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 Worst comes to worst [Willie]

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Dimitri Aksyonov


Dimitri Aksyonov

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MessageSujet: Worst comes to worst [Willie]   Worst comes to worst [Willie] Icon_minitimeVen 8 Sep - 22:54

- Hey hey, madame l’agent, vous êtes sûr de vous, je peux pas sortir ?
La policière s’approche des barreaux de nouveau, l’air exaspéré. Elle sait déjà qu’en essayant de parler de loin, je ne comprends rien à ce qu’elle raconte.
- Écoute, déjà tu n’as pas tes papiers sur toi, on ne sait pas qui tu es, et tu refuses de le dire. Donc la moindre des choses, ce serait, comme le nom de la cellule l’indique, de dégriser, et de sortir ensuite, dans quelques heures. Et d’ici là, j’apprécierais que... Tu te taises, ok ?
- Euuuh, ouais, d’accord mademoiselle l’agent. Mais sinon, vous êtes sûr que je ne peux pas sortir ? Je répète sur un air de disque rayé, autant par la dégaine que par la voix, alors que la policière n’a même pas eu le temps de parcourir un seul mètre. L’agent, assez petite, brune, tout à fait charmante, se retourne de nouveau et me lance des yeux inquisiteurs :
- Tu commences à m’agacer ! Quand bien même je voudrais te laisser partir, il faudrait te retenir au moins trois quart d’heure, le temps de te ficher, faire des photos, des empreintes, etc. Et je te rappelle que mon collègue, que tu as insulté tout à l’heure, est bien gentil de ne pas te coller un ‘outrage à agent’.
- Ah! Oui, c’est vrai queuh, c’est tout à fait honorable de sa part. D’autant que les mots ont de loin dépassés ma pensée vous savez... Je marque une courte pause, mon cerveau peine à réfléchir à plein de choses à la fois, et je reprends : Sinon, j’ai un peu froid, vous auriez pas retrouvé mon chapeau, et vous auriez pas un pantalon en rab’ ?
- Tu m’as l’air bien gentil, mais faudrait pas exagérer, je ne sais pas de quel chapeau tu parles, et à toi plutôt de te demander pourquoi on t’a trouvé en caleçon. Elle se moque, portant un regard appuyé sur mes guibolles nues, en s’éloignant.
- Ca oui... J’ai pas encore trouvé pourquoi... Exagérément dépité, je pose mon front contre les barreaux de la cellule et me demande, le plus sérieux du monde, non pas pourquoi mon caleçon est rose, mais à quel moment j’ai pu perdre mon pantalon.

C’est seulement grâce aux barreaux de la cellule de dégrisement que je tiens debout. Ce qu’il reste sur moi, hormis le pantalon qui manque à l’appel, une chemise marron, imprimée d’arabesque, ouverte sur ma poitrine, un bracelet hors de prix au poignet, couleur acier et doré, un caleçon rose à motifs et, par je-ne-sais-quel miracle, des bottines chukka en cuir, qui n’avait vraisemblablement pas empêché que le pantalon ne s’en aille. Au bout du couloir, j’essaie vaguement de distinguer dans quels sens se trouvent les aiguilles dans la pendule. Après une bonne minute de réflexion intense et pénible, j’en conclue qu’il doit être dans les deux heures trente. Quelque chose comme ça. Ah, il est étonnement tôt, comment j’ai déjà pu, à cette heure-ci, perdre mon pantalon et me retrouver au poste dans la foulée... D’habitude c’est plus vers le petit matin... Je ferme les yeux et soupire profondément. Rah, qu’ai-je fait pour mériter ça, j’ai juste un peu profité de la soirée, c’est tout... Et il a fallu que des agents passent, et n’apprécient pas le ton sur lequel je leur ai parlé. Pourtant j’ai un grand respect pour les forces de l’ordre, un très grand -d’autant plus grand quand ils sont loin.
J’entends des pas qui résonnent pitoyablement dans ma tête et dans le couloir. L’estime que j’ai pour les forces de l’ordre grandit un peu, l’agent s’approche, un pantalon en main, elle me le tend, et la joie béate qu’il peut lire dans mes yeux vaut sans doute pour lui comme tous les remerciements du monde.

- Tiens, c’est pour toi. C’est ma tenue de change, mais vu ton gabarit je pense qu’il t’ira autant qu’à moi.
- Merci.

Le pantalon est bleu marine, sobre, je saurai m’en contenter. Je la remercie encore par un sourire éloquent. Ce pantalon n’a pas les bandes blanches que certains uniformes peuvent avoir, ça me va. Ça aurait bien trop juré avec les motifs de ma chemise. L’agent s’en va de nouveau. J’ai presque envie de lui glisser un « à plus tard » moqueur, mais je me reviens de justesse, ce serait malvenu. Dans une lutte acharnée avec mon équilibre, j’arrive à enfiler le pantalon. Dans cette gymnastique, embrumée d’alcool, mon cerveau me semble lourd et tourne et tourne encore. Je m’adosse contre un mur et ferme les yeux, je souffle un coup sec, et inspire fortement.
Une bourrasque de vent et de klaxon me happe la respiration de plein fouet et manque de me faire tomber en arrière. Le mur a disparu derrière moi. Et dans une incompréhension absolue, je vois un camion s’en aller à toute vitesse, réalisant longuement après qu’il a manqué de m’écraser. Par réflexe, je me mets sur le bas côté, frappant l’asphalte à chacun de mes pas, comme pour tâter de la réalité où je me trouve. La brutalité de l’événement à réussi à dissoudre les vapeurs qui restaient dans ma cervelle, mais l’a remplacé par un engourdissement tout autre. Je reste ébahi devant cette grande route en deux fois deux voies, séparées par un terre plein d’herbe sèche. Il y a, au delà d’elle, rien, si ce n’est une vaste plaine désertique, parsemée de rares arbustes défraîchis. J’ai chaud, le soleil frappe. Un instant encore, il devait faire 18°C dans la cellule, il me semble ici qu’il en fait bien dix de plus. Le soleil n'est pas bien haut dans le ciel, ça ressemble à une fin d'après-midi.
Je regarde partout, je fouille mes poches, dans l’espoir saugrenu d’y trouver mon portable, mais comment ce pourrait-il qu’il y soit, ce n’est même pas mon pantalon. Il n’y a, sur la route, aucune indication ; je ne sais absolument pas où mon esprit fatigué et imbibé m’a emmené.

D’habitude les rêves commencent doucement et se finissent brutalement, faut croire que j’ai commencé par la fin. Ce rêve a quand même l’air vachement réel, je me pince le bras. Aïe. Je songe à me jeter sous les roues d’un camion, peut-être que ça me réveillerait. En attendant, je déambule le long de la route, lentement. J’aime les rêves les plus fous, penser à des choses extraordinaire, mais l’ambiance de celui-là, chaud et désertique, ne présage rien de plaisant et ça m’irrite rien que d’y pense. J’ose espérer que l’agent ne va pas tarder à me réveiller. Vagabondant, j’écoute au fond de moi la journée s’effondrer joyeusement comme une falaise.
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Willie Simon


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MessageSujet: Re: Worst comes to worst [Willie]   Worst comes to worst [Willie] Icon_minitimeMer 22 Nov - 1:04

De tous les petits boulots qu’il avait dû prendre, depuis le début de leur grande aventure sur les routes de l’Amérique, celui-ci était probablement le plus insolite. Lorsqu’il s’était présenté devant la gérante de la petite chaîne de pâtisserie, petite annonce en main, pour proposer sa candidature au job de livreur qu’ils semblaient rechercher, le jeune Innu s’attendait à ce qu’on lui confie les clefs d’une camionnette. D’une voiture, à la limite, comme ça lui était arrivé quelque fois… mais certainement pas celle de l’antivol d’un vélo rose pastel…
Pourtant, maintenant que la première semaine un peu rude est officiellement derrière lui, et que les muscles de ses jambes ont pris le temps de se réacclimater à l’effort, Willie s’est découvert un penchant assez doux pour ce petit gagne-pain. Pendant que Tim trime des heures le soir à servir de technicien à tout faire dans les diverses salles de concert de la ville, lui passe ses après-midi à pédaler au milieu des rues ensoleillées de Philadelphie. Le vent lui claque au visage, et ses cheveux, rassemblés en une élégante queue de cheval, et passés dans l’attache de sa casquette, flottent souplement dans son dos. Son uniforme, aux couleurs pastel de la marque, est décoré, en plusieurs endroits, d’un énorme cookie rose et mauve qui lui donne un look de girl scout particulièrement décalé. Pourtant il le porte avec panache, pédalant entre les ombres frissonnantes des arbres de Rittenhouse square, le menton relevé pour mieux apprécier les caresses de la brise estivale. Quelques années en arrière, le code couleur et les motifs injustement genrés lui auraient probablement fait faire une syncope, mais depuis quelques années il avait progressivement fait la paix avec ce genre de choses. Et aujourd’hui, comme en attestent ses épaules ouvertes et son regard confiant, il est suffisamment bien dans sa masculinité pour que celle-ci ne soit plus mise en déroute par une simple casquette.

Il se sent pousser des ailes dans le dos et se dresse sur sa selle pour suivre la route, qui grimpe le long d’une petite colline boisée. Son cœur bat un peu plus fort, au fond de sa poitrine, et il peut sentir ses côtes s’étirer aussi loin qu’elles le peuvent, sous l’intransigeante constriction du binder, mais la caresse du vent sur ses joues rougies le console un peu de son effort, et en un rien de temps le talus est monté. La route contourne prudemment un petit banc de bois, où s’est endormi un voyageur fatigué, puis elle redescend, au milieu des chênes gigantesques, et Willie ferme les yeux quelques secondes, bercé par le craquement de ses pneus dans les gravillons. La vitesse est exquise, et le berce d’un tournis délicieux, qui soulève son estomac et répand quelques fourmis sous sa peau depuis la pointe de ses orteils…

Il ouvre les yeux juste à temps pour apercevoir le sable.

Quelques secondes de lumière jaune et éblouissante, un mur étouffant de chaleur sèche et écrasante, puis son visage finit par percuter le sol à pleine vitesse, et bouche se remplit de poussière. Il roule, désarticulé, comme un pantin dont on aurait tout juste défait les fils d’un grand coup de ciseau rageur, et il peut sentir la carcasse de son vélo passer au dessus de lui, entraînant ses jambes, et tordant son dos dans une position très inconfortable avant de se désolidariser complètement de lui. L’engin continue sa course, en dérapant dans le sable, ou en tout cas c’est ce que Willie s’imagine qu’il fait, en se guidant au son, car pour sa part il ne voit plus rien. Il a les yeux pleins de larmes, la morve au nez, et tout son corps crie à l’assassin tandis qu’il se roule sur le côté, pour y cracher ses poumons. La poussière s’est soulevée en un épais nuage, qui lui emplit les poumons, brûlant tout sur son passage, et le transforme en poisson misérable, s’agitant mollement sur la rive du lac où il était si bien. Il tousse, et crache, et bave essuyant comme il peut sa bouche pleine de terre sur l’épaule de son beau polo tout neuf, et il reste là, parfaitement hagard, pendant le de temps qu’il faut à toute cette tempête sableuse de retourner à sa désertique immobilité.

Putain.

Où est-ce qu’il avait encore atterri… ?


Car oui, ça ne fait plus aucun doute, à présent, et comme il relève ses yeux rouges et confus sur cet environnement si hostile où il est tombé : les arbres et les pelouses verdoyantes de Rittenhouse Square se sont fait la malle. Ou plutôt, c’est lui qui s’est fait la malle. Douloureusement, et tout à fait involontairement, mais de manière parfaitement catégorique. Il a voyagé. Encore. Et s’il devait en juger par les changements de flore et de température, il s’était probablement rapproché de l’équateur, d’une manière ou d’une autre.

« Ostie d’merde… »

Sa voix est faible, et rocailleuse. Cherchant un endroit propre où essuyer, sur ses avants bras, le mélange de salive et de crasses qui lui macule le menton et la joue, il se redresse, et se dépoussière comme il peut, les mains tremblantes. Un grand gong a été sonné entre ses deux oreilles, et le bourdonnement, dans un effet de résonnance avec les os de son crâne, le laisse complètement déséquilibré et misérable dans la crasse du bord de la route.

Ah oui, tiens. Il y a une route.

Il la remarque seulement, clignant des yeux comme un nouveau-né arraché trop vite à son petit nid confortable, et jeté sous les néons aveuglants d’une chambre d’hôpital. Pareil à lui, il se tortille, cherchant à remplir ses poumons d’un air qui ne soit pas trop douloureux, et à comprendre où il a bien pu atterrir. Heureusement aucun docteur ne semble prêt à lui administrer une solide claque sur les fesses. Malheureusement, contrairement au joli bébé que les bras de sa mère finiront par réconforter paisiblement, Willie, lui, est tout seul avec son sable, son vélo, et sa route.

Les minutes passent, dans le silence du désert, et avec elles la confusion du jeune Innu, qui en profite pour se dépoussiérer. Il rassemble ses esprits, son regard ébahi fouillant les alentours avec un mélange d’appréhension et de panique, puis fais quelques pas dans le sable pour aller redresser son vélo et vérifier que rien ne s’y est cassé. Il donne quelques coups de talon sur le cadre, pour le désensabler, puis le traîne à nouveau sur la route pou faire un rapide état des stocks. Une bonne partie de son chargement arrière a été catapulté dans la poussière par la secousse, mais il reste, bien au chaud dans la petite sacoche de toile fixée au guidon, quelques sachets encore intacts, ainsi qu’un petit porte-monnaie aux couleurs de la boîte. Dépité, il abandonne le vélo pour aller à la pêche aux boîtes de cookies, mais seules quelques-unes sont encore intactes. Les autres se sont ouvert et remplies de sable à l’impact.

Rassemblant ce qui peut l’être sur le porte bagage arrière, il enfourche à nouveau son vélo, puis, incapable de trouver une meilleure idée, il l’enfourche, et s’élance à l’assaut de la route.


Le confort de son camion lui manque, et cette stupide route n’en finit pas de s’étirer sous ses roues. Il a chaud, il a soif, et ses jambes commencent à lui faire un peu mal. Le seul indice de civilisation qu’il croise, à part la route, dans cette interminable traversée du désert, c’est un immense panneau d’indication routière, planté aux pieds d’un petit talus rocheux, et qui lui apprend qu’il se trouve sur l’US route 285, au Nouveau Mexique, et que la bifurcation vers Santa Rosa se trouve à environ cinquante miles. Un long et douloureux soupir s’échappe de sa gorge sèche.

« Fais chier… »

Encore sonné par cette révélation – et secrètement soulagé de se savoir un peu moins perdu, à présent – Willie décide de saisir cette occasion pour faire une pause. Il appuie sa bicyclette contre le pied métallique du panneau, s’allume une cigarette, puis il tire d’une main hésitante son téléphone portable de sa poche. Etant donné qu’il était encore sur le territoire américain, il devrait avoir du réseau. Et maintenant qu’il a la confirmation qu’il redoutait…

Il a quelqu’un à contacter.

« Hello hello ! »

La voix de Tim, à l’autre bout du combiné, est encore toute rocailleuse de sa nuit – ou du moins, du sommeil qui l’avait accueilli dans ses bras quand il était rentré de son boulot, au petit matin – et Willie a le cœur qui se serre à l’idée de venir bousculer toute cette paisible ignorance qui l’étreint. Il voudrait le laisser retourner dormir, où le rassurer, lui dire que tout va bien, et que, hey, finalement, non, ce truc très bizarre dont on a parlé la dernière fois ne s’est jamais reproduit, j’ai du rêver…
Il voudrait bien  lui mentir, mais il s’en trouve tout à fait incapable. Il y a trop en jeu, trop de panique, d’incertitudes, d’indécisions, et surtout, surtout, c’est Tim. Il ne peut pas mentir à Tim.

Alors il s’élance.

« Hey… Tim?
- Willie ? Pourquoi tu m’appelles à cette heure-ci ? T’as fini plus tôt ?
- Euh… Non, écoute, il m’arrive un truc… »

Willie a la gorge serrée, et la fumée de la cigarette ne fait absolument rien pour arranger ça.

«  Tu vas bien… ?
- C’est… C’est encore à débattre, ça hm… Je… Tu vois je suis pas tout à fait certain de l’endroit exact, mais je crois que j’ai… C’est encore arrivé. J’ai atterri… j’crois que c’est au nouveau Mexique…
- Pardon… ? »

Tim se tait, un long moment, à l’autre bout de la ligne, et Willie doit s’asseoir, de peur de sentir ses jambes se dérober sous lui. Ça y est. C’est dit. C’est sur la table, pour de bon, et il lui semble qu’il n’a jamais eu aussi peur d’entendre la réaction de son ami à un de ces propos qu’à cet instant précis. Heureusement pour son cœur, le blondinet semble plus confus qu’en colère, pour le moment. Sa voix s’étrangle un peu.

« A-attend, c’est sérieux ? T’étais sérieux… ? Et… Là maintenant… Mais… Comment… et…
- Ecoutes, je… J’en sais rien… Je sais pas ce qui se passe, et avec tout ça je… J’vais jamais pouvoir finir mes livraisons…
- Mec, je crois que tes livraisons c’est le dernier des soucis là…
- Mais j’ai le vélo avec moi, on va perdre la caution, et…
- Willie. Willie Baby. Tu as été… j’en reviens pas que je vais dire ça… t’as été… téléporté à l’autre bout du pays. Par… On sait pas par quoi. Alors écoute moi bien, si c’est vrai…
- C’est vrai, j’te jure, je…
- Si c’est vrai, et, mon pote, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance sur cette terre, mais je suis en train de faire un effort phénoménal pour ne pas laisser mon cerveau tout nier en bloc, si c’est vrai, alors, la caution du vélo, on s’en bat les couilles, d’accord ? »

Il a raison. Bien sûr qu’il a raison. Pourtant le cerveau de Willie voudrait bien continuer à se persuader que son plus gros problème, à cet instant précis, se compose de boîtes de cookies renversées et de patrons mécontents. Tout ça parait délicieusement plus facile à gérer. A régler.

Il prend sa tête dans le creux de sa main, et essuie les petites perles de sueur qui commencent à perler sur son front, malgré la protection de la casquette. Lorsqu’il ouvre à nouveau la bouche ses mots lui paraissent minuscule.

« Je sais pas quoi faire…
- T’as de l’argent sur toi ?
- Euh… Quelques pourboires, l’argent des livraisons. Ça doit pas faire grand-chose, mais ouais, un peu.
- Alors suis la route. Euh… Et fais du stop. Essaie de remonter jusqu’à un endroit où tu pourras attendre quelques jours et hm… Quand tu sauras où tu es, préviens-moi, et je… je viendrai.
- Tu sauras faire autant de route tout seul… ?
- Bah il le faut bien, baby… »

A ce moment très précis, le cœur du jeune innu se gonfle d’un amour sans bornes pour le petit blondinet et sa détermination devant l’inconnu. Tim avait toujours été là pour lui, même aux heures les plus sombres de sa vie, mais là, en quelques phrases, il venait de faire monter la barre si haut que Willie n’en croit pas ses yeux. C’est bien plus de confiance que quiconque devrait être capable d’accorder, et pourtant… Pourtant cet imbécile d’adorable petit blond n’aurait visiblement jamais de cesse de le surprendre.

Au milieu de toute cette inquiétude, un minuscule morceau de sourire déploie ses ailes.

« Fais attention à Marcelina.
- Toi fais attention à tes petites fesses.
- Promis.
- Hé, Willie… ? »

L’intéressé se relève, jetant sa cigarette dans la poussière, en prenant bien garde d’éteindre tout à fait la cendre sous la semelle de sa chaussure. Son regard, lui, se perd un moment dans l’horizon, tandis qu’il exhale ses dernières volutes de fumée avant de répondre.

« Ouais… ?
- Quand je serais là il va falloir qu’on ait… une discussion, à propos de tout ça, okay… ? »

Le reste de la conversation se perd en remerciements, puis après quelques derniers conseils et une promesse solennelle de se donner régulièrement des nouvelles de la situation, Willie consent enfin à raccrocher son téléphone pour en conserver la batterie, et il se remet en route. Il se sent comme une enfant qu’on a forcé à ranger son doudou dans un tiroir, mais il sait que la décision est raisonnable. Il en sait quelque chose : sur ce genre de routes, on peut mettre longtemps avant de tomber sur la civilisation, et même s’il progressait un peu plus vite à vélo qu’à pied, il était tout à fait possible qu’il ne trouve rien avant la nuit.
Sa meilleure chance était encore de prier très fort pour l’apparition d’un second conducteur poids lourd au grand cœur, sensible à la condition des pauvres autostoppeurs. Ça avait bien marché, la dernière fois… pas vrai… ?

A trop regarder derrière lui, pour guetter le camion ou le miracle, il manque presque de dépasser le blondinet qui marche devant lui sans le voir. D’ailleurs, il arrive à sa hauteur à l’instant exact où il tourne la tête, et freine si fort qu’il manque de passer à nouveau par-dessus son vélo. Quelques secondes passent, alors qu’il observe ce drôle de bonhomme au teint pâle et aux cheveux longs, tout autant en sueur que lui sur son bord de route déserte.

« Uh… Bonjour… ? »

Il tente son anglais le plus américain – bien que son accent doive un peu le trahir – incapable, pourtant, de détacher ses yeux du type. Il n’a pas vraiment une dégaine de Sudiste, et l’air tout aussi surpris que lui de sa présence, mais à sa décharge Willie ne se fond pas non plus exactement dans le paysage, avec son vélo rose, et sa petite tenue de livreur assortie. A tout hasard, il lance un ;

« Vous êtes… du coin… ? »

Mais la conviction n’y est pas tout à fait. Dans leurs regards qui se croisent et s’affronte, il y a quelque chose d’un déjà vu très particulier. Bien qu’à cette seconde Willie soit en train de prier pour que l’inconnu s’avère un peu moins exaspérant que la dernière rouquine qu’il ait côtoyée.
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Worst comes to worst [Willie]

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