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 She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen

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Yoko Ogawa


Yoko Ogawa

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MessageSujet: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeDim 20 Nov - 19:35


Le soleil était en train de m’abandonner. Glissant derrière la maison, il me retirait la chaleur de ses rayons, laissant l’Ombre de la fin de journée border mes jambes de sa fraîcheur désagréable. Comme un chat mécontent qu’on interrompe sa sieste, je grommelle, sans ouvrir les yeux, et, à l’instinct, remonte légèrement mes jambes sur le plaid pour les faire retrouver l’étreinte chaude et agréable de la lumière. Bien évidemment, le soleil est sourd à ma plainte, et continue sa course. Minute après minute, je continue à le poursuivre, dans cet affrontement déjà couru d’avance, me recroquevillant de plus en plus vers le coin de cette couverture que j’avais étendu dans l’herbe, quelques heures plus tôt, pour méditer.

Enfin, pour faire la sieste, en réalité. Mais j’ai découvert qu’on culpabilisait nettement moins de faire la sieste en plein après-midi si on appelait ça de la méditation. Peut-être que c’était ça, finalement, le secret de la plénitude bouddhiste ? Allez savoir…

Finalement, le soleil passe complètement derrière le toit du cottage, et je suis obligé de me rendre à l’évidence. Il va falloir rentrer où je vais attraper froid. L’automne, contrairement à l’été, ne pardonne pas ce genre d’obstinations.

Pas encore tout à fait résignée à bouger, pourtant, j’attrape le bord de mon plaid, et roule sur le côté, pour m’en faire un cocon protecteur. Après un tour complet, je me décide à ouvrir les yeux, pour observer les branches du hêtre s’agiter dans un brin de vent, se découpant dans un gris-vert de mousse éteint sur le bleu éclatant du ciel.

Cette journée a été tout sauf productive, je dois bien l’admettre. Mais ça…

Ça c’est le pied.

Je me redresse, extirpant mes bras de mon cocon, que je réarrange pour m’en faire une cape, et en dégager mes jambes, puis je m’assois dans l’herbe, en observant les alentours. Le jardin est silencieux. La fraîcheur de la soirée s’installe, et le vent commence à se lever, faisant frémir les herbes hautes. Ça va faire un moment que personne n’a tondu la pelouse, ici. Peut-être que je pourrais le faire ? Je n’ai jamais fait ça de ma vie, mais après tout, c’est comme le reste, ça s’apprend.

Et puis au pire, je demanderais aux Internets. Il y aura bien quelqu’un pour m’aider, par là.

Une bourrasque un peu plus insistante que ses jumelles m’ébouriffe, et je frissonne longuement en la sentant s’infiltrer dans ma nuque, en soulevant mes longs cheveux noirs. Même avec tous les pulls, les plaids, et l’optimisme du monde, il ne va plus être confortable très longtemps d’être assise comme ça dans l’herbe en plein début de mois de novembre. Je me remet sur mes jambes, ramassant mon sac, dans lequel je jette en vrac le carnet que j’en avais sorti pour écrire, mon thermos de café et mon vieil appareil photo.

Rien n’y naîtra aujourd’hui, il faut croire. Je réessaierai demain, s’il ne pleut pas.
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Kurosaki Hiyori


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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeDim 20 Nov - 21:33

Deux heures et demie du matin. Les chiffres rouges sur le cadran du réveil d’Onii-chan donnent l’impression de me narguer. Ce sale rat est à la bourre. Ça fait plus d’une demi-heure que je l’attends… et dire qu’il était juste supposé « boire un coup vite fait » et rentrer à la maison. En temps normal je ne me serais même pas inquiétée, il a bien le droit de faire ce qu’il veut, mais après ce qui m’est arrivé l’autre soir j’avoue que quand je le perds de vue, c’est mon tour de paniquer. Et si je recevais un coup de fil pour me signaler qu’on a retrouvé mon frère à l’autre bout du monde et qu’il n’arrive pas à revenir hein ? Je ferais quoi ? On est très très loin d’avoir le budget pour que je puisse aller le chercher… y’aurait même pas assez pour qu’il rentre seul… en fait on a même pas assez pour le loyer du mois prochain, va encore falloir que je ponde des articles pour des magazines de merde histoire d’arrondir la fin du mois…

Je soupire en levant les yeux au ciel et décide d’aller prendre un bain histoire de passer le temps… et pour le laver les cheveux aussi, accessoirement, ça doit faire presque deux semaines que je l’ai pas fait, et je dois faire une apparition publique demain. C’que ça m’emmerde ce genre de choses… Je fais couler l’eau chose et bazarde mon t-shirt-trop-grand-qui-a-dû-être-gris-dans-une-autre-vie et ma culotte parachute, et je me laisse glisser dans la baignoire. Merde… c’est vachement agréable quand même… j’avais presque oublié. Faudrait que je me lave plus souvent… enfin… c’est c’que j’me dis à chaque fois. Ceci dit le bain semble penser la même chose vu comment l’eau se trouble doucement… je grimace mais décide de mariner encore un peu. J’entends la porte d’entrée claquer et la voix enivrée de mon frère s’élever.


"- Hi-chan ?"

Il n’ose m’appeler comme ça que quand il est bourré. Nouveau soupir.

- Salle de bain !

Je l’entends se casser la figure en retirant ses chaussures, puis il ouvre la porte et rentre dans la salle de bain avec une expression de stupeur absolue.

"- C’est quoi ? Noël avant l’heure ?"
- T’es con… je dois sortir demain.
"- Ah ouais… j’avais oublié."


Je lève les yeux au ciel et me redresse pour attraper le shampoing pendant que mon crétin de jumeau retire ses chaussettes.

- Si tu veux te laver va falloir changer l’eau…
"- T’inquiète, je la change toujours… tu te laves pas assez souvent pour que je prenne le risque."
- Connard.
"- Moi aussi je t’aime petite sœur…"


Mouais… je hausse les épaules et termine de laver mes cheveux et le reste de mon corps en l’ignorant à moitié, j’aime pas quand il est dans cet état… il est encore plus chiant que d’habitude. Je m’enroule dans la serviette qu’il me tend en jetant un œil dans le miroir… c’est fou… on dirait que j’ai débronzé… Ouais, faudrait que je me lave plus souvent. Je me sèche les cheveux en écoutant les élucubrations de mon frère d’une oreille distraite, puis je retourne dans la chambre pour consulter mon téléphone. Deux messages… le premier du rédacteur en chef du magazine pour lequel je vais devoir bosser demain, le second du collègue qui va se taper le boulot avec moi. Rien de bien palpitant… y’a juste l’heure qui a changé. Au lieu d’y être à 16h, il faudra venir pour 14h.

Sans lever les yeux de mon écran j’interpelle Hisao.


- Nii-chan, demain faudra que je sois au point de rencontre deux heures plus tôt que prévu.

Je pianote sur mon écran tactile pour répondre aux messages quand soudain un grand courant d’air froid me glace jusqu’à la moelle.

- Nii-chan t’es malade ? Ferme cette fe…………

J’ai levé les yeux… de l’herbe, un arbre, le coucher du soleil...

-… nêtre…

Je regarde le ciel qui se teinte de orange et de rouge sombre et une grimace déforme mes lèvres.

- On non… encore ?


Je me tourne.

- Aloïs ?

Ah non… c’est pas lui… c’est pas son nightclub non plus d’ailleurs, il était fermé et là je suis dehors. Et j’ai pas vu la personne qui se tient devant moi quand j’étais chez lui. Putain… j’suis où cette fois ? Pourquoi ? Au moins cette fois je sais que c’est pas juste moi qui suis cinglée… et puis j’ai mon téléphone. Pas de réseau, certes, mais sa simple présence est super rassurante. La fille a l’air d’être du même pays que moi à première vue… seulement chez moi, ça fait bien longtemps qu’il fait nuit… du coup je tente l’anglais, au cas où.

- Euh… salut ?
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeLun 21 Nov - 10:19

Il m’est déjà arrivé de drôles de choses, dans ce jardin, depuis le temps que j’y traîne mes baskets. J’ai vu passer des renards, des écureuils, des biches, même un sanglier, une fois, qui fuyait des chasseurs, et a déboulé là, à travers le potager en dégommant toutes les chaises de jardins. C’est là l’inconvénient – ou l’avantage, selon le regard qu’on y porte – de vivre en bordure de forêt. Pourtant, et là je peux le certifier : des filles à moitié nues, à part moi quand j’avais huit ans et qu’on mettait la piscine gonflable dans le jardin en été, c’était une véritable première.

Je reste un peu bête, à la regarder, mon fatras encore dans les mains, et alors qu’elle se retourne, elle fait de même. On se jauge, comme deux animaux ayant atterri un peu par hasard sur le territoire l’un de l’autre, et cherchant à décider de la meilleure marche à suivre.
C’est elle, finalement, qui prend l’initiative, et entame le dialogue dans un anglais beaucoup plus maîtrisé que le mien, et qui me fait grimacer faiblement.

Cela faisait… vraiment bien longtemps que je ne l’avais pas parlé à voix haute, cette langue.

« Hm… Bon…bonjour… »

Oh là là, que c’est laborieux… Je rougis, un peu brusquement, serrant mes affaires contre moi comme pour me protéger d’une attaque imminente. Comme si ma propre médiocrité à l’expression orale allait revenir vers moi pour m’en coller une en pleine figure.
Mais il n’en est rien, et en attendant que je me remette de mon embarras, l’autre fille – la pauvre, elle soit se geler, dans cette tenue – continue de me regarder, bien droite dans l’incongruité de son existence. Je ne peux décemment pas continuer à lui faire l’affront de m’apitoyer sur mon sort, bien confortable à côté du sien, probablement. En vérité je n’en sais rien, mais pour atterrir dans le jardin d’autrui, en pleine campagne allemande, au mois de novembre, et aussi peu couverte, il fallait bien que sa vie ait été sacrément mouvementée.

Peut-être qu’elle était un genre de… loup-garou ? En fin de transformation ? Enfin il était vraiment tard, dans la journée pour ça. Peut-être un loup-garou avec un très mauvais sens de l’orientation…

Mais ça n’a aucune importance. Qui qu’elle puisse être, je ne vais pas la laisser dans cette situation, si ? De toute façon, elle est dans mon jardin. Ça en fait ma responsabilité. Je crois. Peut-être pas, en fait, je doute qu’on ait légiféré sur la lycanthropie, mais… dans le doute…

« Vous… avons… avez… besoin… de l’aide ? Attends… »

Laissant mon sac retomber lourdement dans l’herbe, j’étends mon plaid dans mes bras pour venir lui proposer de s’enrouler dedans, un peu gênée de ne pas savoir mieux lui expliquer ce que je veux.

« Eum… voilà… Ugh… » Non, vraiment, ça ne va pas le faire. J’ai l’impression que mon accent part dans tous les sens, entre l’allemand, le japonais, et toutes les hésitations qu’insinuent dans ma bouche la timidité et le manque de pratique. Il faut que je trouve autre chose. Relevant les yeux vers elle, je grimace doucement, et me lance, comme une pierre dans un étang. « Vous ne parlez pas japonais par hasard… ? »
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Kurosaki Hiyori


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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeLun 21 Nov - 10:55

Mouais… au moins je peux être presque certaine de pas avoir atterri dans la cambrousse américaine ou anglaise, vu l’accent de la fille et les difficultés flagrantes qu’elle a à aligner trois mots en anglais. Ou alors c’est une touriste mais vu qu’on a l’air d’être plus ou moins perdues au milieu de nulle part, j’ai de sérieux doutes à ce sujet.

Je l’écoute assassiner un moment la langue de Shakespeare en me concentrant pour comprendre ce qu’elle raconte. De l’aide ? Ah ben j’avoue que ça serait pas de refus, il fait un froid de connard et j’ai juste une serviette humide pour me couvrir. Pudeur mise à part, j’me les pèle grave… mais ça elle a l’air de l’avoir remarqué toute seule étant donné qu’elle me refile sa couverture, dans laquelle je m’enroule avec un hochement de tête reconnaissant. C’est toujours pas les tropiques, mais ça m’aide à pas geler sur place à cause du vent, c’est déjà pas mal.

Brusquement mon regard s’illumine et un vague sourire étire mes lèvres.


- Si… je suis japonaise justement. Toi aussi ?

Cette conversation a l’air anormalement normale… bientôt on va s’échanger nos prénoms, les derniers potins du pays et des banalités affligeantes sur le temps qu’il fait… Enfin, c’est toujours mieux que rien, au moins elle n’est pas partie en hurlant et en agitant ses bras au dessus de sa tête, persuadée d’être en face d’une étrange créature… personnellement, avant l’histoire avec l’Afrique du Sud, si quelqu’un était apparu devant moi sans raison, c’est très probablement comme ça que j’aurais réagis. Cette fille a peut-être l’air timide et paumée (en même temps on peut pas lui en vouloir vu la situation), mais elle doit avoir des nerfs en acier trempé. Le barman presque black ne m’avait pas vue apparaitre… j’étais juste là quand il s’est tourné… elle par contre, elle a dû me voir sortir de nulle part. Peut-être même qu’elle m’a entendue engueuler mon frère à cause du courant d’air… chelou comme délire non ?


- Je… euh…

J’allais lui expliquer. Mais expliquer quoi ? D’accord c’est pas ma première fois, mais j’ai toujours rien compris... Je me racle la gorge, nerveuse, et je regarde autour de moi avant de poser à nouveau les yeux sur elle.

- Je sais pas par ou commencer… Je sais même pas comment je suis arrivée là en fait. J’étais chez moi, à Tokyo, y’a deux minutes et là… ben je suis là…

V’là l’explication… même moi je me serais prise pour une folle à lier avec un discours pareil. Je gratte nerveusement ma nuque, remarquant inutilement par la même occasion que j’ai toujours les cheveux humides, et lui adresse un sourire gêné.

- En fait c’est la deuxième fois que ça m’arrive… je…

Qu’est ce que je pourrais dire de plus ? Ah… ouais… important quand même…

- On est ou au fait ?

Le soleil continue sa course derrière la ligne d'horizon... le ciel prend progressivement une teinte plus foncée alors que les couleurs vives et chaudes dont il était éclaboussé jusqu'à présent se changent doucement en une obscurité relative mais douce. J'avais oublié quelle couleur pouvait prendre la nature à cette heure de la journée, quand la pénombre commence à gagner du terrain... j'aurais été dans une autre situation, la fascination l'aurait emporté... mais là...
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Yoko Ogawa


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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeLun 28 Nov - 4:16

Elle parle japonais.

Quelque part dans le ciel, toutes les muses se mettent à chanter la gloire de ce petit détail. Quoiqu’il se passe, maintenant, au moins je n’aurais pas à essayer de l’expliquer en anglais. Peu importe les puissances métaphysiques qui sont à l’œuvre, qu’elles soient louées avec toute la dévotion qui convient. Ça doit se voir sur mon visage, probablement, le soulagement, parce que j’ai soudain l’impression de peser trois kilos de moins.

«Oh. Ça… ça c’est drôlement pratique. Hm. »

Je rougis très légèrement, à l’idée que la levée de mon inconfort soit complètement visible, et ne contribue qu’à accentier l’évidence de mon absurde nullité en langues étrangères. Surtout à côté d’elle, qui a l’air de se débrouiller à merveille, ou du moins de ce que j’ai pu en juger, sur les huit mots que je l’ai entendu prononcer.

Je secoue doucement la tête, pourtant, quand elle m’interroge sur mes origines.

« Non, enfin. J’ai de la famille là-bas, il parait, mais je les connais pas très bien. Moi je suis née ici, en Allemagne. Mais mon grand-père était très porté tradition… »

La famille de ma mère, un oncle que je n’ai vu qu’une fois, enfant, et des grands parents qui ne veulent plus entendre parler de moi, depuis que mon père s’est remarié, vivent dans la préfecture de Gunma, dans le Kantô, ou du moins c’était encore le cas aux dernières nouvelles que j’en ai eu. Même celles-ci, après tout, commencent à dater. Pour ce que j’en sais, tout le monde est mort, où a fini par déménager.
Mais ce n’est peut-être pas le moment de penser à tout ça. D’autant que la jeune femme en face de moi se lance dans une tentative d’explication assez confuse, et qui me laisse… plus perplexe encore que son arrivée.

Et en plus, avec tout ça, nous n’avons toujours pas bougé du jardin, où la pauvre doit commencer à se geler sévèrement.

« Ouah. Okay, hm. D’accord. Ecoutes déjà, viens à l’intérieur, tu vas mourir d’hypothermie. Pardon j’aurais du commencer par ça. Et euh… Ensuite, ici c’est Spreenhagen. Près de Berlin, en Allemagne. Alors… Alors c’est vraiment dingue, tout ça. »

Avec une petite moue de panique et de curiosité mêlée, je viens enrouler mon bras dans son dos, pour la guider vers la maison, le cerveau tournant à cent à l’heure au milieu de sa petite boîte d’os. Il y a tellement de choses que j’aimerai lui demander, en cet instant, mais par-dessus tout, il y a cet instinct qui remonte du fond de mon ventre et qui me pousse à faire quelque chose pour m’occuper de son confort avant ma curiosité.

On n’accueillait pas les gens en les laissant en slip dans son jardin, après tout.

Heureusement pour moi, mamie était encore chez la voisine, à cette heure, pour son club de lecture du vendredi. Elle ne rentrerait probablement pas avant une bonne heure, et d’ici-là, il serait toujours temps d’improviser quelque chose.
Nos pas nous conduisent jusqu’au salon, où quelques fauteuils vieillissants – mais confortables comme seuls peuvent l’être ces coussins où l’on s’est assis mille et une fois – côtoient de petits meubles patinés, un papier peint fleuri, et un nombre assez impressionnant de petits chats en terres et porcelaines diverses. La deuxième grande passion de ma grand-mère, qui avait pu prendre une ampleur dangereusement considérable à la mort de mon grand-père, seule barrière limitante à sa collectionnite aigue.

« Je veux dire, c’est le premier cas de téléportation auquel j’assiste de ma vie. C’est dingue ! Tiens, enfile ça et installe toi… »

J’attrape la robe de chambre mauve de mamie, qui traîne sur le fauteuil, dans toute sa gloire de vieille chose délicate et molletonnée, et lui tend pour qu’elle s’en couvre un peu mieux. Puis, j’attends qu’elle s’installe dans le canapé avant de lui étaler une autre couverture sur les jambes. Peut-être que j’en fais un peu trop, mais à force de côtoyer ma grand-mère, j’ai visiblement attrapé quelques réflexes de surprotection. Et puis, mine de rien, cette jeune femme, c’est quelque chose d’absolument extraordinaire qui vient de débouler sans crier gare au beau milieu d’une journée dramatiquement vide.

Ce genre de petits sursauts de l’existence, il faut en prendre soin.

Sans même compter le fait que, si elle tombe malade ici je vais avoir un mal fou à expliquer son existence au médecin de mon village... Enfin, peut-être bien que je m’égare un peu, là, mais tout de même !

« J’peux te faire un café, ou un thé, euh… ou si t’as encore froid j’peux allumer le poêle … »

Je fais un passage rapide vers la cuisine pour attraper le plateau déjà préparé, qui sert d’ordinaire pour le thé de l’après midi, et dont les deux tasses nous ont finalement attendues sans nous voir, ce jour là, ma grand-mère ayant visiblement préféré me laisser dormir au soleil. Je l’embarque, branchant la bouilloire électrique, et essayant de me souvenir de l’endroit où on a rangé le café soluble, au cas où sa préférence penche de ce côté-là. Puis, je le dépose sur la table, entre nous, et avise mon sac, abandonné près d’un fauteuil, considérant l’appareil photo qu’il contient toujours.

« Aussi, est-ce que ça te dérange si je vlogue ? » Je me gratte timidement le bout du nez, avant de me pencher pour extirper mon matériel, et lui montrer avec une tentative de sourire. « J’veux dire. Ouah. On parle de… quoi. Des milliers de kilomètres ? J’suis pas sûre qu’on ait jamais recensé un déplacement dans l’espace aussi gigantesque. On explose complètement les limites de la parapsychologie… Même avec… un genre de rituel, ou… Le potentiel magique que ça demanderait… Ha. C’est super-méga-dingue ! Et ça t’es arrivé deux fois ? Volontairement ? »

Machinalement, mes ongles trouvent le chemin des boutons de mon appareil, alors que je le fait tourner entre mes mains, et je l’allume finalement vers le milieu de ma tirade, avant de le poser sur la table.

« Ah ! Attend. Répond pas tout de suite ! » Il y a un petit tressaut d’enthousiasme, dans ma voix, alors que je fais une tentative un peu grossière de cadre « artsy », où l’on n’aperçoit, finalement, que ses jambes, sous la couverture un morceau de la table, avec l’ombre de nos tasses, et le vieux fauteuil où je viens le blottir, les genoux remontés sous mon menton, et une expression de gosse, le jour de noël, fichée sur mon visage. « Voilà, va-y. T’en fais pas je cadre pas ton visage. Tu peux… Tu peux raconter ce qui vient de se passer, pour toi ? Depuis le début ? »


Dernière édition par Yoko Ogawa le Dim 25 Déc - 22:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeLun 19 Déc - 20:53

Mouais… en vl’a au moins une que ce délire semble rendre heureuse… je la laisse parler en me vautrant dans la robe de chambre miteuse mais chaude dans laquelle je me suis enroulée tout en rajustant la couverture sur la moitié inférieure de mon corps. J’ai froid ma race c’est insupportable, mais ça devrait passer avec toutes ces couches. J’ai vaguement réussi à glisser que je préférais un thé plutôt qu’un café. Pas que je déteste réellement le café, mais bon… un thé c’est quand même plus proche de l’idée que je me fais de chez moi, un truc comme ça. Je dirais que ça me rassure si on me pose la question, mais comme elle m’en pose plein, mais pas celle-là, je m’abstiens. J’essaye de profiter de son hyperactivité soudaine pour retenir les informations qu’elle m’a données : Spreenhagen, près de Berlin en Allemagne. Putain… l’Allemagne… même si j’avais eu envie de faire tout plein de voyages pour découvrir le monde, ce qui est loin d’être le cas, jamais je n’aurais choisi de venir m’enterrer dans un pays pareil… le berceau des nazis, Hitler, le mur tout ça… ça m’a l’air d’être un trou peuplé de gens agressifs et persuadés d’être les maitres du monde… même si le temps a dû changer bien des choses. Au moins elle n’est ni blonde, ni pleine de bleu dans ses yeux. Elle serait plutôt du genre… presque normale. Enfin si on sous-entend que la normalité c’est d’être bridé avec un teint typiquement asiatique et des cheveux sombres. Dans tous les cas, pour moi c’est ça « être normal ».

Je la regarde un moment s’activer sur son truc, la tête ailleurs, juste assez attentive pour comprendre qu’elle a l’intention de me filmer ou d’enregistrer notre conversation. J’avoue que j’suis assez réticente à la base… mais bon. Si on voit pas vraiment ma tronche après tout pourquoi pas, c’est vrai quoi, c’est pas banal comme délire, et si c’est un coup de va savoir quel gouvernement, autant que les gens soient au courant non ? Au pire je lui laisserais mon adresse mail, comme ça si elle a un message de quelqu’un ayant vécu la même chose je pourrais entrer en contact avec lui et on verra si il y a des similitudes par rapport à nos histoires respectives, ou si on a des points communs ou quoi… enfin j’en sais rien mais bon, je me sentirais surement moins cinglée du coup… peut-être…

Un peu sonnée par toutes les questions qu’elle pose en même temps, je mets un moment avant d’ouvrir la bouche.


- Euuuh… je vais essayer de répondre à tout ça… Du thé s’il te plais, je préfère… et si t’as un truc plus fort comme du saké, de la vodka ou un bon vieux whisky je dis pas non non plus. Sinon oui, ça fait des milliers de kilomètres. Je sais pas exactement à combien c’est Tokyo de… euh… c’est quoi déjà ? Spreenhagen ? Cest ça ?

Je fais une courte pause en attendant une confirmation.

- Dans tous les cas ouais… c’est super loin. Et non, j’ai pas participé à un rituel ou à une autre connerie « magique » du genre, j’suis pas très portée sur ce genre de trucs. Moi mon délire, c’est les ordinateurs, les jeux vidéo et tout ce qui y est plus ou moins relié, c’est tout.

La magie… qu’est-ce qu’il faut pas entendre… sérieusement… séri… euh… quoi que… c’est vrai que c’est chelou comme truc. Mais si je me mets à admettre des trucs comme la magie et tout ce bordel à la sauce sortilèges, sacrifices et autres stupidités, bientôt je verrais des fantômes partout et je me baladerais dans la rue en culotte avec une pancarte « fin du monde » sur la poitrine… j’ai pas d’ambition mais quand même merde…


- Mais pour reprendre tout ça depuis le début, c’est la deuxième fois que je suis envoyée à des milliers de kilomètres de chez moi en une fraction de seconde. La première fois j’étais en train de me faire un bol de ramen, et je me suis retrouvée assise sur le comptoir d’un nightclub en Afrique du Sud… on m’a prise pour une cinglée échappée d’asile, on m’a servi un verre d’eau et j’ai eu le temps de récupérer le numéro du barman avant d’être à nouveau catapultée chez moi, à Tokyo, dans mon appartement. J’ai même envoyé une photo au mec pour lui prouver que j’étais pas siphonnée. J’suis pas certaine qu’il m’ai crue, mais on a discuté un peu sur internet… vite fait.

Je reprends mon souffle. C’est déjà loin d’être banal à vivre, mais alors à raconter… j’ai l’impression d’être aussi tarée que le mec à la peau sombre a paru le penser.

- Et cette fois… ben j’étais chez moi aussi en fait. Je sortais tout juste de la douche en discutant avec mon frère et en répondant à un message sur mon téléphone… et puis je me suis retrouvée dans ton jardin, devant toi. D’ailleurs… c’est pour ça que je suis en serviette hein, c’est pas ma tenue habituelle, je tiens à le préciser.


Ceci dit c’est limite mieux que ma tenue habituelle en fait. Ça fait plus… je sais pas… propre.

- Et je vais surement disparaitre à un moment donné…

Je tripote mon téléphone. J’ai pas de réseau, forcément.


- T’as euh… t’as d’autres questions ?
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeDim 25 Déc - 22:30

« Mh… C’est quand même… » Je secoue doucement la tête, de la droite vers la gauche, pas tout à fait certaine de comment formuler ça sans paraître cinglée, ou même insultante. C’était un numéro d’équilibriste assez complexe, de parler d’occulte sans affoler un interlocuteur visiblement sceptique, et j’étais loin de le maîtriser à la perfection. D’une manière générale, mon enthousiasme me perdait souvent. « Enfin, un truc pareil, ça ne peut qu’être… paranormal… »

Elle n’a visiblement pas l’air convaincue, aussi je ne m’attarde pas, la laissant finir son récit en paix. Je prendrais bien des notes, mais mon carnet est resté au fond de mon sac, et puis de toute manière j’aurais le son de la vidéo à retranscrire en cas de besoin.

Pour occuper un peu mon silence attentif, et m’empêcher de la dévisager trop longtemps, ou trop intensément, comme un enfant devant un magasin de confiseries, je me décide à préparer le thé. Je dévisse le couvercle métallique de la petite boîte, libérant dans la pièce un très discret arôme de jasmin, et j’en transvase une bonne cuiller dans le filtre de la théière.
Comme l’eau commence à siffler bruyamment dans la bouilloire électrique, je me lève, tout en continuant d’écouter son récit, et passe machinalement le thé dans la colonne de vapeur, pour permettre à l’humidité d’en déplier un peu les feuilles. Puis je ramène le tout au niveau de la petite table, et les combine avec un geste sûr, installé là par des années de répétition et d’habitudes, versant l’eau chaude sur le thé avant de reposer le couvercle sur la théière.

« Disparaître… ? » Le mot me fait tiquer, et je relève les yeux dans sa direction. « Genre, retourner chez toi ? » Le bout de mes ongles cliquète sur la porcelaine peinte, tandis que j’assimile cette éventualité, une pointe de contrariété au fond de l’estomac. « C’était aussi rapide que ça ? »

Je ne sais pas vraiment pourquoi, où même ce qui m’a fait m’attacher si vite à son histoire, mais j’espérais qu’elle resterait… un moment. Ou un peu plus. Assez longtemps pour qu’on ait vraiment le temps d’échanger. De comprendre…
Peut-être est-ce l’enthousiasme que m’inspire souvent ce genre d’histoire, et l’affolement d’en rencontrer un « en vrai ». Peut-être, simplement, que son histoire renvoyait à la mienne, et celle d’Aminata, et qu’il était toujours bon de rencontrer quelqu’un qui partageait son propre vécu.

Même si, visiblement, pour la jeune femme, ce vécu était beaucoup plus proche, et nouveau, et mystérieux, que le mien, où celui de ma petite danoise.

L’espace d’un instant, me revient en mémoire mes propres déboires avec le paranormal, et la confusion qui régnait en moi lorsque ses premiers revers s’étaient manifestés. Aussitôt, une flammèche d’empathie se met à crépiter au fond de ma poitrine.

« Tu dois être sacrément secouée… »

Moi, je me souviens que je l’étais.

Vérifiant l’heure sur l’écran de mon téléphone portable, je retire le filtre de la théière, avec délicatesse, et vient le déposer sur une petite assiette avant de servir nos tasses. J’en pousse une dans sa direction, et lui désigne, d’un geste de l’index, le petit sucrier en terre cuite qui trône, solitaire, dans le coin du plateau.

« Tiens, le sucre est là. Et… hm. Si tu veux, ma grand-mère doit avoir une bouteille de futsushu. Elle en met dans son thé, avec du citron vert. Moi j’aime pas trop ça. Mais je vais t’en chercher, si tu veux, euh... »

Alors que je me relève sur mes guibolles, prête à courir jusqu’au buffet pour aller lui chercher la bouteille d’Ancient Mountain que ma grand-mère gardait toujours pour les longues soirées d’hiver, où les invités, une chose essentielle me frappe de plein fouet. Je me décompose doucement.

« Oh… Fûte, désolée, je… je t’ai même pas demandé ton nom… »


Dernière édition par Yoko Ogawa le Mer 1 Fév - 23:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeMer 1 Fév - 20:59

En tout cas cette fille à l’air d’être vachement plus à l’aise avec ma situation que moi… non seulement ça l’intéresse, mais elle a l’air tellement contente qu’un truc pareil lui arrive, même si elle est seulement un genre de témoins, que ça me rendrait presque triste de lui demander d’arrêter de s’exciter. Je m’abstiens parce que c’est pas très poli c’est tout… elle m’a donné de quoi me réchauffer après tout, autant rester polie. De toute façon quand j’ai été téléportée (je ne vois pas comment nommer ça autrement) chez Aloïs ça a duré quelque chose comme vingt ou vingt-cinq minutes… peut-être un peu plus… du coup je suppose que je ne vais pas rester là bien longtemps.

- Disparaître oui… enfin je crois, Aloïs ne m’a pas parlé d’image résiduelle ou quoi quand je suis réapparue chez-moi après avoir fait un passage éclair en Afrique du Sud. J’pense que j’ai dû rester là-bas environ une demi-heure… peut-être un peu moins.

Je réussi à lui adresser un petit sourire.


- Sois pas déçue comme ça, j’suis vraiment chiante comme fille tu sais, t’en auras vite marre de moi si cette histoire s’éternise.

J’espère que non… j’ai rien contre cette fille, mais je préfèrerais largement être chez-moi, oublier ces deux évènements chelous, aire semblant d’être heureuse et continuer à vivre cette vie dépourvue de sens… ou crever. Ouais, crever c’est bien aussi… plus reposant. Mais pas question que je clamse en Allemagne, Nii-chan serait foutu de passer sa vie entière à me rechercher…

J'attrape un petit bout de papier qui traine et un crayon, et je note mon adresse mail, mon numéro de téléphone portable et mon adresse postale.

- Tiens, j'te laisse ça au cas où je disparaitrais avant la fin de la discussion... ou alors pour si t'as envie de me parler un jour. Ou pour si jamais tu débarque au Japon et que t'as envie de passer me voir, bref... voilà.

Je me contente de hausser les épaules quand elle commence à compatir. Ouais j’suis secouée, forcément, mais je pense que l’admettre rendrait ma situation encore plus pathétique. Et puis je tilte un truc… c’est trop facile. Non seulement elle me croit avec une simplicité hors du commun, mais en plus elle boit mes paroles comme si elles la rassuraient quelque part. Elle n’a pas l’air d’avoir vécu la même chose pourtant vu qu’elle pose toutes ces questions… peut-être autre chose tout aussi… bizarre ? Du coup ça devient intéressant… y’a peut-être pas qu’à moi que les merdes du genre «magiques et impossibles» arrivent…

Je sucre mon thé et hoche la tête quand elle me propose le futsushu de sa mamie. Un bon petit remontant me fera un bien fou, j’en suis certaine. Et puis cette fille est une véritable pile électrique, on dirait qu’elle est montée sur ressorts… Je cligne des yeux bêtement quand elle fait remarquer qu’elle n’a pas demandé mon nom. C’est vrai… en même temps je ne me suis pas présentée… le choc sans doutes. Les bonnes manières qu’on m’a enseignées refont surface et je me redresse d’un bond à mon tour.


- Ah ! C’est vrai, désolée c’est ma faute ! Kurosaki. Kurosaki Hiyori… enchantée de faire ta connaissance !

Et je m’incline devant elle comme le veut la tradition. Pas à fond, je suis pas en train de m’excuser à balle non plus… mais bon quand même. Et dire que les japonais sont connus pour leur légendaire politesse… pff… Quand je relève la tête, j’ai les sourcils légèrement froncés.

- Au fait… je me demandais… tu… t’aurais pas vécu un truc bizarre comme ça toi aussi ? Pas la même chose hein… mais un truc bizarre…
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeJeu 2 Fév - 12:35

Je réponds à son salut sans réfléchir, m’inclinant doucement, les doigts toujours serrés sur le papier qu’elle venait de me donner. Ma voix se teinte d’une drôle de formalité, quelque part entre la timidité et l’envie de faire la meilleure impression possible, mais mon sourire garde ce petit éclat de malice enfantine qui me caractérise si bien, alors que je me présente à mon tour.

« Moi c’est Yoko. Ogawa. Hm… »  Mon pied se traîne nerveusement par terre, sans que je sache vraiment expliquer pourquoi je suis soudain si embarrassée. Peut-être est-ce parce qu’on s’est levées toutes les deux, et qu’on se fait à présent face comme si elle venait de m’accueillir pour un entretien d’embauche, sans que je sache très bien comment lui proposer de se rasseoir. Ou peut-être que ce n’est là qu’un autre de mes accès maladifs de timidité. « A-alors je reviens tout de suite, d’accord ? »

L’un dans l’autre, la fuite reste une solution comme une autre, pas vrai ?

Je trottine jusqu’à un vieux buffet en bois à la patine inégale, devant lequel je m’accroupis pour le fouiller. A l’intérieur, toute un attroupement de bouteilles m’attendent au garde à vous, rangées là avec zèle par les vieilles mains de ma grand-mère. Il n’est plus fermé à clef, fort heureusement. Depuis que papi est parti, ce n’est plus vraiment la peine, et de toute façon je ne suis pas moi-même une buveuse très enthousiaste, alors le précieux trésor alcoolisé ne craint plus grand-chose. Je parviens tout de même à dénicher assez facilement la jolie bouteille d’Ancient Mountain, avec son verre ambré et sa grosse étiquette dorée. Je l’extirpe, d’une main experte, des rangs de ses camarades, qui tentent de la protéger comme ils le peuvent en interposant leurs petits corps grelottants, mais leur vaillance est vaine. Je repars avec mon trophée, refermant le buffet avec mon pied, et le dépose sur la table, juste à côté de la tasse d’Hiyori – qui s’est à nouveau assise, pour mon plus grand soulagement.
Je file ensuite à la cuisine, récupérer un petit flacon de jus de citron vert, dans la porte du frigo, pour le rapporter au salon.

« Tiens, voilà. J’espère que ça ira. »

Je souris timidement, me réinstallant à ma place, lissant distraitement le petit papier qu’elle m’avait donné entre mes doigts, pour les occuper le temps que mon thé refroidisse un peu.

La question avec laquelle elle m’accueille me laisse un peu perplexe, en revanche, et je cligne lentement des yeux. Mon cerveau, éparpillé sur trois ou quatre fils de pensée différents, se met à paniquer subitement, et le pauvre morceau de papier se froisse entre mes deux mains, que je rapproche de ma poitrine, embarrassée.

« Euhm… Bah c’est compliqué… »

Ah, ça, pour être compliqué, ça l’est bel et bien. Et de beaucoup de façon.

C’est compliqué, d’abord, parce que c’est personnel, et que ça touche à des parties de ma vie que je n’ai pas spécialement envie de dévoiler à qui que ce soit. Ensuite, c’est compliqué parce que mon pouvoir, ou mon affliction, selon l’angle par lequel on regarde ça, est encore très obscur, pour moi, dans ses détails, et ses manifestations. Je n’ai pas encore tout à fait réussi à en déterminer les enjeux, ni même pourquoi il ne fonctionne que sur certaines personnes, et ce malgré le fait que j’aie pratiquement grandi avec. Et enfin… c’est compliqué parce qu’à l’exception d’Aminata…

Les dernières personnes à qui j’ai tenté d’en parler n’avaient pas très bien réagi.

Je soupire, passant une main dans mes cheveux, puis j’attrape ma tasse pour y boire une longue gorgée, et me réchauffer l’estomac. Si je devais me lancer là-dedans, il me faudrait au moins ça.

« C’est un truc qui est là depuis longtemps. Genre… genre qui a commencé quand j’étais au collège. Et c’est pas exactement facile à… décrire. Ou même à comprendre. »  Moi-même j’avais longtemps cru qu’il s’agissait de farces, qu’on me faisait, ou même simplement d’un défaut de fonctionnement de mon cerveau. « Aussi il y a le fait que… hm. Bah ça arrive aux gens, autour de moi. Sans qu’ils s’en rendent compte. C’est pas aussi facile à… prouver qu’un déplacement spatial ou… enfin d’autres choses. »

Le bout de mes ongles cliquette nerveusement contre l’émail de ma tasse, alors que mes yeux sont descendus se promener sur le petit paysage encombré du plateau. Serpentant entre la vaisselle, les petits pots de thé et de sucre, et la structure précaire de mon setup vidéo, ils évitent soigneusement de remonter tout de suite se confronter à la réaction d’Hiyori. Bien sûr elle serait plus susceptible de me croire, étant donné ses circonstances, mais…

« Mais c’est là. Et ça peut me rendre la vie vraiment impossible, parfois, ouais. Enfin. »  Je prends une longue inspiration, remarquant qu’elle doit probablement commencer à s’impatienter, en face, et que tout le monde ne supporte pas aussi bien qu’Aminata mes longs préambules nerveux. « Okay, alors voilà. Parfois… quand je suis avec des gens, et ça peut tomber sur n’importe qui, n’importe quand, ils… Tout d’un coup c’est comme s’ils me voyaient plus moi, mais qu’ils voyaient une autre personne. Ou qu’ils m’entendaient dire autre chose que ce que je suis en train de dire. Genre la voisine, par exemple. Elle m’aime pas trop. Elle trouve que je profite de ma grand-mère, et que je devrais trouver du travail, ce genre de choses. »

Je n’ai pas spécialement envie de m’étaler sur cette réalité-là, alors je poursuis, les joues légèrement empourprées.

« Et bah parfois je la croise et elle est persuadée que je suis un petit prodige de l’écriture, et que je fais la fierté de ma famille en suivant les traces de mon grand-père, et… puis ça s’arrête, et elle recommence à me grogner dessus. »

C’est une brave femme, Katya. Qui a beaucoup travaillé pour tenir sa ferme, et qui travaille encore plus, maintenant que son mari a des problèmes de dos, et que ses fils sont partis à la ville au lieu de reprendre le flambeau. Elle a un apprenti un peu mou du genou, sur lequel elle peste jour après jour, et je pense qu’elle doit reporter sur moi un mélange de jalousie et de déception filiale. En tout cas… C’est bien probablement chez elle que la métamorphose est la plus spectaculaire, lorsqu’elle se produit, alors je suis assez contente de mon exemple.

« Avant, c’était très rare que ça se produise. Maintenant… Maintenant c’est presque tous les jours. Et parfois c’est bête, et presque marrant, mais parfois… Parfois des gens se mettent à me détester sans raison ou… Enfin c’est comme si, en se promenant dans la rue, n’importe qui pouvait se mettre à péter les plombs sans que tu puisses le prédire. La seule personne sur qui ça ne l’a jamais fait, c’est mon amie, Aminata. Mais elle habite loin… Tout ça, même en habitant ici, où il n’y a presque personne… c’est fatiguant. »

Je relève doucement mes yeux vers elle, en portant ma tasse au bord de mes lèvres, avant de réaliser quelque chose de proprement embarrassant.

Je viens vraiment de me plaindre de mes petits problèmes à une fille qui serait peut-être, si la chose dont elle était plus ou moins victime s’avérait être aussi imprévisible et permanente que la mienne, condamnée à se faire balader par des courants hasardeux un peu partout sur la surface de la planète ? Mes sourcils se froncent doucement, et mes joues deviennent aussitôt écarlates.

Je suis vraiment conne, par moments…

« M-mais, enfin. Pas aussi fatiguant que… la téléportation, ça j’admets que… C’est pas trop difficile ? Pour… enfin ta vie, ou ton travail, euh… »
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeSam 11 Fév - 19:24

J’écoute ce qu’elle me raconte sans broncher. J’ai l’air surprise, c’est normal… ça sort de l’ordinaire quand même, mais j’avoue ne pas être choquée non plus. Après tout ce qui m’est arrivé ces derniers temps, je pense que je n’aurais plus le luxe de recevoir un choc après avoir entendu quelque chose de bizarre… mais du coup je comprends mieux. Un truc hyper chelou vient de lui tomber sur le coin de la gueule, moi… si j’étais elle et qu’il m’était arrivé ce qu’elle vient de me raconter, moi aussi je m’accrocherais à quelque chose d’encore plus space histoire de pas avoir l’impression d’être complètement cinglée. Je ferais bien pareil… mais comme je l’ai dit, ça ne me choque pas.

- Bah j’en sais trop rien… « fatiguant » c’est pas le mot. Chiant ouais, parce que c’est du grand n’importe quoi, mais c’est pas comme si ça m’épuisait physiquement. Ton truc doit être tout aussi chiant en fait…

T’imagine ? A un moment t’as l’impression que les gens t’adorent, l’instant d’après ils peuvent pas te supporter et dix minutes plus tard t’es une parfaite inconnue… chelou nan ?


- Sincèrement je pense que tu ne devrais pas trop t’inquiéter de ça… c’est bizarre ouais c’est certain, mais visiblement, des trucs bizarres y’en a pas mal non ? J’veux dire… y’a une meuf qui vient d’apparaitre dans ton jardin à moitié à poil quand même, c’est pas rien… On finira bien par avoir une explication nan ?

Je dis plus ça pour la rassurer qu’autre chose parce que j’y crois pas tellement perso. C’est comme quand on voit des vidéos à la con avec des histoires d’ovnis ou de pouvoirs paranormaux… y’a rarement une véritable explication… parfois on te sort des conneries scientifiques pour expliquer que c’était juste un effet d’optique ou un montage photo, j’y croyais à mort avant… maintenant j’en sais trop rien. Mais c’est facile de se dire « ouais c’est truqué » quand c’est pas à soi-même que ça arrive en même temps.

Je me sers un verre de ce qu’elle m’a apporté et me l’enfile cul sec. Aaah ça fait du bien ! J’ai presque l’impression de revivre.


- Et pour en revenir à ta question… non, ça n’a pas apporté de difficultés dans ma vie ou pour mon taff… j’habite avec mon frère dans un petit appart et je bosse au rythme que je veux vu que je le fais de chez-moi. J’en ai parlé à Nii-chan la première fois parce qu’il était là, il m’a crue. Comme on en a pas reparlé depuis je sais pas trop ce qu’il en pense mais c’est pas franchement important, il me croit, c’est la seule chose qui compte pour moi. L’avis des autres je m’en fiche… et puis c’est pas comme si j’avais raconté ça à tout le monde de toute façon.


Oui… si mon frère me croit, alors c’est bon. Après tout, c’est la personne la plus importante de ma vie, on partageait déjà des choses avant de venir au monde… l’utérus de notre mère par exemple, c’est pas rien quand même. C’est la seule personne au monde à qui j’ai sincèrement peur de faire du mal. Le reste de ma famille… bah ça me ferait chier c’est sûr, mais ça m’effraie pas. Le reste du monde je m’en tape… mais mon frère ? Nan. Mon frère c’est sacré.

- Si un jour tu passes par le Japon je te le présenterai, tu verras, il est con mais vraiment sympa… il arrive même à être cool quand il s’y met vraiment.


Je me tais parce que je pourrais passer des heures à dresser la liste des qualités et des défauts de mon frère. Elle le connait pas, ça serait chiant comme discussion pour elle. Comme ça serait relou pour moi qu’elle se mette à se répandre à propos de sa grand-mère, de son pote de maternelle ou de la vieille qu’elle a croisé au coin de la rue y’a deux semaines de ça. On ne vit pas dans le même pays, on ne se serait jamais rencontrées dans ce délire stupide de l’univers qui a subitement décidé de me faire des blagues… en fait, à part le fait que notre vie est en partie régentée par des situation complètement ahurissantes… on a rien en commun. Ah ouais si… nos yeux sont bridés et notre peau tire plus sur le jaune que sur le blanc, le noir ou le rouge. Ouah… tu parles d’un point commun… si on part là-dessus on a ce point en commun avec pas mal de personnes sur cette foutue planète. Je soupire. ‘Tain… pas facile comme journée…
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeVen 24 Fév - 1:20

« Avoir une explication. »

Même avec toute la bonne volonté du monde, la formule me laisse un peu perplexe, et je relève sur elle un regard circonspect. Alors quoi, qu’est-ce qu’elle imaginait, qu’un beau jour une voix allait tomber du ciel pour lui faire un résumé de la situation ? Qu’elle aurait un genre de révélation bouddhiste, ou… qu’un scientifique allait soudainement découvrir le gène de la bizarrerie, et qu’il suffirait ensuite de lire sa thèse ? Ça n’avait pas vraiment de sens.

D’une part, parce que si « explication » il y a, il est à peu près certain qu’elle ne tombera sous le nez de personne. Ensuite, ça me parait véritablement douteux qu’on puisse espérer apporter une solution universelle à tous les mystères de la planète. Le paranormal, c’est une mer vaste, et trouble, ballottée de courants contraires, d’effets antagonistes, et, probablement, d’origines multiples et complexes.
S’il suffisait d’attendre une explication comme on attend qu’on nous relise un extrait du livret des règles dans une partie de Monopoly, en plus de deux mille ans de bizarreries, vous pensez bien que quelqu’un aurait fini par tomber dessus.

Son problème, par exemple, et le mien, n’ont en commun que le fait d’être étranges, et d’impliquer des forces et des phénomènes qui échappent autant à nos sens qu’à notre contrôle. Mais il faudrait être vraiment naïf pour s’imaginer que sous prétexte que l’on trouve l’un et l’autre tout aussi bizarres, c’est l’indice que les deux phénomènes sont liés à une même cause, régis par les mêmes principes…

Ou qu’ils peuvent susciter une même… explication.

Et là encore, je ne prends même pas en considération les pouvoirs d’Aminata. Les notions même de magie, de manifestations surnaturelles, de phénomènes inexpliqués. Il y a un sens, une logique, une classification, même, peut-être, à ces choses-là. Elles échappent à nos sens – et, dans la grande majorité, à notre compréhension – certes, mais ça ne signifie pas qu’elles sont inexistantes, ou qu’il n’est pas fondamentalement important de s’y intéresser…

Simplement accepter les choses avec un haussement d’épaules, et vivre en attendant qu’un genre de MJ de l’univers descende de son trône pour te livrer la solution aux mystères de ton existence, ça me parait…

Incroyablement triste et désolant.

Comment peut-on se trouver aux premières loges d’un phénomène aussi fascinant, terrifiant, complexe et, oh, si incroyablement tangible de surnaturel, et juste… ne pas s’en faire… ?

Il n’y a pas grand-chose, qui m’inspire ou me motive dans cette vie, et ça a toujours été un des plus grands fléaux de mon existence. Ça a hanté mes décisions, rendu mon regard sur l’avenir lourd et incertain, raccourci mes nuits, parfois, et mené mes tentatives universitaires sur une longue série de voies sans issues. Mais la curiosité…
La curiosité c’est tout ce qui est véritablement capable de me pousser en avant. De mettre mon courage, mon envie d’avancer et ma motivation quotidienne en route. De m’aider à supporter l’idée de vivre toute une vie sans jamais être capable d’avoir confiance dans les réactions d’un autre être humain.
Forcément, de voir quelqu’un en être à ce point dépourvu… Je n’y peux rien ; ça m’attriste profondément.

Hiyori, elle, profite de mon silence pour le remplir en papillonnant joyeusement autour d’une description de son grand-frère, de qui elle semble être très proche, et dont le portrait parvient presque à m’arracher un petit sourire timide. Je ne sais pas trop par quel bout prendre cette transition, me demandant si elle est censée compléter ses propos précédents, ou achever de me convaincre que tout ira bien, qu’il suffit de ne pas s’inquiéter. Ou peut-être simplement qu’elle veut partager avec moi sa joie d’avoir une famille si compréhensive, là-bas, chez elle.

Dessinant un sourire maladroit sur mes lèvres, je hoche doucement la tête.

« Ouais… C’est chouette que ton frère te croie…  »

Il y a peut-être un soupçon de jalousie, dans ma voix, et je sens que j’en culpabiliserai probablement très fort un peu plus tard, lorsque je repenserais à cette conversation, dans mon lit, ce soir, ou bien en éditant les fichiers vidéo pour essayer d’en tirer de quoi faire un vlog acceptable, mais tant pis. C’est un de ces moments où je n’ai pas très envie de policer mon cœur. Aminata dit que ce n’est pas très bon, de toute façon, de laisser les sentiments mariner au fond de nous.

« Moi… Haha. Non moi c’est pas vraiment ça. Et hm…  » Mes joues s’empourprent brusquement. « Ecoutes, enfin c’est très gentil, ton invitation, mais…  »

Mais, comme pour chaque inconnue que je fais rentrer dans l’équation de ma vie, son frère reste pour moi tout autant le potentiel d’une très charmante rencontre, où d’une expérience beaucoup plus désagréable. Quelqu’un dont je ne pourrais pas prévoir les réactions, peu importe à quel point elle m’expliquait qu’il était cool et sympa. Quelqu’un dont il fallait que je m’inquiète de la présence, et des actions, tout cela en plus de ma timidité naturelle. Un exemple de plus parmi tout ce qui faisait que je ne pouvais pas simplement vivre mon problème comme elle le faisait avec le sien.

Je me tortille un peu sur mon coin de canapé.

« Tu vois moi je peux pas juste… Ne pas m’en faire. Ou ne pas prendre en compte l’avis des autres. C’est bien, si t’y arrives, si tu peux… haha…  »

Je sens le picotement familier des larmes venir me chatouiller, sous les paupières, et je prend une inspiration un peu plus brusque que les précédentes, en me crispant doucement sur ma chaise. Ce n’est vraiment pas le moment de me mettre à chouiner, pourtant, alors je pince mes lèvres l’une contre l’autre, et je serre très fort, en essayant de contenir la vague d’émotion qui voudrait bien venir déborder jusque dans ma gorge et dans mes yeux.

Non, non non.

J’avais ma dignité, enfin quoi, mince ! Allez, inspiration, expiration… et on y retourne.

« J’suis contente. Pour toi. C’est vrai. Mais…  »

D’un regard, j’avise la bouteille de futsuchu, qui m’apparait alors comme le saint Graal à un chevalier en profond désarroi. Je ne suis pas vraiment quelqu’un qui boit, d’ordinaire, ou même qui tient l’alcool, mais il y a quelque chose de si humiliant dans l’idée de me mettre à fondre en larmes de jalousie devant une parfaite inconnue, pour quelque chose d’aussi bête, que l’idée m’apparaît comme une solution acceptable. D’un geste décidé, je lance ma main qui vient s’enrouler autour de la bouteille, et en porte le goulot jusqu’à mes lèvres. Je laisse une longue gorgée couler dans ma gorge, en la brûlant aussitôt sur son passage, et il n’en faut pas plus pour que sur mon visage l’émotion se transforme en douleur. Je grimace, et repose maladroitement la bouteille sur la table basse, aussitôt prise d’une terrible quinte de toux.

Moi qui avait voulu m’éviter l’humiliation…

Il me faut une bonne minute pour retrouver le contrôle de mes voies respiratoires, et je sens que sur son canapé, Hiyori, elle, doit être bien perdue, face à mon spectacle. D’une voix timide, encore un peu rauque du passage de l’alcool, je tente de me justifier avec un petit sourire.

« Pardon. J’avais, hm… J’avais très soif, alors…  »

Je sens la chaleur de l’alcool se lover au fond de mon ventre comme un chat paresseux, et d’instinct je sais déjà dire que dans une bonne demi-heure, ma petite pitrerie me coûtera l’agilité de mes jambes. Elles deviendront lourdes comme de la pierre, et moi je rirai comme une baleine au moindre éternuement de chien, ou bien alors je ronflerai sur le canapé comme le plus heureux des bonzes.
En plus, je suis bien consciente de n’avoir absolument pas fait illusion, alors peut-être bien que je serais doublement ridicule, dans cette histoire.

« Tout ça pour dire… que ce n’est pas quelque chose que tout le monde peut juste… accepter sans broncher. Moi… Moi je peux pas. Et… J’avoue que j’espérais…  » Je rougis, à présent, bien que je ne sois pas tout à fait capable de dire si c’est l’embarras ou l’alcool, qui agit. Peut-être bien que c’est un peu des deux. « J’espérais que tu serais quelqu’un… qui s’en préoccuperai un peu plus. Après tout c’est à nous de chercher les réponses, tu crois pas que…  »

Mes lèvres se referment doucement, alors que ses paroles précédentes reviennent résonner dans ma tête. Peut-être que ça n’était pas la peine de m’enflammer, ici et maintenant. La pauvre fille était déjà coincée avec moi, je n’allais pas en plus… quoi, lui faire la morale ? Un bon hôte ne faisait pas la morale à ses invités, pas vrai ? Je manquais décidément à beaucoup de mes devoirs, aujourd’hui…

Je soupire, un peu tristement.

« Hm. Non, ce n’est pas grave. Ce serait nul de ma part de t’en vouloir pour ça alors…  » Je secoue la tête. « Oublies ce que j’ai dit. On peut parler de, euh… A-alors toi tu bosses chez toi, c'est ça ? Tu… Tu fais quoi, tu écris ?  »
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeMer 26 Avr - 21:44

Brusquement, j’éclate de rire.

C’est en partie nerveux, en partie dû au fait qu’elle s’est presque étouffée en avalant un petit peu d’alcool, et en partie aussi parce qu’elle s’en veut de m’en vouloir pour un truc qui me dépasse complètement… alors qu’elle a raison au fond, c’est juste que je ne réfléchis plus aux trucs que je devrais pouvoir essayer de changer moi-même depuis bien longtemps. Alors qu’elle, le simple fait de se rendre compte que quelqu’un se fiche facilement du reste du monde alors qu’elle en a une conscience folle la fait presque chialer. J’me gratte la tête… j’ai jamais été douée pour réconforter les autres, c’est plutôt le contraire… la seule phrase qui me vient à l’esprit là maintenant tout de suite c’est « t’inquiète, quand tu seras morte plus personne pensera à toi de toute façon ». Moi ça me réconforte… elle j’suis pas sûre. Je me lève, oubliant qu’elle me filme, et me laisse tomber à côté d’elle pour tapoter son épaule. Je vois pas quoi faire d’autre.


- T’inquiète, quand tu seras…

Oups. Je m’arrête juste à temps.


- Euh… habituée. Ouais voilà… habituée… ça ira mieux.

J’ai eu chaud. Si j’avais vraiment dit ce que je voulais dire, j’aurais probablement dû étancher un flot de larmes, et c’est vraiment pas mon truc.

- Je veux dire... là maintenant ça va pas, tu te sens mal, t’es super timide et ton… euh… pouvoir ? Enfin ton truc là te fait une vie impossible… mais je suis sûre que ça va aller mieux un jour.


Tu parles… la vie ça va jamais mieux, ça t’enfonce dans la merde et ça te regarde te noyer en se gondolant de rire…

- Peut-être même que c’est ce truc là qui va tout changer, et en bien… imagine que tu puisses le contrôler ? Moi c’est pareil, imagine qu’un jour je sois capable de me téléporter ou je veux quand je veux hein ? Ça serait trop classe non ? Ben pour toi c’est pareil. Si ça se trouve, un jour tu vas venir me voir avec un sourire jusqu’aux oreilles pour me dire que ta vie est plus brillante qu’un soleil d’été.

Mon cul ouais… elle va ramer sa race toute sa vie. Les gens aussi timides changent rarement. Je connaissais deux filles ultra timides quand j’étais gamine. Une des deux s’est pendue dans sa chambre, l’autre est devenue une espèce de pute à la peau bronzée, aux cheveux blonds platine et qui suce tout ce qui lui donne l’impression d’exister sans y prendre le moindre plaisir. Je lui souhaite aucun des deux, au contraire, elle a l’air gentille et je l’aime bien même si je ne la connais pas… mais le bonheur, c’est une illusion créée par la société pour nous faire croire qu’on peut devenir quelqu’un… alors qu’en fait non.

- Et puis t’as raison, je devrais m’en inquiéter et tout ça, je sais qu’t’as raison… mais j’y arrive plus depuis longtemps. Payer mes factures, sourire à mon frère, sortir le moins possible de mon appart, voir même de mon lit… c’est ça mes préoccupations prioritaires. Quand je m’inquiète du reste j’vais toujours beaucoup plus mal, et ça rend mon frère triste.

Là je suis gênée… je raconte des trucs super persos à une fille que je connais depuis 20 minutes. Tant pis. N’importe quoi du moment que ça lui remonte le moral.

- En fait c’est probablement la seule chose qui compte encore réellement pour moi… ne pas le rendre triste… Bref… si t’y tiens et que tu te lances dans des recherches, je veux bien t’aider… c’est pas comme si j’avais un emploi du temps hyper chargé de toute façon et c’est vrai que ça m’intrigue… mais je me lancerai jamais là-dedans toute seule alors… avec toi pourquoi pas. T’en dis quoi ? T’es un peu rassurée ?

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Yoko Ogawa


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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeVen 19 Mai - 1:31

« Habituée… »

Je lève sur elle un drôle de regard. Habituée, hm ? Très honnêtement, et malgré l’optimisme général dont j’aime m’entourer, je doute fort que ça se produise un jour. On parle d’un phénomène qui me poursuit depuis quoi… Six ? Sept ans ? Et j’ai l’impression que je ne m’y ferais jamais tout à fait vraiment. J’ai accepté la présence de mes pouvoirs il y a longtemps. Je me suis faite à l’idée qu’ils faisaient partie de moi. Qu’ils seraient toujours là, et que je construirais ma vie autour d’eux, du mieux que je le pourrais. J’ai même réussi à trouver un peu de réconfort et d’émerveillement en explorant le monde dont leur existence m’a ouvert les portes.

Mais de là à me dire que je m’étais habituée…

Pour l’instant, je ne construis pas grand-chose dans ma vie, que ce soit avec ou autour de mes pouvoirs. J’ai arrêté de m’acharner dans une voix qui ne me convenait pas, et dans laquelle ils m’auraient clairement causé beaucoup trop de problèmes, de toute façon. C’est déjà un pas. J’ai ouvert ma chaîne Youtube. C’en est un autre. Mais il en reste des milliers et des milliers à faire, et même avec toute la pensée positive du monde, il est impossible de tout à fait oublier que chacun d’entre eux pourrait me prendre par surprise, et me faire trébucher.

Une vie où j’aurais véritablement fait quelque chose de tout ça, bien que j’y rêvasse de temps à autre, ça me parait encore bien lointain et incompréhensible.

« Oui, tu as peut-être raison… »  Parce que dans l’absolu, oui. Evidemment. Ce sont les moyens d’accéder à tout ça qui me laissent un peu sur le carreau. L’imprévisible comment, les choses à mettre en œuvre, et puis, bien évidemment, les probabilités de mon succès, aussi. Je soupire, luttant pour ne pas avoir l’air parfaitement perdue au milieu de toutes ces idées inaccessibles qu’on me lance aimablement à la figure. « Je sais pas trop ce que je pourrais en faire, de ce pouvoir, si j’le maîtrise un jour, parce que… bon. »

Et ça c’est encore toute une autre histoire.

« Mais au moins j’aurais plus de mauvaises surprises. Ça sera moins… hm. Effrayant ? »

Bien sûr, je n’ai pas l’audace de prétendre que mes pouvoirs résument la totalité de ce qui ne va pas dans ma vie actuellement. Je ne me cache pas derrière eux pour nier ma difficulté à trouver ma voie, ma place, dans un monde qui a tendance à aller un peu trop vite pour moi. Ni même mon manque de courage, parfois, pour les tâches qui ne me passionnent pas. Encore moins la bataille constante que je dois mener avec ma propre estime de moi, pour continuer à me croire capable d’accomplir quelque chose. Mes pouvoirs ont contribué, çà et là, à rendre ma vie plus compliquée, mais ils sont loin d’être les seuls responsables.

Je suis à une époque de ma vie où j’ai encore beaucoup de mal à me positionner sur des questions fondamentales et pourtant essentielles. L’avenir me fait l’effet d’une cage d’escalier plongée dans la pénombre, où chaque marche fait l’effet d’une courte chute dans le vide, et dont je continue à me demander si je vais aimer ce que je vais trouver dans ma descente. Ou ce que je peux faire pour m’en assurer un peu mieux. Dans cette métaphore, mon pouvoir représente probablement la certitude silencieuse que certaines des pierres qui composent mon escalier ont des chances d’être légèrement descellées, ou glissantes ; pas assez préoccupante pour me décider à abandonner ma descente, mais suffisamment tout de même pour me faire hésiter une microseconde à chaque pas.
Si je pouvais un jour être capable de discerner les marches traîtresses, alors ce ne serait qu’un facteur parmi d’autres – et pourtant d’une importance suffisante pour être célébrée – qui redonnerait de la confiance à mon pas.

Quelque part, aussi, en y réfléchissant bien, la certitude de ne pas être seule à me retrouver sur les marches de cet escalier, injustement plus traître qu’il n’aurait du l’être, voir même que certains parviennent à s’y élancer sans peur, en galopant vers l’inconnu, c’est tout aussi réconfortant. Qui sait, peut-être que c’est ce sentiment là qu’Hiyori tente de te communiquer, à travers ses encouragements un peu bancals ?

Laborieusement, je tente de remettre un peu de bonne volonté dans mon sourire, qui s’est laissé aller pendant ma petite minute de contemplation pensive, et je relève un regard de reconnaissance polie dans sa direction. Elle fait de son mieux, après tout, il serait très malvenu d’insulter cet effort-là.

« En tout cas c’est gentil, je… »  Mon regard traîne jusqu’au morceau de papier – un napperon, en fait, qui traînait sur le plateau – et sur lequel je retrouve les coordonnées que la jeune femme a inscrit à mon attention. Entre les petits trous du motif, un mélange de chiffres, de lettres et de kanjis forme des rangs d’oignons, comme autant de soldats prêts à me défendre contre l’incrédulité du monde. Ce papier, finalement, c’est un rempart de plus à la trouille fondamentale qui taraude toute personne affectée par le paranormal : la peur de ne jamais être cru. De n’être qu’un fou de plus, enfermé tout seul dans les profondeurs de sa perception défaillante. Ce papier, c’est une preuve de plus, un doudou qui console et qui dit « Au moins, tu n’es pas toute seule ».

Et ça, plus que tous les discours maladroits qu’Hiyori pourrait m’adresser c’est très précieux.

« Merci. »  

Je ne suis pas tout à fait certaine de savoir quelle aide pourra m’apporter quelqu’un qui n’a pas l’air vraiment convaincu des mêmes choses que moi, concernant l’origine de ce qui nous arrives à toutes les deux, mais mon grand-père disait toujours que le point le plus essentiel à tout travail d’investigation résidait dans la diversité des sources et des angles d’approche. Et son expérience du phénomène, même interprétée différemment, reste toute aussi valide et intéressante à explorer que celle d’Aminata ou de la mienne. Surtout si, comme elle le disait, la chose était pour elle toute récente.
M’armant d’une petite moue déterminée, je hoche la tête aussi fermement que je peux.

« Déjà je monterais quelque chose avec ce que j’aurais filmé ce soir. Et puis… Pour ce qui est de faire des recherches… J’ai pas énormément de documentation sur les déplacements spatiaux, jusque-là je m’intéressait plus à… ce qui m’arrive. Mais j’ai un ou deux bouquins en tête où ça pourrait être abordé. Je suis pas… »

Mes joues se colorent brusquement, alors que je réalise qu’Hiyori parlait probablement de « recherches » d’un genre un peu plus… sérieux et scientifiques. Un drôle de sentiment d’illégitimité se met à enfler dans le fond de mon estomac, mais je l’étouffe aussitôt dans son œuf, décidée à présent à ne pas me laisser entrainer dans le pessimisme.

« Enfin moi je suis pas une super savante avec des connaissances astronomiques en math ou en physique, mais… Si je peux faire du tri et donner des clefs à quelqu’un qui saura mieux quoi en faire, quelque part, avec mes vidéos, bah c’est déjà une bonne chose. Et si… » Je bombe légèrement le torse, un sourire plus confiant se dessinant au bord de mes lèvres à mesure que je suis ragaillardie par mes propres mots. « Si ça arrive à d'autres gens, sur la planète, plus on en parle, et plus on a des chances de se trouver, je crois. Et c’est… important. Tu crois pas ? Moi c’est ce que j’aimerai faire, à mon niveau. »
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Kurosaki Hiyori


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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitimeMer 17 Jan - 18:44

[Comme j'ai été absente HYPER longtemps, je me contente de boucler ici pour pas t'embêter avec une suite à faire alors que ça date vachement, même pour ton perso... au plaisir d'ouvrir un nouveau sujet avec toi sous peu ! ♥️ ]

Au moment où j'ouvre la bouche pour lui répondre, un peu perdue par la quantité d'informations qu'elle débite à la minute, je me crispe. Une pression dans ma tête, du vent imaginaire qui souffle sur ma nuque... et merde... mes yeux s'écarquillent et je la regarde avec une expression mi-blasée, mi-furieuse... et je disparais brutalement sous ses yeux... Putain de truc à la con !
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MessageSujet: Re: She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen   She lays down [Hiyori] - Foyer Ogawa, Spreenhagen Icon_minitime

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