller la demoiselle et ce avec beaucoup d’application. Il me regarde, regarde les autres chiens, puis pose ses fesses sur le sol avec un regard navré. Je me penche pour aider la demoiselle à se relever et commence à lui parler en Suisse Allemand :

“Je ne sais pas trop d’où vous venez ni ce que vous faites là mais il faudrait fermer cette porte, vraiment, je doute que la nature soit prête à ce genre de chose … Ici on n’est pas loin de trois milles d’altitudes … Donc je ne sais pas comment vous l’avez ouverte, mais fermez là, je vous paye l’avions pour rentrez chez vous …”

Bordel ce que je suis terre à terre, mais en fait ça me fait peure, j’ai peur que ça soit un truc comme ça qui ai déclencher le grand redémarrage, j’ai peur d’aspiré tout l’aire et vue le différenciel de pression et de température qu’il doit y avoir d’avoir un rééquilibrage monstrueux, et faire un grand rééquilibrage entre 3000 et à peine 200 mètre d’altitude ça vas plutôt ressembler à une perpétuelle fontaine à aire …
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Yoko Ogawa


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeDim 7 Mai - 3:49

Pendant un long moment, je reste bouche bée, tant la scène me parait surréaliste.

Tandis que mes assaillants semblent battre en retraite, sifflés par la voix lointaine d’un général d’une autre espèce, le rideau de poils et d’obscurité qui avait envahi mon champ de vision s’écarte soudain. La vue qui se découvre alors pour mes petits yeux humides, m’ébloui tout autant qu’elle m’interloque, et je n’ai même pas le temps d’être soulagée par l’interruption des hostilités que déjà mon cerveau est assailli de questions.
Car la silhouette du général, qui se penche à présent sur moi comme pour inspecter les dégâts causés par ses troupes, ne m’évoque qu’une seule et très troublante vision : l’épouvantail du champ des Hartmann. Lassé de sa condition, déraciné une de ces nuits, et parti en vadrouille à l’autre bout du monde, armé de chiens qu’il aurait trouvé sur sa route, de ses vêtements taillés de couvertures, et de son chapeau ramolli par les années. L’espace d’un instant, et avec le plus grand des sérieux, je me demande comment il a bien pu faire pour atterrir dans ma salle de bain, et puis l’absurdité de ma rêverie me rattrape.

Bien sûr que l’homme qui me fait face – et qui me tend aimablement une main pour me relever – n’est pas un épouvantail. Sa main est chaude, et toute râpeuse, comme si elle avait vécu un millier d’aventures, mais elle est bien faite de peau et non de paille. Visiblement, l’ « ailleurs » dans lequel j’ai malencontreusement voyagé n’est pas le Pays d’Oz.
J’essuie un peu piteusement mes joues baveuses dans la manche de ma robe de chambre, avant de la resserrer prudemment autour de moi. Prise d’un soudain accès de pudeur, le poids du regard de l’étranger venant s’écraser sur mes épaules aussitôt que je réalise totalement sa présence, je fais un petit pas en arrière, en prenant garde de ne pas marcher sur un des chiens. Mais mon interlocuteur a l’air plus préoccupé par la porte qui m’a laissé entrer chez lui, que par ma tenue débraillée. C’est probablement logique, quand on y pense, mais il parait que mes priorités ont toujours fonctionné un peu différemment.

« L’avion… ? »

Je ne sais pas vraiment ce qui me surprend le plus ; qu’il me parle dans une langue que je parviens à comprendre, ou bien les idées qui se profilent entre les lignes de son discours. Trois milles d’altitude ? Où est-ce qu’elle avait bien pu atterrir, encore… Et pourquoi diable le pauvre épouvantail est-il donc si affolé à propose de la porte ? Aucun monstre extraterrestre ne risque d’en sortir, après tout. A l’exception de ma personne, évidemment, mais soyons honnêtes, on aura connu monstre plus effrayant que moi.

Mais son affolement parvient tout de même à se propager doucement jusqu’à moi. Dans une volte-face un peu brusque, je viens braquer mon regard sur la criminelle entrée, n’y trouvant pourtant que le couloir d’où je suis venue. Son plancher usé, sa clarté matinale qui me réchauffe la poitrine alors même qu’un courant d’air vient ébouriffer mes cheveux.  Les chiens de l’épouvantail agitent leurs petites queues, eux aussi contaminés par l’agitation de leur maître, et je m’empresse de reporter mon attention sur lui afin de le rassurer au mieux de mes capacités.

« Oh, non ! Non, non ! Ce n’est pas la peine, vous voyez, ma maison est juste là. Pas besoin de l’avion, monsieur, vous devriez garder votre argent. Moi je vais juste… » Gardant une main enroulée solidement autour de la house de mon appareil photo, l’autre tendue vers lui dans un geste que je veux aussi apaisant que possible, je fais quelques pas en arrière pour retourner là d’où je suis venue. Je contourne prudemment la silhouette massive de l’un des chiens, puis file me réfugier à nouveau de mon côté de la porte, pour l’examiner d’un peu plus près. « Hm… »

Il n’y a pas de sensations particulière associée à la ‘frontière’ invisible qui sépare à présent ma maison de la sienne. Pas de résistance, de vertige, de flou. Pas de perturbation des sens, de désorientation, ou même, de changements dans l’air ou la gravité. C’est comme si « ici » et « là » étaient à présent parfaitement continus l’un à l’autre. Connectés. Indissociables.
Comme si la matière de l’univers lui-même s’était replié sur elle-même pour faire se toucher deux points autrefois totalement distincts. Après avoir joué quelques secondes dans l’encadrement du portail, sautillant d’un côté puis de l’autre, je me décide à repasser de mon côté, et après un petit signe de la main à l’épouvantail, je referme la porte devant mon nez.

Et puis, rassemblant toute la vaillance de mon petit cœur, j’actionne à nouveau la poignée et repousse le battant de bois. Mais de l’autre côté de ma porte, rien n’a changé. L’épouvantail est toujours là, et ses chiens se redressent curieusement pour renifler l’air, comme s’ils me redécouvraient pour la première fois. J’ai un petit hoquet de surprise, m’avançant une nouvelle fois dans la pièce qui me semble exactement telle que je l’avais quittée.

« Ha. Et bien ça c’est… particulier. »

Ça va être d’autant plus particulier à expliquer à ma grand-mère, soit dit en passant. Je pâlis très légèrement. Aussitôt, un nouveau courant d’air vient m’ébouriffer les cheveux, soulevant les pans de ma robe de chambre, pour les plaquer contre l’arrière de mes cuisses. La porte m’échappe des mains et vient claquer doucement contre le mur, avant de rebondir vers moi. Une petite moue contrariée au bord des lèvres, je jette un œil par-dessus mon épaule, à la fenêtre ouverte qui s’agite, elle aussi, à l’autre bout du couloir.

« Oh, grand-mère va s’énerver si… hm. » Je me retourne vers l’épouvantail avec un petit sourire d’excuse. « Attendez une seconde, d’accord ? »

Je me précipite dans le couloir, dont le parquet ciré glisse aisément sous mes patins molletonnés, et je pousse le battant de la lourde fenêtre pour la refermer. La structure gémit faiblement, son métal assoiffé d’huile mis à rude épreuve par la manœuvre, puis le claquement familier du loquet qui se remet en place résonne à mes oreilles.

« Voilà. Maintenant il suffit de fermer la vôtre… »

Emportée par l’élan de ma course, et mon enthousiasme naturel, je traîne mes petits chaussons à travers ce qui m’apparaît maintenant vraisemblablement comme un genre de pièce à vivre au style montagnard, et je contourne mon hôte pour accéder à la porte qu’il couvrait de sa silhouette. J’attarde un œil au dehors, tout autant affolée qu’émerveillée par l’étrange nouveauté du paysage. Une odeur de neige et de pins vient m’emplir la poitrine, et le froid vient chatouiller légèrement l’émail de mes dents, alors mon sourire s’élargit. Mon nez, lui, picote d’une lointaine envie d’éternuer.

« Il a l’air de faire froid, ici, vous ne devriez pas laisser tout ouvert. Vos toutous vont avoir le museau tout enrhumé. Et puis ça fait des courants d’air… Voilà. »

Une fois les écoutilles parfaitement fermées, je reviens en trottinant vers mon hôte, sous les regards un peu stupéfaits de l’attroupement canin. A défaut de pouvoir trotter derrière moi, les bêtes, disciplinées, me poursuivent de leurs yeux comme si je cachais du jambon dans les poches de mon pyjama. Leur obéissance me tranquillise un peu, au moins dans l’assurance qu’elles n’iront pas vagabonder chez ma grand-mère et saccager tout son salon. Ou pire, aller flanquer une terrible frayeur à son pauvre petit cœur de mamie. Je soupire, et mes épaules s’affaissent un peu sous l’épais coton de ma robe de chambre.
Au moins mes manœuvres ont l’air d’avoir conduites à l’objectif espéré ; les courants d’air ont cessé d’agiter la porte dans tous les sens, et l’épouvantail semble s’en rasséréner.

« Comme ça c’est mieux n’est-ce pas ? Enfin. Sauf pour ma salle de bain. Je me demande si elle a atterri quelque part chez vous ? Ça serait logique, non ? Hm… »

Mon hôte semble toujours plus ou moins contrarié, et il est facile de repérer que ça doit cogiter, dans sa soupière, a lui aussi. Peut-être même que si ça continue son chapeau va se faire soulever par un gros nuage de vapeur, dans un très solennel « Tchou tchou… ». La mienne – de soupière – tente également de solutionner le puzzle qu’on lui présente, mais avec beaucoup moins d’acharnement. Après s’y être cassé les dents une minute ou deux, elle abandonne, pas plus déchirée que ça par l’idée d’un mystère non résolu.

« De toute façon, c’est sûr que c'est magique, ce qui se passe, alors la logique ça n’aidera pas plus que ça. Je crois qu’il ne faut pas trop y réfléchir, ou on va se surchauffer les neurones et ça sentira le caramel. » Je lui souris de toutes mes dents. « Moi je suis Yoko. Vos chiens ont l’air gentils, mais il faut pas qu’ils rentrent dans le couloir, parce que ma mamie en a très très peur, d’accord ? »

Hochant doucement la tête, mon regard se promenant parmi les toutous, je réalise soudain quelque chose que la surprise de ce déplacement avait complètement relégué au second plan jusque-là ;

« Oh. Aussi, est-ce que je pourrais utiliser votre salle de bain ? Parce que la mienne elle a été kidnappée par des forces obscures. »

Les priorités, ma chère Yoko. Les priorités…
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeMer 26 Juil - 10:27

“Je … Logique ? Bordel à quel moment c’est logique ? Le différentiel de pression devrais te pousser chez toi, pas les courant d’air, on a quelque chose comme … Je déteste la puissance 5.25, 300hPa de différence entre ici et chez toi ?! Et là rien du tout …”

Je respire, je m’emballe, 300hPa c’est pas énorme, c’est pas comme si sa porte avait atterrie sous l’eau la différence d’oxygène en plus devrait essayer de migré dans l’autre sens, ça devrait être un gros bazar au niveau moléculaire là-dedans, tellement que la ligne de frontière devrait se voir au moins au cause des diffusion. Et là rien, que d’al’, le néant. Il y a quelque chose qui à décider de réguler les lois de la physique à sa façon et n’en faire qu’à sa tête et étonnamment ça marche … Je respire une nouvelle fois et …

Non je n’y arrive pas mon cerveau reste coincer, autant la téléportation c’est assez loin du naturel, c’est monstrueusement loin du naturel, autant ce qu’on appelle les trou de verre ça pourrait être lié à une plie de l’espace sur autre dimension, mais à aucun foutu moment ça ne pourrait, sauf dans l’esprit d’une collégienne sous acide, ressembler à ça ?!

Nouvelle respiration, il faut que je me calme … Je m’approche et je tire la porte vers moi derrière elle. Voilà ça me calme ça, elle est fermée, la porte, pas le troue/vortex/chose, mais au moins la porte elle est fermée et le bois ne craque pas, et le petit interstice sous la porte qui sert à l’aération ne hurle pas sous le courant d’air …

Je respire donc alors que mon cerveau se calme un peux et lui indique de me suivre, une porte plus loin vers ma salle de bain, c’est moi qui l’ai faite, je l’aime bien, je me suis servi de pierre de coin pour faire la douche à l’italienne, elle est alimenté par la source comme toute ma maison mais une partie de l’eau est dévier pour aller chauffer sur le toit, et quand il fait trop froid alors l’électrique peut prendre le relais …

Et puis je me rend compte que c’est peut-être pas pour la douche et ma jolie vasque que j’ai taller dans une pierre (trois jours de boulot et beaucoup de sable) qu’elle veut voir ma salle de bain…


“Si c’est pour les toilettes elles sont de l’autre côté de la porte, chez toi … Mais il y a toujours l’option refuge …” Je lui tend une petite pelle et un rouleau de papier “Il y a un petit bois que tu vas voir tout de suite en sortant sur ta gauche qui descend en pente raide, entre dedans et personne ne pourra te voir. Pense à creuser ton trou avant et rebouche le bien.”

Je m’en retourne presque mécaniquement vers la porte laissant la demoiselle à ses choix cornéliens … Je pose la main dessus, aucun poids, je me penche sous l’interstice, rien non plus pas courant d’air exceptionnel … Alors je sors de mon bureau ce qui est maintenant un croisé entre un journal et un cahier de laboratoire et commence à écrire dedans, tout ce que je peux bien voir …

Les chiens se sont reposer, en attendant qu’elle choisisse, si elle part faire un tour dehors Dagda l’accompagnera surement … Ce qui est plutôt bien, une demoiselle comme elle en chausson sur une pente, je préfère que Dagda ne soit pas loin pour me prévenir si quelque chose lui arrive … Je n’ai pas besoin qu’on retrouve un cadavre près de mon refuge, la saison des randonnés vas bientôt commencer …
Je ne lui ai pas dit que j’avais deux douches extérieur et une autre grande vasque à l’étage …. Je pense qu’elle s’en fiche.

Je regarde encore la porte en attendant qu’elle revienne, une fois je tente de l’ouvrir pour retrouver ce long couloir …
Je n’ai même pas relever le fait qu’elle pense que des chiens loup peuvent attraper un rhume, ni le fait qu’elle se déplace chez moi comme si elle était chez elle, je commence juste à assimilé ces détails qui étaient rester coincer derrière une truc de plus grande importance…

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Yoko Ogawa


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeMer 2 Aoû - 0:24

Avant d’avoir eu le temps de lui répondre, d’une petite voix polie, que j’avais juste besoin de faire pipi, et que par conséquent j’aurais très bien pu faire ça dans la douche, et nettoyer derrière moi, je me retrouve avec les mains pleines d’ustensiles, et guidée vers une autre porte, avec pour seules indication une drôle d’énigme à base de trous et de petit bois. Je fixe la pelle, un peu perplexe. C’était un truc pour chasser les trésors, ça. Ou planter des choses. Construire des châteaux de sable, à la limite…
Est-ce qu’on avait vraiment besoin d’enterrer son pipi, là où il vivait, ce drôle d’épouvantail ? Comme un genre de coutume locale un peu trop loufoque pour moi ? Ou bien était-ce une lubie personnelle qui lui était parfaitement exclusive ? D’ailleurs, même si c’était le cas, quel mal ou danger pouvait-il bien y avoir à simplement faire pipi dans un buisson, où entre les herbes – mis à part peut-être le risque de s’asperger les chaussures, si la nature ne nous avait pas pourvue de l’équipement optimisé pour cette tâche-là.

Les hommes, eux, ils ne s’embêtaient pas à creuser des trous dans les bois… pas vrai ?

Et puis, d’abord, s’il avait des toilettes, ce drôle de bonhomme, pourquoi est-ce qu’il avait aussi une pelle-à-pipi-dans-les-bois ? Dans quelle sorte d’occasion en venait-il à la préférer au confort d’un doux petit trône de porcelaine ? Est-ce que c’était sa pelle de voyage ? Pour quand il était invité chez les gens et qu’il n’osait pas demander où sont les petits coins…


Je me secoue. Cette réflexion commence à s’éterniser, et une alliance imprévue entre ma vessie et mon amour propre m’empêche de la poursuivre davantage. Prenant mon courage à demain, et mue par un mélange d’envie pressante, et de curiosité, je pousse la porte d’entrée, et fais quelques pas au dehors.

Le décor qui s’étend sous mes yeux est tout bonnement stupéfiant. Un tableau immense, fait de nappes de bleus, de noirs, de gris, d’ocres et de verts, jetées là par un peintre au talent incomparable. Le soleil de Mai rend un hommage stupéfiant à ces étendues montagneuses, ces cols, ces pics, lointains, et le creux d’une vallée, ici et là, brillant au détour des ombre qu’y jettent ces géants de rocaille.

Çà et là, de petites explosions de couleur naissent, de parterres de crocus, ou d’acacia, au milieu d’une foule d’autres plantes d’altitude que je peine à reconnaître. La montagne, je ne l’avais pas beaucoup fréquentée, mis à part, peut-être, quelques expériences de camping aux pieds de la forêt noire, mais les altitudes n’étaient même pas comparables, à ce niveau. Et les paysages qui s’étalent devant moi, à présent, je les découvre avec une satisfaction immense. Même l’air semble avoir une odeur différente, ici. Il faudra que je courre à mon jardin pour le vérifier, à un moment où à un autre de cette drôle de journée.

Mais pour le moment, et puisque je suis là…

Je coince la pelle dans la terre, et dépose mon rouleau de papier par-dessus, pour éviter qu’il ne dévale la pente sans moi, puis, oubliant un moment mon envie pourtant pressante, je déballe mon appareil photo de sa house, et me dépêche d’immortaliser quelques clichés de ce décor stupéfiant.

Moi qui me plaignait tout à l’heure d’avoir été ignorée royalement par le surnaturel, ces temps-cis…

Je prends des photos des montagnes alentour, d’abord, profitant d’un rayon de soleil particulièrement clair et lumineux, qui vient se refléter sur les quelques taches de neige encore vivaces sur leurs flancs. Certaines sont caressées par de rares nuages, qui donnent l’air d’être pour elles de confortables manteaux de coton blanc. Puis je prends quelques clichés plus classiques, de flore, et de faune – enfin surtout du gros chien qui m’a suivi, et qui fait le pitre autour de moi, probablement intrigué par mon arrêt soudain. Enfin, et avant de reprendre ma course, je cueille un petit crocus mauve, entre mes doigts, pour le glisser derrière mon oreille, et tendant mon appareil à bout de bras, je prends un selfie improvisé en face du refuge, souriant de toutes mes dents.

Satisfaite, je reprends mon aventure, suivie de près par l’adorable toutou, que rebaptisée pour l’occasion « Princesse Fofolle, première du nom » et ensemble nous cheminons vers le petit bois de sapins pour que je puisse y faire pipi comme un vrai ranger des montagnes.

Je vous épargne les détails de cette aventure-là, qui se déroule somme toute sans incidents majeurs – à peine une petite frayeur à base de rouleau de papier menaçant de dévaler la pente, mais rien qu’un peu de coordination et de précieux réflexes n’aient pu défaire avec succès.
Ma besogne achevée, je remonte tranquillement le chemin vers le refuge, et pousse la lourde porte de mon épaule molletonnée.  

Mon pauvre épouvantail n’a pas l’air beaucoup plus calme qu’à mon départ. Il inspecte la porte, et son bois, et ses interstices, l’air inquiet comme si toutes les hordes de l’enfer s’apprêtaient à en sortir. Il est pâle et hirsute, tel un personnage qu’on aurait arraché des pages d’un conte, pour le jeter dans une réalité obscure où il n’aurait plus de repères. Ou plutôt, l’exact inverse. Visiblement, et vu la manière qu’il a de s’exprimer, et de mener l’enquête dans une insatiable soif de rationalité, c’est plus comme si on avait pris un pauvre scientifique, et qu’on l’avait jeté au milieu de… Jack et le haricot magique. Ou le magicien d’Oz. Quelque chose du même genre.

Je me demande, en passant la porte d’entrée, dépassée en trombe par Princesse Fofolle qui file retrouver ses frères et sœurs, quel rôle je tiens dans cette drôle de fable. Peut-être la gentille sorcière du Sud ? Lui, en tout cas, fait une drôle de Dorothy.

Dessinant mon sourire le plus avenant sur mes lèvres, et resserrant tranquillement ma robe de chambre autour de ma taille, je fais quelques pas dans la pièce, en désignant la porte d’une main sereine.
« Dites, vous savez, c’est la petite campagne allemande, là derrière : aucun monstre ne va sortir par cette porte. D’ailleurs, il n’y a rien d’effrayant, dans ma maison. Sauf si vous avez une peur irrationnelle des petites grand-mères japonaises. Là, éventuellement, il faudra vous préparer psychologiquement. Surtout si la situation s’éternise… »

Je me rapproche, sans trop savoir quoi faire de la pelle et de son rouleau de papier, qui trainent toujours dans mes bras. Avec tout ça, je ne me suis toujours pas présentée, et le pauvre homme me connait toujours comme ‘l’intruse bizarre qui est allé faire pipi dans ses sapins’. Ça ne va pas du tout. En plus, si cette situation est véritablement amenée à s’étendre dans le temps, alors il était essentiel de faire une bonne impression. Une meilleure, du moins. Il allait quand même habiter notre salle de bain, ce drôle de bonhomme. Il n’y avait pas de protocole précis, pour ces cas-là, mais dans le doute, la politesse était toujours une bonne idée, pas vrai ?

Je m’incline, très doucement, dans un premier temps, puis, coinçant mon attirail sous un de mes bras, je lui tends ma main avec un grand sourire, comme le font les vrais occidentaux. Pour être tout à fait honnête, personnellement je n’aimais ni la poignée de main, ni la bise, ni toutes ces formes de salutations qui obligeaient deus êtres humains qui ne se connaissaient pas à se toucher et s’échanger tout un tas de germes, mais la plupart des gens d’ici – enfin, de chez moi – trouvaient le salut trop formel et bizarre. Je m’étais adaptée avec le temps.

« Moi c’est Yoko, au fait. Ogawa Yoko. Si vous voulez vous pouvez me dire votre nom, aussi. C’est comme ça qu’on fait quand on rencontre des nouveaux voisins. »

Je ris de bon cœur, à une blague qui semble échapper au reste du monde, puis je me penche pour murmurer à son attention, un air de sincère confidence sur le museau.

« Je vous le dis parce qu’ici vous ne devez plus trop avoir l’habitude… »

Je donne un petit coup de menton en direction de la porte d’entrée – celle que je viens de passer, pas celle qu’il examine avec tant de précautions, et Princesse Fofolle revient presser son museau contre mon flanc, probablement intriguée par mes babillements. Mon interlocuteur, lui, semble perplexe, les doigts emmêlés dans les poils de sa barbe.

Peut-être bien que les tendances hirsutes et paranoïaques, ça venait avec la vie en solitaire. Comme un genre de… syndrome de Bigfoot, voilà. Après tout, autant de temps passé tout seul dans une montagne, avec des chiens pour seule compagnie, forcément, ça devait laisser des traces. Le pauvre, pas étonnant qu’il soit aussi retourné, s’il avait si peu l’habitude des visites…

« Oh ! Je sais ! » Mes yeux s’éclairent d’une lueur inspirée. « J’ai fait de L’apfel strudel, hier après-midi. Il nous en reste un gros morceau. Si je le réchauffe au four, il sera encore délicieux, j’en suis sûre… Vous voulez venir en manger un morceau chez moi ? »

Je piétine un moment sur mes appuis, mes pantoufles glissant sur les grosses lattes de son plancher, tandis qu’une hésitation me saisit. Peut-être que lui demander de venir jusque dans le salon de mamie était déjà un peu trop espérer de ce grand bonhomme confus. Dans un élan d’empathie, et parce que je suis quelqu’un à qui le compromis ne fait pas peur, je lui offre une petite porte de sortie dans mon invitation, non sans en profiter pour y glisser un petit encouragement.

« Ou bien je peux vous en amener ici, si vous avez vraiment trop peur de cette porte, mais tout de même, vous êtes un grand garçon, alors… c’est bien d’affronter les choses qui nous font peur, vous savez ? »
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Luc De Vernet


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeJeu 7 Sep - 10:10

Je respire, déjà c’est pas mal, sérieusement avec cette porte en face de moi qui relie deux point du globe c’est vraiment sérieusement fantastiquement pas mal. Deuxième point je ne vomi pas, troisième point j’entends encore … Je ne sais pas pourquoi j’ai réussi à accepter la téléportation et pas ça, probablement parce que la téléportation j’en rêve depuis que je suis gamin, que y’a un esprit quantique, et parce que j’ai pas eu le temps d’étudier le fait qu’elle roulait avec ma grâce d’une division de panzer conduite par le collectif des mamies alcooliques qui cherche leur chemin, sur Toutes les lois de la physique qu’elle soit quantique ou non …

Donc non ce qui m’inquiète c’est pas le monstre, c’est le moment crique où les lois de la physique vont se réveiller de leur sommeil avec la gueule de bois et gueuler que bordel normalement c’est elle qui dirige le monde pas une bande d’ado ayant eu une idée sur une forum et ayant décidé que les épée ça faisait deux mètre et avait une épaisseur de deux livres au niveau de goulotte … Je flippe pas vraiment pour le monstre qui est là-dedans, il l’a bien chercher, mais pour tout ce qui vas être transformé en cratère à cause de l’Energie potentiel gracieusement emmagasiné dans ce petit vortex …

Pourtant je ne dis rien de tout ça à voix haute à la gamine, probablement parce que je l’aurais engueuler, ensuite parce que j’aurais fondu en larme ou quelque chose qui y ressemble, enfin parce que mon cerveau en est incapable ….


“Les grands-mères japonaises ça vas, bien que j’ai du mal à imaginer comment peux vivre une germano-japonaise … Trop de choques de cultures possibles … Le cliché passe pas, mais mieux que cette porte …

Je me nomme Luc, le reste à pas trop d’importance, bien que j’espère ne pas rester votre voisin longtemps, pas vraiment contre vous mais plutôt contre ça …”


Je montre la porte, bordel ça passe pas, quoi qu’il arrive ça passe vraiment pas du tout. Je lui sert la main parce que malgré ça gène j’ai qu’un ans de Salut mongole dans les pattes et des années de Salut Européen Français, ainsi que des centaines d’entretiens dans les pattes, alors la poigner de main c’est naturel et c’est presque parfait.

Mise à part que j’ai une violente envie de baffer la gamine je récupère la pelle et le papier et vais le ranger pendant qu’elle dégarpie chez elle, quelque chose me dit qu’elle vas revenir alors je prépare un bout de table là où quelques mois plus tôt j’ai accueilli un autre atterré tombant du ciel. Dans ma tête j’espère que les alpes franco-suisse ne sont pas entre train de devenir un nid à vortex, quelque chose me dit que c’est pas le CERN, je sais ce qu’ils y font et même si ça passe en dessous ce n’est pas ça, il faudrait bien plus de bordel qu’un pauvre petit accélérateur pour faire ce genre de choses …

Je souffle un grand coup et pose trois assiettes sur la table, au point où elle en est c’est possible qu’elle revienne avec sa grand-mère … C’est pas comme si elle m’avait fait l’impression de quelqu’un qui vie autrement que sans se soucier de … Tout ? Ouaip incontestablement Tout. Je ne sais pas trop ce qu’elle a vécu mais elle a sérieusement autant de raison d’être enfermer que moi.

Pourtant ça à quelque chose de rassurant aussi, savoir qu’il y a des gens qui eut, sont arrivé à affronter le monde tel qu’il est, même si il suffit de devenir un peu plus fou.

Je regarde ma table, heureusement qu’elle est japonaise, les assiettes sont à la mode Mongole et vue comme elle est étonnante si elle avait été chinoise j’aurais eu peur qu’elle construise une muraille rapidement … Est-ce que ça aurait été plus mal ? J’en sais trop rien.

Quand elle reviens je l’amène à la table le brut de forge est là, ainsi que des bonbons au yaourt, et un du jus de mure ainsi que de l’eau de source. De quoi faire un bon repas … Le seule truc qui me viens à l’esprit quand elle passe la porte c’est :


“Ca sera plus facile pour aller faire les courses … Sauf que je veux pas voir la tête des livreurs …”

Je souris et la guide à la table.
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Yoko Ogawa


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MessageSujet: Re: Doggies in a bathroom [Luc]   Doggies in a bathroom [Luc] Icon_minitimeSam 4 Nov - 14:57

« Mh… »

Sur mon visage, mon joli sourire s’est crispé. Il y a quelque chose dans ses paroles, ou peut-être le choix de ses mots, ou bien la façon dont ils sont prononcés, qui me reste en travers de la gorge, sans que je parvienne à mettre le doigt exactement dessus. Parce que tout de même, l’épouvantail, même avec toutes les excuses que je voulais bien lui trouver, entre l’isolement et le coup du paranormal à accuser, il est drôlement impoli.
Qu’est-ce qu’il en sait, du choc des cultures germaniques et japonaises, d’abord ? Et pour qui il se prend, à balancer des généralités comme ça sur ma grand-mère sans même l’avoir rencontrée ? Personne ne lui a appris à respecter les aînés et les invités là où il a été élevé ?

Soudain, je me sens très bête. Il y a plein d’indignation dans ma poitrine, mais pas un seul mot qui ne trouve son chemin jusqu’à ma bouche. Je reste toute paralysée de stupeur, sans savoir quoi répondre, avec juste au ventre la certitude que ce qu’il a dit m’a blessé.
Je reste plantée là, tandis qu’il récupère ses affaires et s’en va, me laissant avec mon petit nœud d’émotion et ma bouche entrouverte sur un silence gêné. Puis, réalisant que de toute évidence, même si les mots me venaient, il serait bien trop tard pour les dire, à présent, je tourne les talons et rentre chez moi.

Tandis que mes pieds patinent sur le parquet grinçant du couloir qui me conduit aux escaliers, je considère un long moment l’idée de garder mon strudel pour moi, de le manger au chaud dans mon salon, et de laisser monsieur l’épouvantail mariner tout seul dans sa forteresse de solitude. Non mais. Sûr que s’il accueillait tout le monde à coup de traits d’esprits aussi subtil, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il y soit, tout seul, tout là-haut dans sa montagne…

Je traîne mes jambes jusqu’à la cuisine, silencieuse, ou se déverse très joliment la lumière des matins de printemps. Une odeur de thé au jasmin flotte encore sous les poutres peintes, et mêlée à elle, la senteur plus subtile et familière que j’associe immédiatement à ma grand-mère. Dans cette maison, elle est partout. Elle habille les murs, et les fauteuils, et si l’on s’attarde à ramasser un gilet ou un tablier pour y enfouir son nez, on la retrouve plus vive encore. Cette odeur, pour moi, et plus que les murs qui m’entourent ou le toit au-dessus de ma tête, c’est ce que je considère le plus comme ma maison. Elle soigne mon âme, et calme mes humeurs.

D’ailleurs, à cet instant précis, elle me fait beaucoup de bien.

Je m’approche du four, dans lequel repose encore le plat qui contient les restes de la pâtisserie, et d’un geste familier je le met en marche, histoire de le réchauffer un peu. La bête est capricieuse, et la petite loupiote à l’intérieure grésille et fait quelques simagrées avant de s’allumer pour de bon, mais je ne m’en inquiète pas. C’est un vieux four, mais un four sur qui on peut compter.
Pendant qu’il chauffe, je fais un crochet par la penderie de ma grand-mère, dans la chambre du bas, pour lui emprunter une bonne paire de chaussette, et calfeutrer plus convenablement l’espace entre mon pantalon de pyjama et mes chaussons. J’enfile aussi un pull, par-dessous ma robe de chambre. Ça m’évitera d’être trop parano concernant mon état de débraillement. Aussi, accessoirement, je n’aurais pas froid.

Comme toujours, les priorités et moi, nous avons une drôle de relation.

Au final, le temps que tout se réchauffe convenablement, et que je prépare mon petit plateau avec le miel, les couverts et le sucre glace – j’y ajoute aussi un petit pot du Genmaicha que ma grand-mère fait importer du Japon – mon mécontentement a fondu, dissout dans les petits gestes de la routine comme un sucre dans un café. C’est d’un pas plus léger que je remonte à l’étage, les bras chargés, et je pousse la porte avec mes fesses pour être sûre de ne rien renverser.

Princesse fofolle, et le reste des chiens, s’empressent de venir se fourrer dans mes pattes, visiblement curieux de mes allées-et-venues, ainsi que du contenu à l’odeur probablement très alléchante de mon plateau de bois. Je navigue, un peu plus habilement, maintenant, le petit parcours d’obstacle que me soumettent leurs gesticulations enjouées, mais la présence de leur maître semble avoir un peu calmé leurs élans de naufrageurs, et mon chargement parvient sans encombre sur la table de mon hôte.

Sauf que là encore, l’épouvantail m’accueille avec une phrase qui me laisse un peu perplexe.

« La tête des livreurs… ? »

Pff. Quels livreurs, d’abord ? Je ne comprend absolument rien à ce qu’il est en train de raconter. Est-ce que je suis censé le prendre pour moi ? Ou est-ce qu’il s’imagine vraiment qu’il y a des monstres déformés derrière la pauvre porte en bois – je l’ai laissée entrouverte, d’ailleurs, tant pis pour lui – et qu’ils son prêt à… faire les courses pour lui à travers les dimensions ?

Ou bien est-ce que c’est juste… du racisme ?

Je pince mes lèvres, et relève timidement mon regard vers lui. Enfin vers sa barbe. Pour le moment, mes yeux n’ont pas le courage de monter plus haut. Mais je tiens bon.

« Dites, est-ce que… Est-ce que vous avez quelque chose contre les allemands ou les japonais ? Parce que depuis tout à l’heure vous dites des choses un peu… » Je me tortille, les mains emmêlées l’une dans l’autre, sans trop savoir où m’emmène cette plainte. Les mots roulent et dégringolent tout seul de ma bouche, un peu maladroits, mais déterminés à ne pas me faire défaut cette fois-ci. « Je comprends que ça doit vous faire un choc, tout ça, et peut-être aussi que vous n’avez pas souvent de la visite, mais… Si vous pouviez faire attention... »

Evidemment, je n’ai pas pu m’empêcher d’adoucir le trait, quelques instincts d’empathie et de pacifisme se cabrant aussitôt dans ma poitrine, mais tout de même, je suis fière de moi. Ce n’est pas souvent que j’arrive à l’exprimer, quand quelque chose me met mal à l’aise, et malgré tous les conseils d’Aminata, c’est encore un chose sur laquelle je dois travailler.
Aujourd’hui, pourtant, c’est une petite victoire sur mes tendances de fuyarde face au conflit.

Je risque un petit sourire, entre la gêne et l’encouragement, puis comme on ne me répond pas tout de suite, je prends mon courage à deux mains, tire une des chaises vers moi, et me rapproche de la table pour y débarrasser mon plateau. Avoir quelque chose pour m’occuper les mains, ça aide grandement quand j’ai des choses difficiles à évacuer qui se bousculent dans ma poitrine.

L’épouvantail, heureusement, ne m’interrompt pas dans ma tirade, alors que je prends quelques secondes pour organiser mes pensées.

« Vous savez, la plupart des gens arrivent très bien à vivre dans des cultures différentes de celles où ils sont nés. Parce que… et bien. Ce sont des personnes, pas des idées. »

Les gestes sont mécaniques. Je découpe des tranches de Strudel, puis je les dispose sur les assiettes qu’il a préparé, et dont les motifs très élégants attirent mon œil. C’est de la jolie vaisselle. Comme le reste de la décoration, dans la pièce, on peut y ressentir une influence artistique venue de l’orient, mais je ne m’y connais pas assez pour l’identifier avec plus de précision. Elles me font penser à un des vieux services d’assiettes et de bols en bois que ma grand-mère m’a fait déménager au grenier, à mon arrivée, quelques mois plus tôt. Cela étant, leur présence me rassurent sur une chose ; l’homme – Luc – doit avoir un bon service à thé quelque part.

Suivant cette ligne de pensée là, j’attrape le petit pot de Genmaicha et le lui présente, une tentative de sourire plus sincère au bord des lèvres.

« Si vous avez de l’eau chaude, c’est un thé très bon. Avec du riz grillé. »

Je me sens obligée de faire la précision, parce que la première fois que j’en ai proposé à Stephen, il m’avait demandé si les petites graines brunes étaient des crottes de souris. Depuis je n’ai jamais réussi à me sortir l’idée de la tête. Puis, me sentant quelques élans de hardiesse au cœur, ainsi qu’un besoin pesant d’essayer de détendre l’atmosphère, je poursuis, sur un ton qui se veut plus léger.

« Je vous l’ai mis séparément du Strudel, pour éviter les chocs culturels, mais je vous garantis qu’ils sont très bons ensemble. Vous devriez essayer. »
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